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Mostra de Venise: "L'Evènement", l'avortement clandestin au plus près

Quatorze ans après la Palme d'Or au Roumain Cristian Mungiu, le droit à l'avortement est au coeur de "L'Evénement", un film français en compétition à la Mostra de Venise où une jeune actrice de 22 ans, Anamaria Vartolomei, crève l'écran.

"C'est triste d'être certain qu'on sera toujours dans l'actualité en travaillant sur le sujet" de l'avortement et de son interdiction, a déclaré à l'AFP Audrey Diwan, la réalisatrice française de ce film intimiste, adapté du roman éponyme d'Annie Ernaux.

Anne, le personnage principal, est une étudiante insouciante dans la France du début des années 1960, où l'avortement clandestin est puni de prison pour celles qui le pratiquent comme pour ceux qui aident. Il ne sera dépénalisé qu'en 1975.

Anne découvre qu'elle est enceinte, mais la jeune femme, issue d'un milieu populaire, souhaite continuer ses études de lettres, seule chance de se construire un avenir hors de son village natal. Médecins, amis, partenaire, professeur: elle ne trouvera personne pour l'aider.

Cadré au plus près du personnage, avec un long plan-séquence durant lequel Anne tente de se faire avorter, "L'Evènement" (deuxième adaptation d'Annie Ernaux cette année après "Passion simple") peut être éprouvant, se voulant au plus près de la réalité et du calvaire enduré par les femmes qui devaient avorter clandestinement, au péril de leur vie.

"Mon idée ce n'était pas de regarder Anne mais de tenter d'être elle, de rentrer dans son corps", a expliqué la réalisatrice à l'AFP.

Le film est porté par Anamaria Vartolomei, brune aux yeux clairs et au teint diaphane, qui trouve là son premier grand rôle.

"Je me suis mise vraiment à sa place. Je me suis dit +ok, on a 21 ans toutes les deux, qu'est ce que c'est pour une jeune fille+" d'avorter, a-t-elle expliqué à l'AFP.

"Moi, j'ai la chance d'avoir des droits, acquis mais qui sont encore fragiles. Je l'ai défendue avec le plus d'intérêt possible, parce que c'est terrible, elle doit choisir entre ses études, sa carrière ou sa vie. C'est injuste !"

Née en Roumanie à Bacau (nord-est) Anamaria a vu ses parents partir pour la France à l'âge de deux ans. Le père travaille dans le bâtiment et lorsqu'elle a six ans ses parents gagnent assez d'argent pour la faire venir avec eux, à Issy-les-Moulineaux, en banlieue parisienne (Hauts-de-Seine).

C'est à l'école qu'elle découvre le théâtre avant de s'inscrire à un casting pour un film d'Eva Ionesco, "My Little Princess", où elle jouera à l'âge de 10 ans. Douze ans plus tard, "j'ai envie d'attaquer des rôles de plus en plus riches, compliqués, nuancés, casse-gueule, ambigus. Je me sens prête".

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