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"Faut-il qu'il y ait un mort ?": la dashcam de Cédric filme un chauffard, la police n'en fait rien...

Cédric a bien cru qu'il n'allait pas s'en sortir indemne. Alors qu'il circule sur les routes de Jumet, un autre automobiliste le double, le bloque, et se rabat devant lui. Grâce à la dashcam présente dans son véhicule Cédric a pu tout enregistrer. Peut-il aller voir la police avec ces images pour porter plainte ?

Des incivilités sur les routes, il y en a malheureusement tous les jours. Cependant, la plupart d'entre elles restent impunies ou inconnues. Seulement, grâce à des "dashcams", des petites caméras présentent sur certains véhicules et qui filment ce qui se passe autour, pratique tout à fait légale en Belgique, certains délits peuvent être enregistrés. Généralement, ces appareils marchent à l'aide de détecteurs, qui vont enregistrer 10 secondes avant une vibration et 10 secondes après.

C'est notamment le cas de Cédric, un automobiliste en colère, qui a souhaité appuyer sur le bouton orange Alertez-nous pour nous raconter son histoire.

"Alors que je double un véhicule, celui-ci se met à accélérer brusquement", explique-t-il. "Il me colle et me fait subir ses pleins phares pour je ne sais quelle raison. J'arrive alors à un rétrécissement des deux bandes, et la voiture se met à me doubler à vive allure, en passant sur les bandes blanches, se rabat sur moi et freine de manière à provoquer un accident. J'ai dû freiner en urgence, j'étais à deux doigts de monter sur la bordure !"

Les images sont parlantes, Cédric a, en effet, été victime d'une vilaine queue de poisson d'un automobiliste un peu trop pressé. À la suite de cette mésaventure, il décide de se rendre dans un commissariat pour déposer une plainte. Mais là, surprise, la police ne souhaite pas prendre en charge Cédric et sa vidéo.

"Il faut attendre qu'il y ait un mort ?"

Il le raconte : "On me dit qu'ils ne peuvent rien faire, car cela doit être constaté par un agent sur les lieux : une situation complètement improbable !", s'insurge-t-il. "Ils me disent également que s'il y avait eu un accident, là, ils auraient pu agir. Cela veut dire que ce genre d'individu peut continuer à faire ce genre de manœuvres sans être inquiété ? Il faudra attendre qu'il y ait des blessés ou des morts probablement !"

Cédric conclut alors : "Il serait grand temps de mettre plus de choses en place, à commencer par accepter de tels faits enregistrés et prouvés en vidéo afin de ne pas laisser n'importe qui jouer avec la vie des gens". Alors, ces vidéos dashcams sont-elles réellement inutiles s'il n'y a pas d'accident ?

La police doit normalement pouvoir recevoir la plainte

Pour répondre à cette question, nous sommes allés interroger l'Institut VIAS sur la question. "Ces caméras sont assez populaires depuis quelques années chez nous", note Shirley Delannoy. "Pour se protéger et montrer des images, elles sont très utiles, du moment qu'on ne diffuse pas sur Internet la plaque ou le visage de la personne au volant".

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"Pour se protéger", donc ? "Dans certains cas, si on est impliqué dans un accident ou une infraction, le juge peut prendre ces vidéos comme matériel à l'enquête", note-t-elle, surprise du témoignage de Cédric.

"Normalement, la police doit pouvoir recevoir la plainte d'une personne victime d'une incivilité sur la route, et c'est ensuite me juge qui va déterminer s'il souhaite les utiliser ou pas pour rendre un verdict".

Une valeur juridique ?

Bruno Gysels, avocat spécialiste dans les questions de circulation routière, est du même avis que l'Institut VIAS et fait part de son étonnement concernant la réaction de la police. 

Il y a des règles au niveau de la protection des données

"Je ne comprends pas pourquoi la police refuserait un dépôt de plainte", explique-t-il. "La dashcam ne rend pas la plainte inopérante et elle peut être une véritable preuve juridique. Je suis persuadé que si l'on montre ça à un juge, il va prendre en compte ce qu'il a vu pour émettre son jugement".

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Pour le juriste, il faut néanmoins toujours laisser la possibilité à la personne mise en cause de se défendre. "Il y a des règles au niveau de la protection des données. Il faut également vérifier que les images n'ont pas été truquées, par exemple. Il n'empêche que ces vidéos ont un certain intérêt juridique : sans la vidéo, il y aurait probablement eu deux versions, et cela aurait été plus difficile de rendre un jugement".

"Ne pas être un justicier des routes"

Si des personnes se laissent tenter par l'utilisation d'une dashcam sur leur voiture, l'Institut VIAS tient à tempérer les ardeurs sur un point précis. Comme l'expliquait déjà Benoit Godart, porte-parole de VIAS en 2016, il ne faut pas utiliser ces caméras comme un justicier. "On ne peut pas dénoncer de manière ciblée les personnes", précise Shirley Delannoy. "On peut montrer des images sur les réseaux si la personne ou la plaque est floutée".

L'institut ne manque pas de souligner l'utilité de ces caméras, mais précise : "Dans le cas où l'on serait victime, effectivement, c'est intéressant. Cependant, il est nécessaire de ne pas se prendre pour un justicier de la route et de rapporter toutes les potentielles infractions que l'on pourrait croiser sur les routes".

Une vraie mode, les dashcams ?

Du côté des vendeurs, on ne remarque pas spécialement une flambée des ventes pour ce type d'appareil, qui peut varier entre 30 et 200 euros en fonction du design, de la qualité et de la discrétion de l'appareil. 

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"Ce n'est pas le produit que l'on vend le plus", nous confirme-t-on chez Auto 5. "Il y a de la demande, mais cela ne reste pas énorme".

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Commentaires

3 commentaires

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  • Ne pas dénoncer, surtout si ce sont de grosses cylindrées; c'est peut-être un VIP

    Armand Guyaux
     Répondre
  • Surtout bien prévenir la partie adverse que vous avez filmé l'infraction et lui laisser le temps de vous tabasser et de subtiliser l'objet du délit !!!

    Michel Neuberg
     Répondre
  • De toutes façons dans ce pays, les lois sont faites pour protéger les crapules et pas les victimes, et après on pleure quand quand les gens se font justice eux-mêmes.

    Mick Mick
     Répondre