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Les 25 ans d'autobiographie de Lewis Trondheim

Jamais au grand jamais, Lewis Trondheim, l'un des auteurs les plus créatifs dans l'univers de la BD, créateur de séries cultes comme "Les formidables aventures de Lapinot" et "Donjon", n'aurait imaginé fêter ses 25 ans d'histoires autobiographiques.

"Au tout début, raconte-t-il à l'AFP, j'ai écrit un album qui s'appelait +Approximativement+ pour raconter mes états d'âme de Parisien trentenaire qui débute dans la bande dessinée et se demande s'il ne ferait pas mieux de partir dans le Sud".

"A ce moment, je pensais que l'autobiographie c'était terminé. Je n'allais pas raconter ça toute ma vie. C'était juste un moyen de raconter des histoires".

C'était en 1993. Ensuite (et entre mille autres choses), il y eut "Les aventures de l'univers" (2001), quatre volumes de "Carnet de bord" (2001/2003), "Désœuvré" (2005) et, depuis 2006, huit volumes des "Petits riens de Lewis Trondheim" où le scénariste-dessinateur se raconte au jour le jour chez lui ou durant ses voyages avec sa compagne Brigitte Findalky, coloriste de BD d'origine irakienne, avec qui il a réalisé le bouleversant "Coquelicots d'Irak".

Le dernier opus des "Petits riens de Lewis Trondheim", intitulé "Tout est à sa place dans ce chaos exponentiel" vient de paraître dans la collection Shampooing qu'il dirige chez Delcourt. "Je raconte en une page quelque chose que j'ai pensé, vu ou entendu...".

C'est drôle, teinté de mélancolie aussi. Dans une planche, on voit le personnage de Lewis Trondheim, en vacances sur l'île de La Réunion, tenter de gravir le Piton de la Fournaise. A 2H30 du sommet, il hésite à poursuivre son ascension avant de renoncer. Sur la dernière case, on le voit redescendre et dire: "Vieillir ce n'est pas devenir sage, c'est devenir peureux".

- "Pas très bon en dessin" -

Malgré son emploi du temps chargé - ce stakhanoviste de 53 ans est l'auteur de plus de 150 albums de BD, et le co-fondateur de la maison d'édition L'Association, de l'OuBaPo ("Ouvroir de bande dessinée potentielle" sur le modèle de l'OuLiPo de Raymond Queneau, ndlr) et du Syndicat des auteurs de BD -, il explique (sans rire) qu'il s'est lancé dans "Les petits riens" pour "apprendre à faire les couleurs, quelque chose d'ailleurs que je ne comprends toujours pas".

"Au début, je n'étais pas très bon en dessin. J'ai commencé à faire de la BD parce que j'ai découvert qu'on pouvait faire de la BD sans savoir bien dessiner", soutient le lauréat (en 2006) du Grand prix de la ville d'Angoulême, une récompense destinée à honorer les plus grands noms du 9e Art.

"C'est pas grave de faire un dessin moche. Il suffit de faire une BD qui soit drôle, bien racontée, lisible, intéressante", dit-il.

"J'ai trouvé un style graphique personnel", admet cependant l'auteur des "Formidables aventures de Lapinot" et de "Ralph Azham".

Dans ses BD autobiographiques, Lewis Trondheim se représente systématiquement... "en perruche" (certains lecteurs penchent pour un aigle). Dans la plupart de ses BD d'ailleurs, les personnages sont des animaux. Outre "que c'est plus facile à dessiner que des êtres humains", une explication qui ne convainc guère étant donné le talent exceptionnel de Lewis Trondheim, il faut y voir l'influence de Disney et notamment de Carl Barks (Picsou) et Floyd Gottfredson (Mickey).

"J'ai été un grand lecteur des Donald et Mickey des années 1930/1940", reconnait Lewis Trondheim.

Mais, contrairement à ses modèles historiques, Lewis Trondheim écrit d'abord des histoires pour adultes. "Je fais des histoires animaux-minimalistes", s'amuse-t-il.

Au fait, d'où vient le surnom Lewis Trondheim? On trouve la réponse dans une planche des "Petits riens". A 18 ans, celui qui s'appelait encore Laurent Chabosy entreprend un tour d'Europe avec un copain. Ce périple l'a conduit à Trondheim, ville norvégienne et, accessoirement, "une des villes les plus pluvieuses d'Europe".

"De ce voyage, il me reste donc mon nom de plume... mais j'aurais aussi bien pu m'appeler Oslo, Narvik ou Stockholm".

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