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Bénédicte adopte Dipika: la Belgique la condamne à l'exil

Bénédicte est bloquée au Népal depuis plus de deux ans. La Belgique refuse de délivrer un visa à sa fille adoptive, Dipika. Notre pays ne lui laisse qu'une possibilité pour éviter l'exil: abandonner son enfant.

"On a adopté Dipika il y a deux ans et demi, et maintenant on a les pires problèmes pour obtenir un visa pour rentrer avec elle en Belgique. On nous a déjà refusé deux fois un visa pour elle alors qu'on fait tout dans les règles", explique Bénédicte dans une vidéo. "On n'a aucun appui de qui que ce soit, et ça m'oblige maintenant à vivre avec elle au Népal, dans des conditions extrêmement difficiles", ajoute-t-elle.

Comment Bénédicte en est-elle arrivée à une situation pareille?

Bénédicte Van de Sande et Gyanendra, son mari népalais, se sont portés candidats à l'adoption en 2005, comme l'a indiqué le chroniqueur Marcel Sel sur son blog. Ce couple, qui résidait à Bruges, a obtenu la mention "très bien" au terme d'un long parcours imposé aux candidats à l'adoption. Leur souhait était, dès le départ, d'accueillir un petit enfant népalais qui partagerait des racines communes avec son papa. Et puis, surtout, le Népal est un enfer pour les enfants, où on dénombre quelque 650.000 orphelins contraints de travailler pour une bouchée de pain. 34.000 enfants y meurent chaque année avant d'avoir atteint 5 ans.

En 2006, Bénédicte et Gyanendra ont reçu leur autorisation d'adopter. Ils sont pleins d'espoir. Mais en 2011, Kind & Gezin (pendant flamand de l'ONE, l'Office national de l'enfance) ne leur a pas encore proposé d'enfant. Pourtant le Népal avait envoyé plusieurs dossiers, dont celui de Dipika, une petite fille abandonnée dans un temple alors qu'elle n'avait qu'un mois. C'est un avocat népalais qui leur parlera de ce dossier, indiquant qu'il avait été transmis à Kind & Gezin quelques mois plus tôt. Désespéré, le couple se rend alors à Katmandu et y lance la procédure d'adoption. Depuis lors, Bénédicte n'a pas remis un pied en Belgique...

La situation bloquée

En effet, en avril 2011, soit le mois suivant celui où ils sont partis, Kind & Gezin a décidé de bloquer toute adoption d'enfant népalais, y compris pour les dossiers en cours. Pourquoi ? Principalement parce que le Népal a mauvaise réputation en matière d'adoption. En effet, des enfants seraient enlevés à leurs parents pauvres "pour qu'ils aient une bonne éducation" avant d'être déclarés orphelins. Mais le cas de Dipika n'est pas comparable. Elle a été trouvée à l'âge d'un mois. Et des photos d'elle bébé, prises par des agents, ont été publiées pour demander aux parents de se faire connaître. Plus de 4 ans après les faits, personne ne s'est manifesté.

Quant au fait de passer par la Wallonie, cela ne servait à rien, l'adresse des deux parents domiciliés à Bruges lors de la création de leur dossier n'offrant aucune possibilité de changer de communauté. En même temps, au Népal, il était trop tard. La petite Dipika avait été sortie de son orphelinat. On lui avait dit qu'elle avait une maman et un papa. Rentrer au pays sans elle n'était humainement plus envisageable. Pour tout l'appareil administratif, par contre, c'est faire une entorse au règlement qui s'avérait inenvisageable. La situation était bloquée. Et deux ans et demi plus tard, elle l'est toujours.

Le conseil belge: abandonnez votre enfant et rentrez

Bénédicte est donc coincée depuis mars 2011 au Népal, avec Dipika. Gyanendra, qui vit en Belgique depuis 2001, gère un commerce à Bruges. "J'aimerais bien qu'on puisse vivre ensemble, comme une famille en Europe", a-t-il confié. Il envoie de l'argent à Bénédicte et les rejoint... 5 semaines par an. Cinq semaines pendant lesquelles la petite Dipika a deux parents et vit au sein d'une famille unie. Le reste du temps, elle doit se contenter de sa maman qui se bat jour après jour pour ouvrir les portes de son pays natal à sa fille adoptive.

Du consulat belge à New Delhi à l'administration centrale flamande ou même l'Etat fédéral, tout le monde lui conseille la même chose: abandonner l'enfant qu'elle éduque depuis 2 ans et demi. Remettre la petite fille dans un orphelinat ou simplement la déposer en rue, faire demi-tour, et s'en aller. Impossible, inhumain, et par ailleurs sévèrement punissable au Népal étant donné que pour la justice de ce pays, elle est la maman officielle de Dipika. Des lettres envoyées au minsitre flamand du Bien-être, de la famille et de la Santé, et au Premier ministre Elio Di Rupo n'ont rien changé à son cas. Bénédicte reste livrée à elle-même, loin de son pays. Lâchée par son pays...

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