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Test Dyson Hot+Cool Cryptomic: que vaut ce purificateur d’air perfectionné, et peut-il “capturer” le coronavirus ?

A époque inédite, test inédit: que vaut le purificateur d’air de Dyson, l’un des plus aboutis et des plus chers du marché particulier ? Et surtout, question que certains se posent: un tel appareil peut-il jouer un rôle dans la lutte contre le coronavirus ? Pour y répondre, je me suis tourné vers Sciensano, notre institut de santé publique, et vers plusieurs articles scientifiques internationaux. Mais avant tout, présentation d’un appareil hors du commun…

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Dyson Pure Hot+Cool Cryptomic, 699€

L’entreprise anglaise Dyson fait partie de ces marques intéressantes, créées par des ingénieurs et non par des jeunes start-upers sortis de leurs études de gestion. Quand certaines entreprises analysent les prévisions économiques de vente d’une catégorie d’appareils pour se décider à les fabriquer, Dyson ne s’en soucie pas et fabrique, quand il en a l’idée, un appareil innovant qui bouscule le marché. J’en veux pour preuve l’invention de l’aspirateur sans sac et à séparation cyclonique en 1983, et de l’aspirateur ‘balais’ utilisant la même technologie en 2015. Sans oublier son fameux sèche-mains bruyant mais enfin efficace (2006) qu’on retrouve dans les toilettes de restaurant, notamment. 

Ces dernières années, plusieurs générations de purificateurs d’air et de ventilateurs signés Dyson ont vu le jour. Le dernier en date est le Dyson Pure Hot+Cool Cryptomic. Il s’agit d’une machine assez imposante: environ 1 mètre de haut et une petite dizaine de kg. Comme tout vrai purificateur, son principe de base est d’aspirer l’air ambiant, de le faire passer par ses filtres (dont un HEPA), afin de souffler un air assaini dans la pièce. 


 

Bien entendu, Dyson fait bien les choses, ce qui justifie en partie le prix très élevé (699€). Les filtres sont de forme cylindrique, ce qui permet au purificateur d’aspirer l’air à 360°. Et au-dessus, le système de soufflerie, orientable et précisément motorisé, permet d’envoyer l’air dans tous les sens. Le but étant, bien entendu, de brasser plus d’air dans la pièce, afin d’en filtrer tous les recoins en quelques heures. Tout cela est personnalisable: vous pouvez même lui demander de souffler l’air vers l’arrière, afin de ne pas sentir de courant d’air pointé sur vous. 

Là où ça devient très intéressant pour les amateurs de technologie, c’est que Dyson a voulu rendre son purificateur plus intelligent. Il l’a affublé de capteurs, de circuits électroniques et d’un écran afin de détecter la qualité de l’air (par rapport au nombre de particules fines aspirées), de l’afficher en temps réel et de mettre au point un mode automatique qui ajuste la durée et la puissance d’aspiration pour obtenir la qualité d’air désirée. 

La notion Cryptomic annoncée par Dyson est liée au filtre supplémentaire (il y en a donc de deux catégories dans ce purificateur: HEPA + Cryptomic, voir photos ci-dessous) qu’on insère lors de l’installation. Il ressemble à une fine grille métallique, mais son but est de s’attaquer à la structure moléculaire du formaldéhyde, un gaz nocif composé de très fines particules, émis notamment par les produits de nettoyage d’une maison.

Ce Dyson se contrôle avec la télécommande aimantée ou avec une application qui vous fournira plus d’information sur la qualité de l’air intérieur et extérieur (grâce à une base de données tierces). 

 

Quelle incidence sur le coronavirus ? 

Il convient de prendre des pincettes, car s’il y a des études et des avis scientifiques relatifs aux bienfaits de la ventilation de l’air en temps d’épidémie de coronavirus, ce n’est pas le cas pour les purificateurs. La raison, j’imagine, c’est qu’il existe des modèles bon marché qui brassent nettement moins d’air, ou qui ne sont pas équipés de la même qualité de filtre. 

Trois points doivent cependant être abordés de manière détaillée pour vous éclairer le mieux possible. 

Premièrement: oui, un purificateur d’air pourrait théoriquement capturer un coronavirus dans son filtre. Un filtre HEPA certifié retient au moins 99,97 % des particules de diamètre supérieur ou égal à 0,3 µm (Dyson évoque 0,1 µm), or le coronavirus mesure, selon les études, entre 0,06 et 0,12 µm. C'est donc un peu juste. De plus, ça ne veut pas dire grand-chose: si quelqu’un qui a le coronavirus rentre dans votre pièce, il est impossible de savoir si le purificateur a aspiré les “expirations” du malade (quand il parle ou qu’il tousse) afin d’en isoler le coronavirus. De plus, le malade peut avoir touché des choses dans votre pièce et y laisser quelques coronavirus de plus. On ne peut donc raisonnablement pas en déduire une réelle protection. Le Conseil Supérieur de la Santé conclut d’ailleurs dans cette note qu’il “n'y a pas de preuve clinique directe de l'avantage des purificateurs d'air portables pour réduire le risque de transmission de maladies infectieuses”.

Deuxièmement: le mieux, dans une situation pareille, c’est bien sûr de ventiler. Sciensano a évoqué le sujet à plusieurs reprises. Idéalement, il faut des systèmes industriels, comme dans des bureaux, qui remplacent l’air en continu et rapidement. A la maison, il est conseillé de faire des grands courants d’air plusieurs fois par jour si on soupçonne la présence du coronavirus. Tout cela sera nettement plus efficace qu’un purificateur qui ne remplace pas l’air, mais le nettoie plus ou moins rapidement. 

Troisièmement: l’importance de respirer un air propre. Dans nos régions, la qualité de l’air extérieur est généralement bonne, mais elle devient moyenne voire mauvaise dans les grands axes traversant les grandes villes, ou dans les zones avec de l’industrie lourde (il y en a de moins en moins, cependant). Et respirer un air pollué, cela a des conséquences lourdes sur le coronavirus. J’ai consulté plusieurs études, notamment en Inde où l’air des villes est très pollué, et les conclusions sont claires: les tissus des voies respiratoires gonflent quand la qualité de l’air est mauvaise (pollution sur la durée, pas en quelques heures). Ces voies respiratoires deviennent alors plus fragiles, et donc plus propices à développer des formes graves de la covid-19. Selon une étude parue dans la revue spécialisée Cardiovascular Research; l’exposition à long terme à la pollution de l’air aurait ainsi contribué à 29% des décès dus au Covid en République tchèque, 27% en Chine, 26% en Allemagne, 22% en Suisse, 21% en Belgique, 19% aux Pays-Bas, 18% en France, 15% en Italie, 14% au Royaume-Uni, 12% au Brésil, 11% au Portugal, 9% en Espagne, 6% en Israël, 3% en Australie, etc. 

En conclusion, un purificateur d’air pour particulier, aussi perfectionné soit-il, ne va pas réussir à capturer toutes les particules de coronavirus, au point de vous éviter de l’attraper à coup sûr. En revanche, il va vous permettre de respirer un air sain en permanence, ce qui évitera (si votre environnement est pollué) d’affaiblir vos voies respiratoires, ce qui a des conséquences potentiellement graves si vous attrapez par la suite le coronavirus. Et celui de Dyson, bien qu’assez cher, fonctionne vraiment très bien, notamment par sa capacité à aspirer et rejeter l'air dans tous les sens, et à analyser en temps réel la qualité de l'air pour s'adapter. 


Une ancienne et une nouvelle génération de purificateur Dyson
 
 
 

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