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Vénérende, qui a fui le Burundi à 22 ans, a peur pour sa famille: "Le président a des partisans qui terrorisent le pays"

Depuis que le président burundais a annoncé qu'il se présenterait à sa propre succession lors de l'élection présidentielle de juin, le Burundi s'embrase. Une vingtaine de personnes a déjà été tuée dans des affrontements entre opposants et loyalistes. En Belgique, la communauté burundaise a peur pour les siens.

La situation se dégrade de jour en jour au Burundi. Depuis que le président, Pierre Nkurunziza, a annoncé qu’il briguerait un troisième mandat lors des élections de juin, de nombreuses voix se sont levées pour s’y opposer. Des combats entre opposants et loyalistes ont lieu depuis plusieurs semaines et ont déjà fait une vingtaine de morts. Ce mercredi, un général de l’armée burundaise a annoncé que le président avait été destitué, mais quelques heures plus tard Pierre Nkurunziza a assuré qu’il n’en n’était rien et qu’il s’agissait d’un coup d’Etat qui avait échoué.


Vénérende a fui le Burundi en 1994

En Belgique, cette situation très tendue inquiète de nombreux Burundais d’origine qui ont trouvé refuge dans notre pays lors de la guerre du début des années 90. Vénérende, 43 ans, en fait partie. Elle a vécu au Burundi jusqu’à l’âge de 22 ans et a fui le pays en 1994 lorsque la guerre faisait rage et que sa vie était en danger. Après plusieurs années en Belgique, elle a obtenu la nationalité belge, a rencontré son futur mari, lui aussi réfugié burundais, et a fondé une famille. Elle travaille aujourd'hui comme assistante sociale et mène une vie paisible dans notre pays.


"Le président a mal géré le pays"

Mais depuis le 26 avril, Vénérende a peur pour sa famille restée au pays. "Tout s’était calmé, mais depuis que le président a annoncé qu’il voulait être réélu pour un troisième mandat, les combats ont repris", nous explique-t-elle. Ses parents et ses frères et sœurs vivent dans une province éloignée de la capitale Bujumbura où les combats font rage, ils ne sont donc pas en danger direct mais tout peut basculer d’un moment à l’autre. "Le président a mal géré le pays. Il n’a pas développé la sécurité, la pauvreté a augmenté. Donc plus personne ne veut de lui. Mais il a quand même des partisans. Certains font partie de gangs,les Imbonerakure, qui terrorisent la population. Ils volent les gens et s’il n’y a rien à voler, ils tuent", raconte encore Vénérende.


D'autres candidats oseront-ils se présenter?

Elle veut que les élections de son pays de naissance soient organisées correctement. Selon elle, si le président actuel se présente, il sera réélu car les autres candidats recevront des menaces et n’oseront pas se présenter. "C’est comme ça que ça s’est passé lors des deux dernières élections, je ne vois pas pourquoi ça changerait".

Vénérende a été contente d’apprendre ce mercredi après-midi que le président avait été destitué, mais il a très vite déclaré que la tentative de coup d’Etat avait échoué. La situation est donc floue sur place et les deux camps s’affrontent toujours, ce qui rend la situation très tendue et dangereuse.


La communauté internationale va-t-elle réagir?

La maman de trois enfants espère que la communauté internationale va réagir avant que la situation ne dégénère. "On sait que le président n’est pas soutenu pas la communauté internationale, mais on ne sait pas ce qu’elle va faire pour aider les Burundais, tout est encore très flou."

La situation au Burundi va évoluer dans les heures et les jours à venir. Vénérende espère qu’il lui sera bientôt possible de se rendre dans son pays d’origine pour voir sa famille et s’assurer qu’elle vont bien.

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