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Manque d'informaticiens? Dans cette école bruxelloise, les enfants apprennent à programmer un robot dès la maternelle

A l'Institut de l'Angélus, à Woluwe-Saint-Lambert, on vit avec son époque. Les nouvelles technologies sont une réalité du quotidien et il n'y a pas de raison qu'on ne les utilise pas de toutes les manières possibles pour faire évoluer les moyens d'apprentissage. Trois élèves (qui n'ont pas l'impression de travailler) autour d'un ordinateur portable programment un logiciel, qui permet de configurer un petit robot. RTL info a assisté à l'une de ces leçons.

Nés dans les années 2000, voire 2010, les élèves de maternelles et de primaires sont complètement rompus à l'usage de l'ordinateur, de la tablette et parfois, du smartphone. Si ces appareils sont généralement synonymes de jeu vidéo ou de divertissement, ils peuvent aussi se rendre très utiles, même au plus jeune âge.

C'est ce qui a poussé l'Institut de l'Angélus, à Woluwe-Saint-Lambert, à se doter des derniers outils pédagogiques du genre, jusqu'à acquérir il y a peu… des robots qui se programment avec un ordinateur.

Suite à l'un de nos reportages sur la nécessité de préparer les enfants au codage informatique, Philippe Prieels, le directeur, nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous. "L'école que je dirige à Woluwe-Saint-Lambert a débuté cette année ces cours, et ce pour les élèves de 3e maternelle à 6e primaire. Ces leçons sont présentées sous un aspect ludique (codage destiné à la programmation d'un mini-robot) et sont donc même accessibles pour des enfants qui ne savent pas encore lire", nous avait-il écrit.

On s'est rendu sur place pour assister à une leçon et voir comment les élèves se comportent face à cette manière inédite d'apprendre.


Par petit groupe, les élèves programment le robot à l'aide d'un logiciel facile à appréhender

Environ 3.000 euros

Le projet d'investir dans un logiciel pédagogique de codage informatique et des robots remonte à l'an dernier, "avec le soutien de l'association de parents". Environ 3.000 euros ont été rassemblés par l'école, sur fonds propres, afin d'acquérir trois ordinateurs portables sous Windows 10, les licences du logiciel et les trois robots.

Ce n'est que depuis le mois de septembre 2017 que les élèves ont fait connaissance avec ce système, dont le fonctionnement reprend les bases du langage informatique et de la robotique. Via un logiciel où l'on imagine des commandes de type "SI… ALORS…", on donne des instructions à un petit robot sur roues.

Les élèves, par petit groupe, créent donc un genre de séquence, un mini programme informatique, qui va configurer le robot, de telle sorte qu'il réagira de telle ou telle manière face à tel ou tel évènement. Il est donc équipé de boutons et de capteurs, qui déclencheront des actions.

"Les élèves peuvent le faire avancer, reculer, tourner ou contourner des obstacles ;  de la musique, des lumières, etc", nous a précisé l'institutrice de 6e primaire gérant l'une des demi-classes qui avait la chance d'utiliser le système au moment de notre passage.


Ils utilisent des icônes dans un premier temps, mais à terme, les élèves écriront directement du code informatique

Adapté à tous les âges

Conçu par une société suisse, le robot Thymio et son logiciel Aseba est utilisé dans la plupart des classes de l'Institut de l'Angélus.

"Il est utilisé de la 3e maternelle à la 6e primaire, car le logiciel est très adaptatif, il y a trois niveaux de codage: des flèches (pour les maternelles) qui donneront de simples instructions de déplacement, et des petits modules de textes ou des icônes (pour les primaires)".

Le troisième niveau, "c'est l'étape supplémentaire - mais on n'y est pas encore car c'est notre première année - c'est le langage informatique à proprement parler", donc l'utilisation de termes anglais de type "if", "then", "esle", "var", etc…

A quoi cela sert-il ?

A travers tout ça, les élèves développent leur esprit logique, important pour l'étude des sciences en tout genre.

"Il y a des compétences qui sont acquises, bien sûr au niveau du codage informatique, mais également du raisonnement mathématique", explique le directeur.

L'idée, malgré tout, "n'est pas de susciter des vocations" au sein des élèves pour en faire des futurs développeurs de logiciels ou concepteurs de robots, des secteurs en pénurie constante. "Ils sont encore jeunes, ils veulent être policier ou pompier, ou faire le métier de leur parent". Le but est vraiment "d'avoir une manière différente de travailler le français, les mathématiques, le savoir lire, etc".

On est "dans le logico-mathématique", précise l'enseignante, "et en plus, sous forme de jeu, donc les élèves sont très motivés et à fond dans l'apprentissage".


Très studieux durant ce genre de cours, les élèves ne se rendent pas compte qu'ils apprennent...

Que disent les enfants ?

Lors de notre reportage, la classe de 6e primaire a été divisée en deux. La douzaine d'élèves restant a été repartie en trois groupes. "C'est important de faire des petits groupes, car ils doivent s'entendre pour utiliser l'ordinateur portable, puis pour manipuler le robot".

Les élèves étaient ravis de leur leçon, ils étaient tous concernés et très impliqués dans la construction des instructions via le logiciel, puis dans la constatation du comportement du robot.

Et qu'en pensent-ils ? "On passe moins de temps à travailler", nous a d'abord répondu une élève. "On s'amuse" même si "c'est un peu compliqué à utiliser".

Son camarade était plus pragmatique: "on peut apprendre des choses, un peu de programmation, c'est intéressant d'apprendre". Il explique le fonctionnement du robot: "Grâce à une clé USB qu'on peut brancher à un ordinateur, on peut le programmer. Par exemple, quand on appuie sur l'une de ses flèches, il avance". Pour lui, tout ça est "assez facile".

Des outils informatiques utiles depuis 5 ans

Avant d'en venir au robot programmable, la direction et l'équipe enseignante s'étaient déjà équipés de matériel informatique destiné aux classes. "Il y a 5 ans, on a installé des ordinateurs dans les classes de 5e et 6e primaires. Essentiellement pour la recherche et le traitement de texte", explique M. Prieels.

Ensuite, "on a acheté 15 tablettes, pour montrer aux enfants qu'elles pouvaient être bien plus que des consoles de jeu". Certaines classes ont utilisés "des applications ludiques, de découverte, de réflexion", avec un résultat très satisfaisant, car "elles sont nettement plus faciles et rapides à manipuler qu'un ordinateur".

Sans oublier les 'tableaux blancs interactifs' qui transforment à la demande le tableau traditionnel en véritable outil pédagogique 2.0 pour l'enseignant, et pour les 400 élèves de l'école. 

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