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Minoritaires en Wallonie, PS et Ecolo négocient déjà... mais veulent un gouvernement majoritaire: à quoi jouent-ils?

Petit coup de théâtre dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche: les représentants PS et Ecolo ont annoncé que les négociations actuelles ne visaient pas à former un gouvernement minoritaire en Wallonie. Les deux partis n'ont pas la majorité au parlement, mais ils s'associent déjà pour des négociations plus approfondies. Voici leurs explications fournies dans l'émission, et l'analyse du chroniqueur Alain Raviart.

Cette semaine, alors que les négociations pour la formation de gouvernements au sud du pays étaient toujours en cours, Jean-Marc Nollet a proposé la mise en place d’un gouvernement "coquelicot". Un gouvernement associant le PS et Ecolo, donc une coalition minoritaire, mais qui accueillerait des membres de la "société civile". Une proposition "à prendre ou à laisser", ajoutait le coprésident d’Ecolo.

Vendredi, le parti socialiste a répondu favorablement en sollicitant officiellement le parti vert pour entrer en négociation en Wallonie et en Fédération Wallonie Bruxelles.

Rappelons que PS et Ecolo représentent 35 députés, alors qu'il en faudrait 38 pour former une majorité au gouvernement wallon. Celui-ci est composé au total de 75 parlementaires.

Avec cette coalition "coquelicot", le MR est laissé pour compte. De son côté, le cdH a déjà annoncé qu'il ne souhaitait pas entrer dans une majorité et qu'il préférait passer la prochaine législature dans l'opposition.

Il faut de toute façon, quoi qu'il arrive, une majorité

Emmanuel Disabato, député wallon Ecolo, a présenté la méthode "différente" du PS et d'Ecolo. "Effectivement le gouvernement n'est pas majoritaire avec des groupes figés, mais l'idée est de changer la méthode et de proposer un projet à l'ensemble des 75 députés wallons et des 93 députés de la Fédération Wallonie-Bruxelles (NDLR: les 93 sont composés des 75 députés wallons et de 18 députés francophones bruxellois). Et qu'ils nous disent si oui ou non ils pourraient soutenir les mesures proposées", a-t-il expliqué.

L'élu a ensuite déclaré que l'objectif était "d'ouvrir les fenêtres" et de "permettre que la société civile, avec l'axe PS-Ecolo qui proposerait quelque chose, que cette alliance-là permette de développer quelque chose".

Le présentateur Christophe Deborsu a rappelé que la société civile n'avait pas de siège au parlement pour permettre à cet axe PS-Ecolo d'avoir une majorité. "Bien sûr, c'est pour ça que je dis qu'au parlement il faut de toute façon, quoi qu'il arrive, une majorité", a réagi Emmanuel Disabato.









Une feuille de route pour une prochaine majorité

L'animateur du débat s'est ensuite tourné vers le représentant du PS, Pierre-Yves Dermagne. Va-t-on vers un gouvernement minoritaire? Le parlementaire a d'abord tenu à réexpliquer la "méthode différente" mise en place dans les négociations.

Ce n'est qu'ensuite qu'il a précisé que "c'était une feuille de route pour une prochaine majorité, un prochain gouvernement".

On voit bien que les gens ne comprennent quasi plus rien

Mais à quoi jouent donc le PS et Ecolo? Le couple semble vouloir former un axe, mais leurs représentants affirment ne pas vouloir diriger la Wallonie avec un gouvernement minoritaire. Veulent-ils bétonner un programme commun pour ensuite l'imposer à un troisième partenaire, qui n'aurait plus rien à dire? Parmi les éventuels acolytes, il ne reste plus que le MR: le cdH a choisi l'opposition et les entrevues entre le PS et le PTB ont capoté.


Le chroniqueur Alain Raviart a très bien relevé ce point. "On tourne un peu fou dans cette histoire. D'ailleurs les gens ne sont pas dupes. On voit bien que les gens ne comprennent quasi plus rien", a-t-il réagi. "C'est quand même dingue parce qu'au départ dans le discours c'était quand même un gouvernement minoritaire, et maintenant on entend: non ça doit être un gouvernement majoritaire".

Vous préparez des petites pantoufles pour le MR

"Juste une question, par rapport au MR. On a quand même le sentiment que vous préparez des petites pantoufles, pendant que vous, vous avez des chaussures de randonnées, pour le MR. Et qu'il va devoir dire à un moment oui ou non, et finalement ne pas avoir le choix des armes", a-t-il encore analysé.

Alain Raviart s'est ensuite directement adressé à Willy Borsus, député MR et ministre-président wallon sortant: "Vous risquez quand même d'être face à un bloc, à des propositions basculantes. Et ça va être très dur pour vous de montrer une dynamique MR dans ce schéma-là".

L'élu libéral a affirmé que si son parti acceptait de discuter avec le PS et Ecolo, "la négociation commence dès lors que nous y sommes associés". Pour être plus clair: si le MR est approché, il ne se bornera pas à dire oui ou non, mais bien à négocier pour ajouter son programme au projet.

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