Nous sommes le 23 avril, quand Miryam, une fléronnaise de 58 ans, participe à une marche organisée par l’ADEPS, le service chargé de promouvoir le sport et l'éducation physique en Communauté française : "J’ai l’habitude de participer à ces marches parce que ça me permet de m’évader dans la nature. Ce sont toujours des moments réjouissants." Une parenthèse, qu’elle a décidé de partager avec son compagnon mais également un invité spécial : "On prend aussi avec nous notre chien Volt, un berger australien. On l’emmène partout, c’est un peu comme notre enfant."

Miryam et son compagnon ne s'en doutent pas encore, mais ce moment sera loin d’être un beau souvenir. Après quelques minutes de marche, le couple est surpris de voir leur chien tirer brusquement sur la laisse : "C’est un chien plutôt sage et obéissant. Je me suis dis que s’il agissait de la sorte c’était pour une bonne raison. Donc je l’ai laissé nous guider." Après quelques mètres, son chien s’arrête finalement devant un creux, à l’entrée d’un hameau : "C’est là qu’on s’est retrouvé devant deux gros animaux morts. J’étais horrifiée. C’est étrange de voir ce genre de choses. En y regardant de plus près je me suis dit que ça ressemblait surtout à des chats. Je suis très touchée par tout ce qui concerne les animaux. D’en voir un seul mort, c’est déjà choquant. Mais d’en voir deux ! Et en plus allongés l’un à côté de l’autre… C’est vraiment interpellant." 

À mesure que Miryam observe la scène, c’est maintenant le doute qui gagne de la place dans sa tête : "Je me suis directement questionnée sur ce qui a pu provoquer la mort de ces deux animaux simultanément. Leur pelage était dans un bon état, donc je ne pense pas qu’ils aient été percutés. C’est assez cru à dire, mais il n’y avait pas vraiment d’insectes autour. Ce qui me laisse penser que leur mort était plutôt récente." Le nœud du problème, reste avant tout de savoir quel est la race de ces deux animaux : "Quand je raconte ce que j’ai vu, je parle automatiquement de gros chats. Mais à y repenser, je trouve qu’ils étaient beaucoup trop gros pour être des chats. C’est assez invraisemblable à dire, mais je pense que c’étaient des lynx."

Des lynx en Belgique: mythe ou réalité? 

La dernière fois qu’un lynx avait été aperçu en Belgique, c’était en automne 2020 dans la vallée de la Semois, une immense zone de nature sauvage en Ardenne belge. Une première, depuis 300 ans. C’est dire à quel point cette espèce est rare en Belgique. Le lynx est d’ailleurs souvent appelé le fantôme des bois. Pour clarifier ses doutes, Miryam prend alors directement contact avec le service environnement de la commune de Stoumont : "Dans tous les cas, c’était important pour moi de le signaler. Si ce sont des lynx, c’est capital de le savoir pour pouvoir permettre leur développement. C’est une espèce protégée quand même ! Et c’est aussi fondamental de mettre la lumière sur cette mort. Comprendre si c’est naturel ou pas. Et si c’était un empoisonnement ?"

Petit lynx ou gros chats? 

Pour pouvoir différencier un chat, d'un lynx, il faut s'attarder sur trois caractéristiques: le pelage, les oreilles et la taille. S'il s'agit d'un lynx, il sera plus gros, ses oreilles seront particulièrement pointues et le pelage tacheté. Pourtant, il existe des chats qui peuvent se rapprocher de ses mensurations et ainsi prêter à confusion. Le maine coon, avec son allure imposante mesure en moyenne près d’un mètre, pour 4 à 9 kilos. Le savannah, est quant à lui, un peu plus petit avec une taille moyenne de 45 centimètres, mais tout de même 10 kilos. C'est surtout son pelage tacheté, qui s’apparente le plus à l’apparence du lynx. Enfin, le Highlander, appelé le mini-lynx, possède les mêmes caractéristiques. La principale différence se situe surtout au niveau du poids puisque le highlander mesure 30 à 40 centimètres. Au niveau de la taille, ce serait donc le Maine coon qui se rapprocherait le plus des dimensions du lynx. Mais cela reste à nuancer puisque le pelage est quant à lui bien différent.

Dans le cas de la photo de Miryam, cela reste difficile à authentifier. Mais cependant, elle n'en démord pas, ces animaux sont bien différents de ceux qu'elle a l'habitude de voir pendant ses escapades en forêt : « On croise généralement des carcasses de sangliers, ou encore des oiseaux morts. Mais je n’avais jamais vu ça ! » Même si notre pays ne possède pas de véritable population de lynx, il ne serait pas impossible que certains puissent venir d’autres pays, comme l’Allemagne par exemple. Il y a 5 ans, le pays a mis en place un programme de réintroduction du lynx. Au total, une vingtaine d’entre eux ont été relâchés pour pouvoir permettre l’évolution d’une population viable. C’est donc tout à fait possible que certains d’entre eux puissent venir en Belgique. Le lynx peut d’ailleurs parcourir plus de 200 kilomètres pour s’installer dans un nouveau territoire. Le massif dans lequel ils évoluent en Allemagne se situe à 150 kilomètres de la frontière belge. Le lynx mesure au minimum entre 80 et 130 centimètres.

Jusqu’ici, seul un seul lynx a été aperçu en Belgique. Pourtant, pour la promeneuse, c’est tout simplement impossible : « Ils étaient beaucoup trop gros pour être des chats. Leur pelage était aussi différent de tous les chats que j’avais déjà vu. » Pour l’instant Miryam n’a toujours pas de nouvelles quant à sa demande de renseignements. Elle confie tout de même être toujours choquée par la vision de ces deux animaux morts, et espère bientôt avoir des réponses à ses questions.