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Un box à vélo a été placé juste devant la maison de Mathilde à Bruxelles: "La commune dit qu'on peut se mettre en double file, c'est aberrant"

En rentrant chez elle, Mathilde découvre un box à vélos juste devant son immeuble à Bruxelles. La présence du parking sécurisé ne permet plus aux habitants de pouvoir placer un lift, entre autres désagréments. 

À Bruxelles, les cyclistes sont de plus en plus nombreux à sillonner les rues de la capitale. En 2022, à l’heure de pointe matinale, leur nombre a bondi de 43,7% par rapport à l’année précédente. Ce sont surtout les vélos à assistance électrique qui continuent de gagner du terrain. 

Mais l’envie d’enfourcher un vélo pour se déplacer est freinée par la crainte des vols et le manque de stationnement sécurisé. Beaucoup de ménages ne disposent pas de place pour un vélo à domicile. C’est la raison pour laquelle des boxes fleurissent dans les rues bruxelloises. Ils permettent de stationner son vélo en toute sécurité, à proximité de son habitation. Encore faut-il pouvoir obtenir une des cinq places disponibles. Mieux vaut être patient. Le délai d’attente actuel est long : environ deux ans. 

Environ 10.000 demandes en attente à Bruxelles 

"Les demandes pour avoir un parking sécurisé augmentent. Actuellement, il y a environ 10.000 demandes en attente. Un peu partout à Bruxelles", indique Pierre Vassart, porte-parole de parking brussels. 

Pour tenter de répondre à ces demandes croissantes, le nombre de boxes pour vélos est également en hausse. En 2021, il y avait 4.445 places de vélos sécurisées et, en 2022, on est monté à 5.981.

Mathilde, une habitante de Schaerbeek, approuve cette initiative pour favoriser la mobilité douce. Mais elle déplore le manque de communication avec la population concernant le choix de l’emplacement de ces fameuses boxes. "Après deux jours d’absence, je reviens chez moi et je découvre un nouveau parking vélos installé devant notre immeuble. C’est une bonne chose, mais je ne comprends pas l’emplacement choisi, sans que personne ne soit au courant", dénonce cette Bruxelloise via notre bouton orange Alertez-nous.

"Nous ne voulons pas retirer l’arbre, ce serait une hérésie"  

Le problème soulevé par Mathilde n’est pas esthétique mais bien pratique. La boxe vélos se situe juste devant son immeuble. "Nous avons deux fenêtres par appartement. Il y a un arbre devant celle de droite et maintenant, devant celle de gauche, il y a ce parking à vélos. Nous ne voulons pas retirer l’arbre, ce serait une hérésie", estime la Bruxelloise qui habite à proximité du parc Josaphat. "La boxe bloque donc complètement la possibilité pour notre immeuble de faire venir un lift pour un déménagement, la livraison de meubles ou autres", déplore-t-elle. 

Mécontente, Mathilde décide donc de contacter la commune pour dénoncer cette situation. "Au début, tout le monde s’est renvoyé la balle. On m’a dit que c’était parking brussels qui était responsable, mais ils m’ont renvoyé vers la commune. J’ai fini par obtenir un contact par email. On m’a vraiment trimballé à gauche et à droite", déplore-t-elle.  

Dans ce message, la commune donne une explication. "Visiblement, l’endroit est choisi en fonction de la localisation des personnes qui demandent une place. Il y a donc une logique derrière ce choix", relaie Mathilde. "Mais si on l’avait placé à 15 mètres de là, cela aurait été aussi possible et cela n’aurait ennuyé personne", estime la jeune femme.

Parking.brussels s'occupe du recensement des demandes

Alors qui prend cette décision ? Tout d’abord, il faut savoir que la gestion de ces boxes à vélo est partagée. L’agence régionale bruxelloise du stationnement, parking brussels, s’occupe du recensement des demandes via le site de CycloParking. Les cyclistes doivent utiliser cette plateforme en ligne pour demander une place dans une boxe ou pour pouvoir garer leur vélo temporairement dans un des grands parkings sécurisés de la capitale.  

"Nous établissons une cartographie des demandes et quand on aperçoit une forte demande dans une zone géographique, on demande une réunion avec la commune concernée pour lui transmettre cette info", explique Pierre Vassart, porte-parole de parking brussels. 

Selon lui, une "forte demande" ne correspond pas à un chiffre précis. "Il n’y a pas de norme, mais, dans certains quartiers, sur un périmètre de 100 mètres carré, il y a plusieurs dizaines de demandes en attente", indique le porte-parole qui confirme un délai d’attente de deux ans. "Sauf si miracle et 70 places qui se libèrent d’un coup, mais c’est très ponctuel". C’est la date d’inscription qui détermine l’ordre d’arrivée. "On essaie alors de trouver une place à une distance de 100 mètres", ajoute Pierre Vassart. 

Et qui finance ces boxes ? 

Parking brussels gère également une centrale d’achats pour les boxes qui permet de faciliter leur installation. L’agence paie pour une partie des boxes vélos. "On budgétise deux boxes par commune par an à notre charge", indique le porte-parole. La Région bruxelloise octroie également des subsides aux communes demandeuses. L’année dernière, près de 434.000 euros ont été distribués. Certaines communes décident aussi d’installer des boxes sur leur propre budget. "Certaines sont plus volontaires que d’autres. Le budget alloué varie donc d’une commune à l’autre. À Uccle par exemple, on a vu fleurir des boxes un peu partout. Ce sont donc des choix politiques", souligne Pierre Vassart. 

Le financement de ces parkings sécurisés provient donc de portefeuilles différents. Par contre, le choix de l’emplacement précis est décidé par un seul acteur. La commune. C’est elle qui prend la décision, sur base des demandes des riverains transmises par parking brussels.  

"En ce qui nous concerne, on privilégie les emplacements des boxes sur les stationnements de voitures et pas sur les trottoirs, car cela entrave la circulation des piétons et peut gêner la vue. Mais ce n’est pas nous qui choisissons", explique Camille Thiry, porte-parole de Bruxelles Mobilité.  

"On tend donc à privilégier un emplacement au bout de la rue"

Le service mobilité de la commune de Schaerbeek dévoile ce qui guide leurs choix : "On se base sur les endroits où la demande est la plus importante et on vise à mailler le territoire de toute la commune". Concrètement, des employés communaux se rendent sur place et cherchent un lieu où l’installation d’une boxe "limite la gêne sur l’espace public". "A un coin de rue, une boxe remplace une place de voiture alors qu’en plein milieu de la rue, cela prend la place de trois voitures, car il faut toujours prévoir de l’espace à côté de la boxe pour que les cyclistes puissent sortir leur vélo en toute sécurité. De manière générale, on tend donc à privilégier un emplacement au bout de la rue ou avant un arbre", explique le service mobilité qui précise que tout emplacement est approuvé par le collège communal. 

Un riverain mécontent peut introduire une demande pour déplacer une place, mais il faut une raison objective. "Si on nous dit que ce n’est pas beau, cela ne passera pas. Mais si cela entrave l’accès à un garage par exemple, c’est pris en considération". 

L’ambition du service mobilité à Schaerbeek est d’installer minimum 20 boxes par an pour créer 100 nouvelles places.    

En cas de livraison ou de déménagement, ils me répondent qu’on peut se mettre en double file

En tout cas, Mathilde a été surprise de la solution proposée par la commune si un habitant de son immeuble déménage par exemple. "En cas de livraison ou de déménagement, ils me répondent qu’on peut se mettre en double file. C’est aberrant", estime la Bruxelloise.

Le service mobilité de la commune confirme cette information assez étonnante. "C’est la même situation quand il y a une station Vilo. Il est alors possible d’obtenir une autorisation pour installer le lift en double file ou sur le trottoir. On peut trouver des solutions", assure la commune. 

La boxe ne peut pas être la seule solution

A l’avenir, le nombre de boxes devrait encore augmenter pour répondre à la demande croissante des cyclistes. D’après parking.brussels, la boxe seule n’est pas la solution. "On ne peut pas les multiplier à l’infini. On cherche donc des alternatives à plus grande échelle. En plus, le nombre de vélos cargo est en hausse dans la capitale et les boxes ne sont pas adaptées. Elles sont trop petites. On a donc déjà mis en place plusieurs parkings adaptés", assure Pierre Vassart. 

L’agence cherche donc à trouver d’autres solutions et essaie de développer des endroits où il est possible de mettre facilement plus de vélos. "On a par exemple mis en place l’opération "Passe ton garage à ton voisin". On propose à un propriétaire privé qui a un local aménageable en parking vélos de lui louer au prix du marché. De cette façon, on peut proposer 20-30 places d’un coup", explique le porte-parole. L’été dernier, un tel parking a ouvert près du parvis de Saint-Gilles. Et récemment, la commune de Forest a inauguré un parking sécurisé d’une vingtaine de places dans des locaux communaux. "Pour le moment, il y a 25 locaux avec minimum 20 vélos et max 50 vélos", précise Pierre Vassart.

Un partenariat avec un gestionnaire privé de parkings 

L’agence a aussi développé un partenariat avec un gestionnaire de parkings. "Bepark gère 200 parkings à Bruxelles. Il nous cède une ou deux places voitures. Ce qui permet de créer un parking sécurisé pour 20 vélos", indique le porte-parole. 

De son côté, Bruxelles Mobilité révèle vouloir lancer un nouveau projet : des arceaux vélos sécurisés. L’idée est de pouvoir les actionner par carte ou par smartphone. "Ils viennent enserrer le cadre du vélo avec un niveau de sécurité supérieur à celui d’un simple cadenas individuel", assure Camille Thiry. 

Si les solutions se multiplient, de nombreux Bruxellois attendent toujours de pouvoir garer leur vélo en toute sécurité. 

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Commentaires

10 commentaires

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  • Facile votre réponse quand vous n'êtes pas concerné, si vous proposiez un emplacement devant votre maison ?

  • ... " Je ne suis pas cycliste et je conçois que l'espace doit être partagé "... D'accord , mais alors on partage les taxes de circulation et de stationnement aussi ... Parce que a l'heure actuelle , ce sont les automobilistes qui aient TOUT pour des cyclistes qui ne paient RIEN !

    marc cusenbol
  • Non Mathilde, le trottoir devant votre porte ne vous appartient pas et donc nul besoin de vous consulter, non Mathilde votre argument du lift ne tient pas, entre une personne qui potentiellement pourrait démanger un jour et celui de cyclistes qui ont besoin au quotidien de ce parking. Je ne suis pas cycliste et je conçois que l'espace doit être partagé.

    jonathan desmet
     Répondre
  • Déjà peu de places pour se garer? Et pourquoi faudrait-il donner la priorité aux parking de voiture alors que pour la même place, on peut garer au moins 5 vélos? Votre commentaire montre juste l'égocentrisme et l'égoïsme de certains qui ne voient que leur petite vie et leur petit intérêt... -- Quant à Mathilde, les lifts sont capables de se mettre 2m plus en retrait... C'est un argument débile.

    Thierry Frayer
  • Et qui paye une boxe? Quand je lis que la commune reçoit un subsisde de 430 000 € pour installer une centaines de boxe sa fait chère l'unité pour un seul velo, donc qui dit subsides dit le contribuable qui paye donc avant d'acheter un vélo voyez si vous avez la place chez vous pour ranger votre velo, et la plaignante me fait rire car elle n'est pas contre une boxe mais pas devant chez elle.

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