Le rapport du Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) qui recommande de ne pas systématiquement extraire les dents de sagesse, est "un très mauvais signal donné à la population" et pourrait avoir "des conséquences négatives pour la santé des patients", juge le président de la Société de médecine dentaire, Michel Devriese.
Dans un rapport publié vendredi, le KCE, après avoir examiné la question "selon une approche scientifique", recommande ne pas pratiquer préventivement et systématiquement l'extraction de dents de sagesse saines. Le KCE précise ne pas remettre en cause les extractions curatives en cas de pathologie. "Il n'a jamais été question, chez les dentistes ou les stomatologues, d'enlever systématiquement, chez tous les patients, toutes les dents de sagesse, a rétorqué le président de la Société de médecine dentaire, Michel Devriese. L'extraction préventive, cela n'existe pas. C'est une pure invention. Si on prend la décision d'intervenir, c'est que la dent de sagesse est pathologique ou à J-1 de le devenir".
"Il y a 30 ans, les gens en mouraient"
Une dent de sagesse peut être extraite préventivement parce qu'elle est couchée, coincée ou parce qu'il manque de la place pour son éruption dans des conditions correctes. Selon le KCE, peu d'études se sont penchées sur cette thématique et les publications sont de faible qualité. De son côté, le président de la Société de médecine dentaire estime que si ces cas ne sont pas traités préventivement, cela crée des risques de douleurs et d'infections plus importants. "Le KCE a oublié qu'il y a 30 ans d'ici, on enlevait des dents de sagesse plus tardivement et qu'un grand nombre de problèmes survenaient. Nous avions des personnes qui décédaient à la suite d'une infection des dents de sagesse. C'est quelque chose que nous n'avons plus aujourd'hui".
"L'attitude du KCE est schizophrénique"
Le praticien estime par ailleurs qu'une surveillance continue des dents de sagesse plutôt qu'une extraction préventive, comme le suggère le KCE, ne constitue pas une bonne pratique. "Le KCE oublie de dire que pour surveiller une dent qui n'est pas encore sortie, il faut prendre des clichés radios. Or, il faut être parcimonieux dans le suivi radiologique des patients. L'attitude du KCE est schizophrénique".
Un "mauvais message à la population"
"Le KCE donne un très mauvais message à la population. C'est un message qui est contre-productif et qui peut retarder la surveillance des patients et la prévention", conclut M. Devriese, tout en accusant le centre fédéral d'avoir une position "scientiste" et de faire de "la médecine en chambre". M. Devriese reconnaît toutefois, à l'instar du KCE, l'utilité de brochures d'information sur la problématique, destinées aux patients.
