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Soudanais expulsés et maltraités: les policiers bruxellois avaient-ils des quotas d'arrestation de migrants

Un rapport dressé par un dirigeant de la zone de police de Bruxelles-Capitale-Ixelles, consulté par La Libre Belgique et La Dernière Heure, prouve qu'il existait des quotas d'arrestations de migrants à Bruxelles, rapportent les quotidiens jeudi.

La copie du rapport dressé par un dirigeant de la zone de police de Bruxelles­-Capitale-­Ixelles, à l'issue de la réunion préparatoire "relative aux actions imposées par les autorités dans le parc Maximilien" du 4 septembre 2017 est parvenue à l'avocat Alexis Deswaef, par ailleurs président de la Ligue des droits de l'homme.

"À l'occasion des actions quotidiennes, de 20 à 30 personnes sont arrêtées", dit le rapport. Lequel donne, dans la foulée, la liste des dates des opérations. Il est ensuite question de la "grande action" prévue pour le 21 septembre mais qui n'aura finalement pas lieu. On évoque l'installation de cinq points de contrôle et l'envoi de cinq bus cellulaires (à grande capacité). On peut aussi lire ceci : "estimation du nombre de personnes arrêtées? 250 interpellations".

"Comment sait-on à l’avance combien de personnes on va arrêter ?, questionne Alexis Deswaef au micro de RTLINFO. La loi sur la fonction de police prévoit des conditions pour arrêter une personne, conditions qui doivent être présentes au moment de l’interpellation. On ne sait pas fixer à l’avance que ce jour, le 21 septembre, on va arrêter 250 personnes. Il n’y a pas de capacité pour les centres fermés pour réserver en un seul jour 250 places. Cette explication ne tient donc pas la route. Autant pour 20 à 30 places par jour, l’Office des Etrangers pouvait les garantir, autant pour cette grande action, c’est clair que ça entre dans le cadre de cette politique "signal" que le gouvernement voulait envoyer vers les migrants et vers les passeurs pour dire : ne venez plus à Bruxelles."

Ce rapport "officiel", qui parle aussi d'une réunion d'évaluation des opérations, le 14 septembre, au cabinet Jambon, à la demande du cabinet du Premier ministre, vient confirmer les échanges électroniques en ce sens rapportés le 28 octobre par "La Libre Belgique" et le contenu d'un témoignage reçu par le président de la Ligue, qui avait saisi le procureur du Roi de Bruxelles.

Le ministre de l'Intérieur Jan Jambon (N­VA) avait affirmé qu'il n'existe pas de quotas d'interpellations de migrants, interrogé alors à cet égard à la Chambre. "Aujourd’hui, le rapport de cette réunion montre que Monsieur Jambon, ministre de l’Intérieur, a menti aux députés", conclut le président de la Ligue des droits de l'homme.

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