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La plupart des clubs sportifs ne rembourseront pas les mois de confinement à leurs membres: "Certains font des gestes"

La Belgique s'apprête à retrouver un semblant de normalité. Nous sommes le 8 juin, la phase 3 du déconfinement se déclenche offrant comme un parfum de libertés retrouvées. Après 3 mois de confinement, les Belges vont pouvoir retrouver le chemin de leur club sportif. Pour certains, cette privation va pourtant perdurer, faute de moyens pour permettre une reprise dans le respect des conditions sanitaires.

"Mon fils est inscrit au club d'athlétisme de Charleroi mais les cours n'ont toujours pas repris pour les enfants (...) Pendant ce temps, l'abonnement annuel est payé et nous n'aurons aucun remboursement", nous écrit Katy via notre bouton orange Alertez-nous.

Quelles sont les obligations des clubs aujourd'hui? Doivent-il rembourser leurs membres ? Serge Mathonet, directeur de l’Association interfédérale du Sport francophone (AIFS) nous répond. "Dans le cadre de cotisations annuelles, un club sportif n'a pas l'obligation de rembourser ses affiliés. Certains font des gestes. Cela est propre à la situation de chaque club", nous explique le directeur. Il s'agit ici d'une situation propre aux cotisations annuelles. On ne parle pas de X leçons prises auprès d'un club. 

Impact financier sur les clubs: entre 48 et 70 millions d'euros

Donc concrètement, si vous avez inscrit votre enfant à un club de rugby en septembre dernier, qu'il a foulé le terrain sept mois sur dix, le club n'est pas dans l'obligation de vous rembourser pour tous les entraînements et matchs manqués. Certains clubs ont choisi d'attribuer une compensation de quelques euros tandis que d'autres proposent une réduction sur l'abonnement de l'année prochaine. Il s'agit d'initiatives personnelles mais la loi ne l'oblige pas. 

Pour les stages et événements sportifs, les modalités sont cependant différentes. Le club doit proposer un bon à valoir sous certaines conditions. Si ces dernières ne sont pas réunies, un remboursement doit être effectué au client.

Le monde du sport est fortement mis à mal par la crise du coronavirus. "Les clubs doivent continuer à payer des coûts fixes. Certains doivent payer des loyers, doivent entretenir des terrains. Pour les manèges, il faut nourrir et entretenir les chevaux. Tout cela met les clubs dans des situations difficiles", nous résume Serge Mathonet. 

L’Association interfédérale du Sport francophone a réalisé un sondage afin d'estimer l'impact financier de la crise sur les structures sportives en Fédération-Wallonie-Bruxelles. 7.000 clubs ont répondu à cette enquête. A partir des données récoltées, l'AISF estime que les pertes nettes sont comprises entre 48 et 70 millions d'euros. 

Les stages, une rentrée d'argent non négligeable

Il s'agit ici de pertes nettes. Mais le confinement a également entraîné d'importants manques à gagner (autrement dit des pertes sur un bénéfice prévu). "Les stages de Pâques auraient dû être réalisés, et on sait que pour les clubs, ces stages représentent une rentrée d'argent non négligeable, de la même façon que les tournois qui clôturent souvent une année sportive. Il y a aussi les recettes en terme d'horeca. Car on sait que dans les clubs, les buvettes fonctionnent bien", nous éclaire Serge Mathonet. 

Aujourd'hui, deux aides ont été instaurées pour venir en aide aux fédérations et clubs sportifs.

Un fonds d'urgence de 4 millions d'euros va être débloqué par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Objectif: éviter la disparition des structures les plus durement impactées et limiter les pertes d'emploi. Les clubs et fédérations les plus impactés seront donc aidés en priorité. "Cela couvrira leurs pertes nettes et des problèmes de trésorerie", nous détaille le directeur de l'AIFS. 

Deuxième aide prévue: un budget de 734.500 euros débloqué par la Région wallonne pour permettre la reprise sécurisée des activités sportives au sein des infrastructures. Concrètement, cette aide prévoit de couvrir l'achat de gels hydroalcoolique, la réalisation d'affiches informatives ou encore l'installation de séparations en plexiglas. L'AIFS a d'ores-et-déjà interpellé les autorités pour qu'une aide semblable soit débloquée par la Région bruxelloise. 

Une reprise partielle, beaucoup d'inconnues demeurent

Autre espoir du monde sportif: qu'un "vrai fonds d'aide" soit instauré. "Le fonds d'urgence couvre les pertes nettes mais pas les manques à gagner. Pourtant, il faut s'attendre à ce que les clubs soient confrontés à des difficultés à leur reprise. Compte tenu de la situation financière de certains ménages, peut-être que la cotisation au club ne sera plus la priorité. Et il faut aussi s'attendre à des baisses des sponsoring. Car les entreprises qui ont dû licencier du personnel n'investira peut-être plus dans les maillots des clubs locaux", regrette Serge Mathonet. 

A partir de ce 8 juin, le sport se déconfine progressivement. Les activités sportives sans contact peuvent reprendre, qu’elles soient à l'intérieur ou à l'extérieur, exercées en amateur ou à un niveau professionnel. Seuls les sports de contacts comme le judo, la boxe, le basket et le volley ne pourront pas se pratiquer normalement. Pour ces sports, seuls des entraînements sans contact sont autorisés.

Cette réouverture partielle est un "soulagement pour les clubs", nous confie Serge Mathonet. "Il y a quand même beaucoup d'inconnues. On attend d'abord des précisions pour savoir comment tout cela va être mis en place. Les autorités ont parlé de protocoles par secteur. On attend des précisions", poursuit le directeur. Au niveau des infrastructures, les piscines et les salles de wellness resteront fermées. 

La crise du coronavirus va-t-elle laisser des traces dans le monde du sport? Aujourd'hui, des clubs semblent appréhender la saison prochaine. "Des milliers de personnes se sont retrouvées au chômage temporaire. Peut-être qu'en septembre, la priorité ne sera pas l'abonnement au club", nous confie Serge Mathonet. Vont-ils également perdre des sponsors? "Peut-être que le restaurant qui finançait jusqu'à présent les maillots du club de football par exemple ne pourra plus le faire", poursuit le directeur. 

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