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François, un kiné de 28 ans, veut que son métier soit mieux rémunéré: "On devrait avoir 40 euros bruts par séance"

François, un kiné bruxellois, souhaite être mieux rémunéré. La nouvelle convention imposée par l'Inami, qui fixe le tarif et le remboursement du patient, ne lui plaît pas. Avec cette convention, sa profession n'est selon lui pas suffisamment reconnue. Des kinés vont-ils opter pour le déconventionnement et appliquer leurs propres tarifs ? L'association de défense professionnelle de la kinésithérapie (Axxon) fait le point sur la situation.

Depuis 2 ans, François est kinésithérapeute en région bruxelloise. Pour ses séances, il demande un tarif imposé par l'Inami, l'Assurance soins de santé et indemnités.

"Je suis un kiné conventionné. Depuis le 1er février, une séance coûte 30 euros. Le patient donne 5 euros de sa poche, le reste est assumé par la mutuelle", précise-t-il.

Selon le kiné, les séances devraient être facturées 40 euros la demi-heure. "Actuellement, c’est 30 euros bruts. Les dernières études réalisées par le syndicat des kinés de Belgique, Axxon, montrent qu’on devrait gagner 40 euros bruts par séance pour pouvoir subvenir à nos frais de location, de charges, de matériel ou de formation pendant toute l’année", souligne-t-il. 

Pour ce kiné, la nouvelle convention n'est pas adaptée au coût de la vie. "Pour un jeune qui se lance, cela devient difficile financièrement, car les honoraires ne suivent pas l’inflation et les augmentations des autres professionnels de la santé. Les logopèdes gagnent par exemple 36 euros pour 30 minutes. Nous, on gagne 30 euros... C’est difficile avec le statut d’indépendant, car même avant d’avoir pu travailler, vous devez payer pour avancer vos cotisations trimestrielles, vos loyers. Cela devient décourageant pour certains kinés." 

>En savoir plus sur la nouvelle convention

Pour mieux gagner sa vie, François pourrait envisager de se déconventionner et facturer les honoraires qu’il souhaite. Le problème pour lui, est que ses patients seraient moins bien remboursés. "Le déconventionnement, c’est la solution dont parlent le plus en plus les kinés en Belgique, pour avoir un moyen de pression sur l’Inami, et revaloriser les honoraires correctement. Le problème est que si on le fait, cela va abaisser le taux de remboursement de nos patients, et on peut les mettre dans une situation de précarité ou réduire l’accès aux soins."

Sa profession souffre selon lui clairement d'un manque de reconnaissance de la part des autorités.

"C’est difficile de garder le moral. Ce qui nous fait continuer, c’est souvent la reconnaissance des patients, pouvoir les soigner, voir qu’ils vont mieux. Mais cela reste très difficile, de rester motiver, de donner des soins de qualité, quand on a de grandes journées. On est obligé de faire du nombre pour essayer de bien gagner sa vie. Certains collègues à moi, des confrères et des consœurs, sont totalement démoralisés. On tient le coup, car on est résilients et qu’on aime notre métier. Mais on n’est pas assez reconnus et on commence vraiment à en souffrir."

Et de conclure: "Ma crainte est que le métier soit abandonné par les pouvoirs politiques et par l’Inami car il ne serait pas revalorisé comme il le mériterait. Et qu’on soit contraint, pour pouvoir faire pression sur l’Inami, et avoir une meilleure rémunération, de tous se déconventionner et que nos patients soient moins remboursés. La reconnaissance est dans les honoraires, elle est salariale."

Actuellement, environ 27.000 kinés sont conventionnés en Belgique auprès de l’Inami (lors de la dernière convention, 33% des kinés étaient déconventionnés).

Fabienne Van Dooren, directrice générale d’Axxon, l’unique association représentative des kinés en Belgique, affirme également que le métier de kinésithérapeute n'est pas reconnu "à sa juste valeur". 

"On ne connaît pas toujours bien ce que fait le kiné. Financièrement, nos honoraires sont à la traîne, même si, de part la dernière convention conclue fin d’année dernière, on a obtenu un montant de 40 millions en plus. C’est un pas vers la revalorisation. Cela nous permet de mettre la majorité de nos prestations à 30 euros (contre 25 euros auparavant). C’est un pas en avant, mais pour vraiment revaloriser nos honoraires à hauteur d’une étude que nous avons réalisé l’an dernier, un honoraire équitable se situe à 40 euros par prestation. Ces 10 euros d’écart, c’est énorme. On continue à négocier", souligne-t-elle.

Fabienne Van Dooren estime toutefois que le chemin vers une revalorisation du métier a été entamé. 

"Je pense qu'on se dirige vers une revalorisation au fur et à mesure. Ce qu’on aimerait bien, c’est qu’il y ait 40 millions minimum chaque année pour revaloriser notre secteur à sa juste valeur. Pour les jeunes qui se lancent, la situation n’est pas toujours évidente. Mais je pense qu’il faut parfois remettre les choses dans un contexte raisonnable. Je peux comprendre que certains collègues choisissent de se déconventionner. Je pense que notre profession n’est pas reconnue à sa juste valeur et est méconnue au sein des autorités. Je pense que les choses ont bien évolué, et on a des contacts positifs avec les autorités. Il faut travailler fort pour avoir de la reconnaissance. On a quand même obtenu quelque chose. Les négociations sont ouvertes, on dit franchement ce qu’on veut. Un mouvement de masse (vers le déconventionnement) risquerait de mettre en péril les ouvertures obtenues."

Avec cette nouvelle convention, y aura-t-il davantage de kinés déconventionnés ?

"C’est la crainte du gouvernement. Ce problème de déconvention est un problème personnel. Chaque kiné doit voir en fonction de sa situation personnelle, de sa situation financière, et de ses patients. Il y a des kinés qui travaillent dans des régions défavorisées financièrement. Ces gens-là ne peuvent pas se déconventionner, car leurs patients seraient remboursés 25% en moins", rappelle Fabienne Van Dooren. 

Le cabinet du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) estime de son côté que des "efforts budgétaires importants" viennent d'être réalisés (avec cette nouvelle convention) pour revaloriser la profession.

"Des soins accessibles et financièrement abordables sont une priorité absolue. Nous devons protéger les patients et garantir qu'ils ne reportent pas leurs soins pour des raisons financières. Les kinésithérapeutes qui sont conventionnés contribuent à cette accessibilité, car ils suivent les tarifs des conventions, convenus au préalable", indique le cabinet du ministre. "Lors de cette législature, des efforts budgétaires importants ont été faits pour soutenir les kinésithérapeutes et revaloriser leurs prestations, sans que le montant payé par le patient ne change. Le budget consacré au remboursement des kinésithérapeutes est passé de 847 millions en 2019 à 1,26 milliards en 2024. C’est une augmentation de 411 millions d’euros, soit +49% (index compris), en une législature."

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Commentaires

4 commentaires

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  • Changez de kiné ;) 15min n est pas acceptable.

  • De la façon dont vous le calculez, ça a l'air bien MAIS n'oubliez pas de compter les charges aussi!!

    Chantal Hourdeau
  • contre 36 chez un logopède (mdr comme on dit maintenant)

  • 40€ brut par séance.....Les séances chez mon Kiné durent 15à 20 min donc ce serait 100€ brut par heure . jour de 8 heures donc 800€ brut par jour x21 jours /mois soit 16800€ brut par mois. quand même pas trop mal 4X plus quand on compare à un employé qui gagne lui 4000€ brut/mois.

    HRI HRILPE
     Répondre