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"J’ai été surpris": Didier, gérant d’une friterie familiale, dénonce la nouvelle taxe de 65 euros imposée par la Wallonie

Didier, gérant d’une friterie familiale, critique la nouvelle taxe wallonne qui grève les fritkots. La Semaine de la Frite, événement de promotion du secteur en partie financée par cette taxe, se déroule justement cette semaine en Wallonie. 

Didier est à la tête d’une friterie familiale à Baudour, dans la région de Saint-Ghislain, depuis 13 ans. Une affaire familiale parce qu’il travaille avec son épouse, sa fille et son beau-fils. S’il se dit habitué à s’acquitter de différentes taxes en tant que commerçant, l’homme de 59 ans confie avoir été étonné de découvrir, via un courrier, l’existence de cette nouvelle ponction : "La Région wallonne avait dit : plus de nouvelle taxe. Elle est à contrecourant de ce qu’elle a annoncé"

Ce qui le surprend également, c’est la raison invoquée pour justifier cette taxe, à savoir la promotion de la pomme de terre, notamment via la Semaine de la frite. Il estime que "cette promotion ne sert à rien chez les Belges. Aller dans une friterie, c’est une habitude. C’est pour ça qu’on est débordé les vendredis soir. Ce n’est pas parce que c’est la Semaine de la frite que vous allez manger plus de frites. Cela n’amène pas plus de chiffres"

Ce n'est pas grand-chose, mais c'est l'accumulation

Il juge aussi que "payer pour une promotion des frites, tout en payant via un autre prélèvement contre les dangers de la consommation de produits gras est aberrant ». Didier considère donc que c’est "une taxe pour taxer et trouver de l’argent, récupérer quelques euros pour combler un trou dans les budgets".

Cette taxe s’élève à 65 euros par an. "Ce n’est pas grand-chose sur le chiffre d’affaires", convient-il. "Mais, c’est l’accumulation. Après le covid, on a perdu beaucoup. Et puis, il y a eu la guerre en Ukraine et l’augmentation des matières premières, de l’énergie et des salaires des employés". Il poursuit : "On n’a pas récupéré les chiffres d’avant-covid, avec 20 % d’augmentation des prix en plus, ça devient de la folie. En mai, on a eu une régularisation de 6.000 euros de notre fournisseur d’électricité. Et maintenant, il nous propose 2.000 euros par mois de provision, soit 24.000 euros par an".

Didier déplore "beaucoup de faillites parmi les friteries, car on ne peut pas trop augmenter les prix. Ce n’est plus possible". Il y a le risque que "les gens viennent moins souvent". Déjà "qu’ils ne viennent pas en fin de mois, car ils ne peuvent plus se le permettre".

L'Union des frituristes était demandeuse de cette cotisation

Mais, il a conscience que sa situation pourrait être pire : "Nous, on travaille en famille, donc on se tient. Avec des employés, c’est intenable".

De son côté, l’Apaq W, l’Agence wallonne pour la Promotion d’une agriculture de qualité, confirme qu’elle organise depuis plusieurs années, un événement annuel dédié à la promotion et à la visibilité des frituristes, ainsi qu'à la culture "fritkot". Et elle défend cette promotion voulue, dit-elle, par l’Union nationale des frituristes (UNAFRI-NAVEFRI), et dont celle-ci est partenaire.

L’agence explique que l’Union qui représente les frituristes "était même demandeuse de cette cotisation pour augmenter les moyens de la promotion et organiser d’autres actions et campagnes de communication". "Un souhait d’autant plus compréhensible que l’homologue flamand de l’Apaq-W (le VLAM) applique un tel régime pour les friteries situées sur le territoire flamand", ajoute l’agence wallonne. Les deux régimes de cotisations ainsi que les montants ont été alignés. 

Elle parle donc d’actions de promotions qui répondent à "l’inquiétude de certaines friteries, qui sont dans l’incapacité de rester rentables face à la concurrence d’autres acteurs de restauration rapide".  Et le but de cette communication, cofinancée avec des moyens publics et privés, est de "renforcer la visibilité et l’attractivité des friteries auprès des consommateurs, en insistant sur la qualité, le savoir-faire et la tradition". La 11ème édition de la Semaine de la Frite se tient d’ailleurs du 6 au 12 novembre. La Wallonie accueille plus d'un tiers des quelque 5.000 friteries à travers la Belgique.  

Quant à Didier, même s’il trouve cette taxe "injuste", il l’a payée. Car, "on n’a pas le choix", dit-il. 

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Commentaires

2 commentaires

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  • Vu le prix des frituristes , c'est certain que j'y vais beaucoup moins souvent .

    pierre thiry
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  • Merci Di Rupo et au bourgmestre de Charleroi de ce cadeau dans une région déclarée saine et en bonne santé financière . C'est petit a petit que l'oiseau fait son nid .

    Philibert Bernard
     Répondre