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Les syndicats de policiers en colère après la tuerie de Liège: des actions pourraient être menées

À côté de l'émotion immense suscitée par l'attaque survenue à Liège, il y a aussi la colère et l'incompréhension. Benjamin Herman a-t-il pu bénéficier d'un congé pénitentiaire alors qu'il n'avait visiblement pas respecté ses précédentes conditions de sortie, contrairement à ce qu'avait annoncé le ministre de la Justice. Aujourd'hui, les syndicats de police se disent inquiets et réclament des explications. Laxmi Lota et Pierre Haelterman les ont rencontrés pour le RTL info 13 heures.

L'assaillant était en congé pénitentiaire de deux jours au moment des faits. Il devait regagner sa cellule hier. Ce n'était pas la première fois qu'il bénéficiait d'une autorisation de sortie. Ce qui est étonnant avec un tel profil, estiment plusieurs syndicats de policiers.

"À au moins deux reprises, il n'a pas respecté les règles et est rentré très très en retard plusieurs jours, par rapport à ses congés pénitentiaires. On nous dit : 'c'est un petit délinquant'… Instable, violent, multirécidiviste, toxicomane… Un tel profil me parait quand même inquiétant et il mérite réflexion pour accorder un congé à cette personne et malheureusement, l'actualité nous prouve qu'on aurait dû réfléchir à deux fois", a déclaré Thierry Belin, secrétaire national  SNPS (syndicat national du personnel de police et de sécurité).  

Le ministre de la Justice a rappelé hier soir que ces permissions en fin de peine permettent au détenu de préparer sa réinsertion. Selon lui, il n'y avait pas eu de problème avec Benjamin Herman jusque-là.


Réviser les autorisations de congé pénitentiaires ? 

Mais des voix s'élèvent au sein de la police pour réclamer la révision de ces autorisations de sortie. "On a l'impression que la règle, c'est simplement un boulier compteur. On dit : 'Voilà, il arrive en fin de peine, il faudra le libérer, on va faire ça'. Mais il n'y a pas de réflexion : le système montre toutes ses failles, toutes ses défaillances", ajoute Thierry Belin.

Ce matin, le ministre de la Justice a toutefois déclaré qu'il se sentait responsable. "Cela mérite un examen de conscience de ma part", a-t-il dit.


"La violence contre la police augmente"

Le président national du SNPS, Carlo Medo, a également appelé mercredi, avant le début d'un comité de négociation de la police, à une consultation avec les ministres compétents de toute urgence.

"Nous remarquons depuis quelques années que la violence contre la police augmente et qu'elle est devenue le bouc émissaire de la société, explique  Carlo Medo. Nous voulons une consultation très rapide et une liste des mesures prises pour que le travail de la police soit sécurisé et attrayant. Nous essayons de rester sereins, mais la colère est énorme", indique-t-il encore.     

La fédération de police Sypol est favorable à une nouvelle commission d'enquête sur l'attaque de Liège. De son côté, le syndicat ne l'exige pas. "Nous ne sommes pas contre l'idée d'une commission d'enquête, mais à condition que cela aboutisse à des résultats. Il y a plusieurs rapports qui ont été rédigés, mais qui doivent aussi être mis en exécution", pointe M. Medo.    


"Nous en avons assez"

"S'il n'y a pas d'améliorations, des actions suivront sans aucun doute. Nous en avons assez", a encore indiqué le président du SNPS. Le syndicat estime que le respect envers la police a disparu et exige que des mesures soient prises.

"Je n'ai jamais reçu autant de messages de colère dans ma boîte mail qu'hier. Le message est simple: arrêtez les paroles en l'air. Nous exigeons que quelque chose soit enfin fait pour la police", indique M. Medo.     

Le syndicat estime que les gens ne respectent plus les forces de l'ordre. "Les agents de police ne se sentent plus en sécurité, pointe M. Medo. La police ne se sent pas protégée par son propre gouvernement."     

Il estime que les agents de police sont sur les genoux depuis les événements survenus à Charlie Hebdo : "Nous menons un débat depuis des mois pour déterminer si le métier d'agent de police est un métier lourd", conclut-il.       

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