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Chantal réclame l’euthanasie pour Kévin, gravement handicapé: "Un violeur peut l’être et pas mon fils parce qu’il ne peut pas parler"

Cette maman d'un enfant gravement handicapé est scandalisée. Parce qu'il ne peut parler, et alors qu'il souffre et répond "oui" quand elle lui demande s'il veut être euthanasié, la loi belge l'oblige à continuer à vivre. Un état de fait insupportable pour Chantal, d'autant qu'un détenu qui ne peut réfréner ses pulsions sexuelles a lui récemment obtenu un accord en ce sens avec la justice. Elle a donc lancé un appel à la mobilisation sur Facebook, et celle-ci est au rendez-vous.

Nos confrères de La Dernière Heure ont relayé ce matin l’appel à l’aide que Chantal Chabot a posté il y a 4 jours sur sa page Facebook. Le réseau social a permis à Chantal de savoir qu’elle n’est plus seule dans son combat. A l’heure d’écrire ces lignes, plus de 65.000 personnes ont partagé son appel.

Une liste de troubles physiques innombrables

Chantal réclame l’euthanasie pour son fils, Kévin, âgé de 23 ans mais gravement handicapé depuis sa naissance. "Quand mon bébé est né, les médecins ne m'ont pas laissé le choix, ils l'ont réanimé. Aujourd'hui, je veux pouvoir avoir le choix", explique-t-elle sur sa page. Kévin, qui ne pèse que 22 kg, souffre de troubles trop nombreux pour être tous énumérés. "Difficultés respiratoires par manque de ventilation pulmonaire, ostéoporose avec densité minérale osseuse de - 3,8 (la normale étant entre +2,5 et -1, ndlr), scoliose à 96 degrés, pompe interne reliée à la colonne vertébrale pour décontracter les muscles, fausses routes alimentaires fréquentes, plaies aux niveaux des contacts, œsophagite" sont parmi ces troubles qui réduisent fortement sa qualité de vie.

La certitude qu'il souffre

Depuis le premier jour, Chantal s’est dévouée pour son fils. "Jamais je n'aurais imaginé cela, jamais je me serais crue capable d'assumer un enfant handicapé. Pourtant je l'ai fait. Ce n'est pas facile, parfois très difficile", explique-t-elle sur son blog. Mais aujourd’hui, ce qui amène Chantal à vouloir laisser partir ce petit être en paix, c’est l’assurance qu’il souffre. "Aujourd’hui, le moindre mouvement est devenu synonyme de douleur, la moindre respiration un défi. Ses douleurs ont pris le pas sur son handicap", explique-t-elle à nos confrères. "Tous les médecins me disent que c'est un cas lourd et qu'il y a des souffrances et des douleurs." "J'ai tellement fait des deuils par rapport à lui", explique-t-elle encore sur sa page Facebook. "Le deuil qu'il ne marchera pas, celui qui ne parlera pas, celui qui me dira jamais maman, celui qui ne me regarde pas dans les yeux, celui qu’il ne prendra jamais la main, et encore beaucoup d'autres, je suis fatigué moralement de toutes ses souffrances, de ce petit corps qui lui fait du mal."

La loi est claire... et Kévin en fait les frais

La décision a finalement été prise il y a quelques mois. Chantal a réclamé l’euthanasie pour son fils. Mais le problème, c’est que "aucun médecin ne prend ses responsabilités". En effet, après avoir frappé à de nombreuses portes, le verdict est tombé. Le cas de Kévin ne rentre pas dans le cadre de la loi belge sur l’euthanasie. "L’une des conditions pour pouvoir bénéficier de ce droit est d’exprimer clairement la volonté de mourir", explique-t-elle dans la DH. Mais Kévin est incapable de parler. Il sait bien dire oui ou non, et répond oui quand sa mère lui demande s’il veut quitter ce monde, mais au regard de la loi, ce n’est pas suffisant.

Un violeur peut l'être et pas mon fils?

Bloquée, Chantal a début un combat médiatique le 26 septembre dernier. Le déclencheur a été cette information parue dans la presse concernant ce détenu flamand, Franck Van Den Bleeken, violeur multirécidiviste qui a réclamé son euthanasie puisqu’il n’a reçu aucun soin adéquat depuis 25 ans. Le ministère de la Justice a finalement donné son feu vert pour qu’il soit conduit dans un hôpital où ses médecins vont pouvoir l'euthanasier. "Il a le droit d’en bénéficier alors qu'il n'a pas de maladie incurable. Mon fils ne peut en bénéficier parce qu'il ne sait pas s'exprimer et le dire verbalement. Où est la justice?", demande-t-elle.

Des photos et un appel pour être soutenue par le peuple belge

Voilà pourquoi elle a décidé de montrer au monde la souffrance de son fils à travers ce message et les photos ci-dessous. "Je n'ai pas l'habitude d'afficher des photos de Kévin mais j'aimerai que celles-ci soient partagées un maximum (…) Si quelqu'un sait aider Kévin, qu'il se fasse connaître. Je suis une maman tout simplement qui aime son fils et la mort, je dirais même l'enfer, ne peut être pire que sa vie actuelle." Un accord avec le ministère de la Justice tel que celui intervenu pour le détenu flamand -qui ne rentrait lui non plus dans le cadre légal-, pourrait être la solution pour Chantal et Kévin. Reste à accomplir les démarches, en espérant que le soutien populaire dont bénéficie la maman pourrait, peut-être, peser dans la balance de la justice.

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