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Le dernier film bouleversant de Mathieu Amalric: "J’ai pleuré comme un veau en lisant" la pièce

L’acteur et réalisateur français Mathieu Amalric était l’invité du RTL INFO AVEC VOUS. Il est venu présenter son dernier film, Serre Moi Fort, avec l’actrice luxembourgeoise Vicky Krieps et l’acteur franco-belge Arieh Worthalter.

Son film est l’adaptation d’une pièce de théâtre, Je Reviens De Loin, de Claudine Galéa, qui l’a beaucoup ému : « J’ai pleuré comme un veau en lisant ce texte. Ça a touché un nerf, je ne sais pas exactement lequel. Je crois que ce qu’elle a inventé c’est comme cette inversion. Si moi j’imagine que je suis parti, peut-être que eux sont restés. Il y a un état de délire, de projection, de fantasme, de spiritisme quand on est confronté au pire. Et j’ai l’impression que du coup ça peut nous amener une forme de lumière. On peut mettre un pied devant l’autre. »

Un film bouleversant

Ce n’est pas le déchirement familial qui a suscité une telle émotion. « Si ça avait été ça, ça n’aurait pas été si grave que ça. C’est pire. Cette femme invente quelque chose de plus lumineux pour pouvoir supporter l’insupportable. Vicky Krieps -un être absolument surréel, une actrice sublime- me disait : il faut peut-être passer par la folie pour ne pas devenir folle. »

Un film bouleversant mais qui n’est pas traité de façon crue : « On était obsédés par une chose, c’est de justement ne pas filmer la douleur de cette femme mais plutôt le nombre d’actions qu’elle fait. Elle n’arrête pas de faire des trucs, elle a de l’humour, elle a une « ludicité » même dans son invention, dans son jeu d’imagination. C’est ça qui me bouleversait, sa capacité d’imagination. »

Musique et bruitages ont remplacé les dialogues

Les bruitages sont très présents dans le film et cela s’explique parce que « je ne sais pas écrire de dialogues. Donc ça se remplace par des gestes et des sons. Ça s’est trouvé comme ça. Au départ c‘était une pièce de théâtre avec donc des dialogues. Je me rendais compte qu’ils pouvaient disparaitre derrière des sensations physiques. J’essayais que ce soit un film, que ça ne puisse pas être autre chose que du cinéma. »

La musique y trouve également énormément de place. Son épouse, Barbara Hannigan, est une grande cheffe d’orchestre et lui-même a « fait beaucoup beaucoup de piano et ce trajet pianistique je l’ai vécu, même si le piano était dans le texte de Galéa. J’aurais aimé faire de la musique, c’est aussi pour ça que ce film est bourré de musique. »

Plus réalisateur qu'acteur malgré une carrière impressionnante

Avec 90 films comme acteur dont certains avec Steven Spielberg, David Cronenbergh ou encore Wes Anderson et 8 comme réalisateur, pourrait-il arrêter de jouer pour se consacrer entièrement à la réalisation ? « C’est ça ma vie. Moi je viens de la technique. J’ai commencé à 17 ans comme stagiaire assistant. J’ai fait tous les boulots dans le cinéma, assistant monteur, tout. Ma vie c’est de fabriquer des films et c’est à ça que je pense tout le temps. Et puis des amis, des gens extraordinaires, m’embarquent dans leur monde. Donc je fais l’acteur. » Mais comme il le dit, en tant qu’acteur, il arrive à l’heure et apprend son texte : « Comme j’ai pas appris à le faire, je ne sais pas le faire, je suis obligé de travailler plus que les autres et arriver du coup à un état d’abandon, d’absence. Un peu ce que Vicky arrive à faire, c’est-à-dire d’arriver à ce que ce soit absolument de la neige vierge quand on arrive et qu’on ne sait pas où on va plonger. Et ça ça demande du travail avant. »

Sa démarche pour choisir Arieh Worthalter

Pourquoi avoir choisi Arieh Worthalter comme premier rôle masculin ? « Je n’arrivais pas à voir qui quelqu’un comme Clarisse, comme Vicky, pouvait désirer. Il fallait que leur histoire d’amour soit absolument physique, et ils ont très très peu de scènes ensemble. Ils se parlent par voix. Parce qu’il y a beaucoup de superpositions de voix, d’absences, de présence. Mais qui elle pouvait désirer ? Et bien je suis allé en douce le voir comme ça, en vrai, et je me mets dans la tête de Clarisse et il me plaisait. J’étais bien avec lui. »

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