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Six mois de prison dont quinze jours ferme pour propos haineux et racistes envers l'animatrice Cécile Djunga

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné, mardi, l'auteur de propos racistes incitant à la haine et à la violence à l'égard de Cécile Djunga à une peine de six mois de prison, dont quinze jours ferme. Le coupable est également condamné à une amende pénale de 1.600 euros et à verser des dommages et intérêts de 500 euros à l'animatrice de la RTBF, ainsi qu'à la RTBF elle-même et à Unia, l'organe public de lutte contre la discrimination et de promotion de l'égalité des chances.

Un Hennuyer de 32 ans a été condamné mardi à six mois de prison, dont quinze jours ferme, pour avoir insulté et menacé sur internet, en raison de sa couleur de peau, l'animatrice de télévision d'origine congolaise, Cécile Djunga. Lors du procès, le 9 mars devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, le parquet avait requis six mois de prison ferme à l'encontre du prévenu, déjà condamné à du sursis pour avoir insulté des policiers.

Absent à l'énoncé du jugement, l'individu domicilié dans la région de Mons est condamné pour incitation à la violence et à la haine raciale. "Il ne fait aucun doute que le prévenu a incité à la violence à l'égard de (l'animatrice) Cécile Djunga" et cette "incitation est clairement motivée par la notion de prétendue race", souligne le jugement, lu publiquement.

En 2018, dans une vidéo rapidement devenue virale, Cécile Djunga, qui présentait alors la météo sur la chaîne RTBF, avait dénoncé, en larmes, le racisme dont elle était la cible sur les réseaux sociaux. "Recevoir des 'Sale négresse, rentre dans ton pays', en fait c'est pas drôle, (...) j'en ai marre", confiait-elle dans cette vidéo intitulée "Coup de gueule". Elle avait décidé de porter l'affaire en justice "à titre d'exemple", soutenue par son employeur, la RTBF, qui s'est constituée partie civile.

Les enquêteurs avaient eux rapidement identifié un trentenaire agissant sur plusieurs réseaux sociaux sous son vrai nom. Dans ses messages, postés notamment sur le profil Facebook de Mme Djunga, ce dernier insultait l'animatrice noire lui souhaitant d'être agressée. Il avait même assuré qu'il se "féliciterait" en cas d'agression mortelle.

A l'énoncé du jugement, Cécile Djunga, accompagnée de proches, a fondu en larmes.

Le tribunal a choisi d'assortir de sursis la quasi-totalité de la peine de six mois de prison, sauf quinze jours, et a infligé également une amende de 1.600 euros au prévenu (contre 250 euros réclamés par le ministère public). Le tribunal a considéré que l'auteur avait sans conteste "encouragé ses lecteurs à se montrer violents", qualifiant les faits comme d'une "gravité certaine" et d'un "mépris total pour autrui". Le juge a tenu compte de la "violence des écrits", de l'"absence totale de remise en question" de l'auteur mais aussi de ses antécédents judiciaires. Le juge s'est également dit "inquiet" de constater que le prévenu "ne comprend toujours pas l'inadéquation de son comportement". Il a précisé que, par ce jugement, il était nécessaire de rappeler à celui-ci que "si la liberté d'expression est un droit fondamental, elle n'est pas absolue et ne peut en aucun cas servir de paravent à ses propos haineux pour lui permettre d'en faire une règle de vie".

L'accusation reprochait également au prévenu, dans un dossier joint, d'avoir fait l'apologie du génocide juif dans d'autres messages diffusés sur internet. Le tribunal l'a condamné également pour ses propos antisémites et des insultes visant la sénatrice française Esther Benbassa.

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