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L'incendie de Grande Canarie faiblit, des habitants rentrent chez eux

Des habitants évacués en raison de l'incendie qui s'est déclaré samedi sur l'île touristique espagnole de Grande Canarie commençaient à rentrer chez eux mardi soir, tandis que les pompiers progressaient dans leur combat contre le feu sans l'avoir encore circonscrit.

Déclaré samedi, l'incendie, d'une virulence rare avec des flammes atteignant par endroits 50 mètres de haut, faisait craindre lundi un "drame environnemental" aux autorités dans deux réserves protégées de l'île.

"Le degré de gravité auquel nous nous attendions initialement est nettement plus faible, c'est une très bonne nouvelle", a déclaré en conférence de presse le chef des services d'urgence de l'île, Federico Grillo.

"Nous avons de la puissance et l'incendie est dans nos capacités d'extinction, nous avons largement ce qu'il faut", a-t-il avancé.

L'incendie, le troisième en dix jours dans l'île, était mardi soir "en phase de stabilisation" mais n'était toujours pas classé comme circonscrit, a précisé le président des Canaries Angel Victor Torres. Selon le dernier bilan, il a parcouru 10.000 hectares.

Une partie des habitants évacués ont été autorisés à regagner leur domicile, a annoncé M. Torres.

Aucune victime n'est à déplorer.

Le tourisme, moteur économique de l'archipel situé dans l'Atlantique face aux côtes marocaines, n'a pas souffert de l'incendie, ont assuré les autorités: le gros des touristes s'agglutine plutôt sur les plages de l'île, la deuxième plus fréquentée de l'archipel des Canaries, plutôt que l'intérieur des terres, prisé des randonneurs.

- "Réservoirs de biodiversité" -

Le parc naturel de Tamadaba, une forêt de pins parmi les plus sauvages de la région, a été moins touché que ne le craignaient les autorités.

"Il y a des zones touchées par des feux de forte intensité, mais une grande partie a brûlé en surface" seulement, a déclaré Federico Grillo.

Avec 2.000 hectares de pinèdes et 7.500 hectares protégés de ravins et de massifs s'élevant jusqu'à 1.400 mètres d'altitude, ce parc abrite une trentaine de plantes endémiques de l'île volcanique.

"Tamadaba est l'un des grands réservoirs de biodiversité de Grande Canarie", explique à l'AFP Manuel Nogales, chercheur aux Canaries pour le centre public de recherche scientifique.

"Il y a énormément d'espèces de plantes, de vertébrés, d'insectes, de champignons et de micro-organismes qu'on ne trouve que dans l'enceinte du parc", ajoute Juli Caujapé, directeur du jardin botanique Viera y Clavijo de Grande Canarie.

Les flammes ont pénétré par le versant est du parc, une zone de pins plutôt jeunes, plantés au siècle dernier. Dans le reste du parc, "ça a été un feu plus superficiel, moins destructeur", assure Manuel Nogales.

Les efforts des pompiers et le vent moins violent ont en outre évité que le feu n'atteigne la réserve d'Inagua, où vit le pinson bleu, un oiseau endémique des îles Canaries dont il ne reste que 400 spécimens environ.

"Si ces 400 (spécimens) avaient disparu, nous aurions eu une espèce de plus sur la liste des espèces éteintes", souligne Manuel Nogales.

"Nous avons eu pas mal de chance", a souligné Federico Grillo. Le feu "est passé tout près" d'entrer dans la réserve, si difficile d'accès que les pompiers n'auraient rien pu faire.

Les deux scientifiques se sont montrés optimistes devant les "bonnes nouvelles" annoncées par les autorités, assurant que les forêts de Grande Canarie ne tarderont pas à se remettre de l'incendie.

"Les pins canariens ont évolué dans un contexte de volcanisme actif et sont plutôt bien adaptés au feu", explique Manuel Nogales.

"Ce n'est pas pour les pins que nous devons le plus nous inquiéter. Ce qui est préoccupant, c'est le reste des espèces qui ont brûlé ou ont fui. Les pins reverdiront bientôt, mais le reste de la végétation et de la faune mettra plus de temps", avertit Juli Caujapé.

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