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Très à la mode, pourquoi ces chiens sont-ils abandonnés dans les refuges ?

S'ils sont particulièrement beaux et intelligents, les border collies ne conviennent peut-être pas à tout le monde. Leur caractère travailleur, sans cesse en demande de stimulations intellectuelles ET physiques, demande beaucoup d'implication de la part de leur maître. Sans cela, ils peuvent développer des comportements parfois difficiles à gérer, et devenir par exemple destructeurs. Victimes de l'effet de mode à leur égard, ils se retrouvent alors abandonnés. Karine a tenu à attirer notre attention sur cette problématique.

Karine vit à Theux en province de Liège. Le jour, elle est inspecteur de police. Le reste de son temps, elle se dévoue essentiellement à ses trois border collies, Higgins, 7 ans, Jack, 3 ans, et Nikita, 15 mois. "La première chose que je fais quand je rentre, c’est me changer, puis je me consacre à eux durant quasiment l’entièreté de mon temps libre. Je fais du sport avec eux, je vais au dressage avec eux, je fais de l’agility avec eux. On fait de longues balades avec des amis, du frisbee...".



En adoptant son premier border collie en 2007, elle savait à quoi elle s’engageait: ces chiens, connus pour travailler avec des troupeaux de moutons, ont un besoin vital d’être stimulés tant physiquement que mentalement. Un besoin que ne saisissent parfois pas les personnes qui adoptent ces chiens très beaux et manifestement à la mode. D’après les chiffres de la Société Royale Saint-Hubert, qui délivre les pédigrées en Belgique, en 2014, ces bergers à poil long étaient en seconde position du classement des chiens préférés des Belges, juste derrière le berger allemand, coiffant ainsi au poteau labradors, chihuahuas et autres jack russel.



"Si on ne s’en occupe pas, il détruit beaucoup"

C’est justement cet effet de mode qu’a voulu dénoncer Karine, via notre page Alertez-nous. "Il est intelligent et beau, donc les gens se disent qu’ils vont prendre un border collie. Malheureusement, c’est un chien qui est très en demande, et si on ne s’en occupe pas, il fait des dégâts, il détruit beaucoup. Les gens, s’ils ne se renseignent pas, deviennent fous avec le chien", explique-t-elle. "Les heureux propriétaires qu’ils étaient à la venue de leur bébé border collie deviennent alors des maîtres désemparés, parfois en colère, voire méchants... ils ne veulent plus de leur 'magnifique poilu intelligent'".


Entre 100 et 150 chiens accueillis par an

Et elle sait de quoi elle parle. Il y a quelques années, via des connaissances, elle a été contactée par des personnes qui voulaient se séparer de leur border collie. "Je n’étais pas prête à le reprendre, donc je me suis remuée, j’ai pris contact avec une éleveuse qui m’a fait connaître Nathalie". Nathalie, c’est une passionnée basée à Francorchamps, qui a créé en 2012 une association spécialement pour ces chiens, nommée Borderline Collie, non seulement pour sensibiliser les gens aux besoins de cette race, mais aussi pour les replacer si besoin auprès de foyers prêts à les assumer. L’association a étendu ses activités en France et en Suisse et compte aujourd’hui une équipe de 20 responsables, ce qui lui permet d’accueillir entre 100 et 150 chiens par an. "On a des personnes qui nous aident quotidiennement et on travaille avec des familles d’accueil. On ne met pas à l’adoption directement un chien qui a besoin d’aide", explique-t-elle.





Plus chanceux que les staff

Nous avons contacté la Société Royale Protectrice des Animaux de Liège. On nous confirme l’effet de mode autour de ces chiens qui les rend particulièrement présents dans les refuges. Selon l’inspecteur Fabrice Renard, ils ont toutefois plus de chance que les chiens de type american staff, qui sont eux beaucoup plus difficiles à replacer. "Une fois qu’on a des gens qui sont un peu avertis de ce qu’est un border collie, ils peuvent retrouver un foyer", explique-t-il.


"On regarde ce que vous pouvez offrir au border collie"

Nathalie, la fondatrice de Borderline Collie, nous confie travailler avec beaucoup de refuges et de fourrières de l’autre côté de la frontière, mais moins en Belgique. Des vétérinaires la contactent également pour replacer des chiens. Les refuges s’assurent généralement, lorsqu’ils confient un chien à un nouveau maître, que la cohabitation soit une réussite. Nathalie nous explique qu’elle effectue un travail poussé afin d’avoir toutes les garanties que le chien et celui ou celle qui l’adopte se conviennent parfaitement: "On a un document pour le candidat à remplir et on fait des pré visites avant d’octroyer l’adoption. On regarde ce que vous pouvez offrir au border collie. Avoir un jardin, par exemple, ce n’est pas ce qui est primordial. C’est vraiment, qu’est-ce que vous allez faire?", explique-t-elle. "Si on pense que le chien qui leur plait ne leur convient pas, on peut leur en proposer un autre".


Des "nez noirs" et des balades pour financer l’association

Avec l’expérience et à force de passer du temps avec ces chiens, Nathalie peut estimer quel profil de maître leur conviendrait le mieux: "Il y a des border qui n’ont plus du tout d’instinct. Notre rôle est de les mettre en famille d’accueil et de bien voir ce dont le chien a besoin et trouver la famille adéquate. Ce ne sont pas tous des chiens de travail, il y a eu trop de mélanges et de reproduction pour ça", explique-t-elle. L’adoption est d’office payante, de quoi financer soit les frais vétérinaires nécessaires: "Avec les frais d’adoption, les chiens sains aident à leur façon les chiens malades". L’association fonctionne grâce aux dons et à l’investissement des responsables. "On est une vraie famille, un groupe, On est une association très amicale", confie la fondatrice.

D’autres financements arrivent également grâce à des bénévoles comme Karine, la dame qui nous a contactés. Elle organise régulièrement des balades afin de récolter de l’argent. La dernière, organisée en octobre, a permis de récolter plus de 400€ en vendant des "nez noirs". "Ce sont des truffes de chien, en rapport avec le nez rouge de Cliniclowns [une association qui envoie des clowns pour divertir les enfants hospitalisés, ndlr], pour aider les border collies abandonnés", explique Karine.




Un chien à ne pas mettre en toutes les mains ?

Le message de ces passionnés n’est pas de décourager les futurs maîtres, mais bien de les inviter à s’informer. "Ce n’est pas nécessaire d’avoir un chien cher avec pédigrée, mais le plus important, c’est de se renseigner sur la race du chien et ce qu’il va devenir par la suite", explique Karine. "Le border collie peut convenir à une famille avec enfants, à condition que ce chien ne devienne pas le jeu des enfants. Ça peut être un chien de famille si la mère ou le père fait un jeu canin, et le reste du temps s’il fait balade en famille, le chien sera comblé. Ces activités et la vie de famille vont le combler, il adore les enfants car ils sont joueurs".



Comment rendre un border collie heureux ?

Depuis plus de deux siècles, le border collie est éduqué pour travailler en milieu agricole et rassembler les troupeaux. En plus du travail quotidien dans une ferme, certains maîtres font participer leurs chiens à des concours. "Ils doivent aller chercher les moutons, les ramener, passer des portes, faire des séparations dans le troupeau", nous explique la fondatrice de Borderline Collie.






Il y a également d’autres concours canins: "Le canicross, où on court avec son chien attaché à la taille ou à vélo. L’agility, qui est comme un parcours de sauts. Il y a le disc dog qui est assez nouveau, où le chien fait des figures avec un frisbee, et enfin le flyball qui est un travail d’équipe, comme une course de relais avec une balle", détaille Nathalie.

Photos: Karine Lehanse et Nathalie de BorderlineCollie

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