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Fuite à Penly: l'eau n'a jamais quitté le "circuit primaire" du réacteur

La fuite qui a entraîné jeudi l'arrêt du réacteur numéro 2 de la centrale de Penly (Seine-Maritime) est survenue sur l'une des pompes assurant la circulation de l'eau autour du combustible radioactif mais à aucun moment cette eau n'est sortie de ce "circuit primaire".

QUESTION: Comment fonctionne un réacteur nucléaire à eau pressurisée (REP) comme celui de la centrale de Penly ?

REPONSE: Le coeur de la centrale est une cuve abritant des combustibles, principalement à base d'uranium. Ces combustibles entrent en réaction de fission nucléaire, chauffant l'eau qui traverse le coeur du réacteur, comme le ferait la résistance d'une bouilloire électrique.

Cette eau très chaude (environ 300°C et 150 bars de pression en fonctionnement normal) circule en boucle dans des tuyaux, passant et repassant sans cesse dans le réacteur, c'est le "circuit primaire".

Dans le cas du réacteur de 1.300 mégawatts de Penly, la cuve est raccordée à "quatre boucles de circulation d'eau et chaque boucle dispose d'une grosse pompe qui fait circuler l'eau vers des générateurs de vapeur", explique à l'AFP Thierry Charles, directeur général adjoint de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

C'est cette chaleur véhiculée par le circuit primaire que les générateurs utilisent pour produire de la vapeur. La vapeur alimente des turbines et des alternateurs qui produisent à leur tour du courant électrique, à l'instar d'une énorme dynamo de vélo. Il s'agit du circuit dit "secondaire".

Les circuits d'eau primaires et secondaires sont totalement séparés.

Q: Comment a débuté l'incident à Penly ?

R: Jeudi vers 12h00, une fuite, apparemment assez importante, survient au niveau du circuit d'huile d'une des quatre pompes du circuit primaire du réacteur numéro 2.

La pompe chauffe, s'arrête et entraîne du même coup l'arrêt automatique du réacteur. Les trois autres pompes continuent à fonctionner pour assurer le refroidissement du combustible.

Une partie de l'huile, très chaude, a coulé sur le sol situé sous la pompe, entraînant deux départs de feu sur une surface limitée à "quelques dizaines de centimètres carrés", selon l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et EDF qui exploite la centrale.

Autrement dit, il s'agit de deux flaques de "quelques litres d'huile" qui ont brûlé au sol, explique Thierry Charles.

Les pompiers ont éteint le feu, restant sur place en surveillance même si la situation semblait maîtrisée à ce moment-là.

Q: Comment cette fuite d'huile a-t-elle pu aboutir à une fuite d'eau sur le circuit primaire ?

R: L'incident est lié au fonctionnement de la pompe victime de la fuite d'huile.

En partie basse, il y a le système d'aspiration de la pompe qui entraîne l'eau dans le circuit. Ce système est actionné par un arbre de transmission, un axe vertical relié à un moteur électrique situé en partie haute.

Afin d'éviter que l'eau du circuit primaire, située en bas, ne remonte le long de l'arbre pour atteindre le moteur électrique, il y a une série de "joints à fuite contrôlée" placés autour de l'axe.

Quatre niveaux de joints au total sont prévus. Or, "même en fonctionnement normal, si le premier joint bloque une partie de l'eau, ça fuit quand même et vous avez un peu moins de 1.000 litres d'eau par heure qui passe" cette première barrière, souligne le responsable de l'IRSN.

Mais, insiste-t-il, cette eau ne déborde pas, elle est reprise dans des tuyaux qui renvoient cette "fuite" dans le circuit primaire, exactement comme le fait le trop-plein d'un évier.

"Au deuxième niveau de joints, un peu d'eau passe encore, mais seulement quelques dizaines de litres par heure". Au-delà, l'étanchéité du moteur de la pompe est assurée.

Ce système est "prévu pour fuir mais dans des proportions acceptables", résume-t-il.

Lors de l'incident de jeudi, au lieu de laisser passer environ 1.000 litres d'eau par heure, le premier niveau de joints en a laissé passer le double, "mais toute cette eau était reprise par le système normal" et réinjectée dans le circuit primaire vers le réacteur.

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