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Retraites: au 10e jour de grève, passe d'armes gouvernement-syndicats sur Noël

Pas de répit dans la grève des transports ce week-end et des manifestations dans certaines villes: le gouvernement craint désormais que le mouvement social contre sa réforme des retraites n'hypothèque les fêtes de fin d'année.

Fragilisé dans l'opinion par les accusations de conflit d'intérêts avec le monde des assurances, un cumul de fonctions interdit par la Constitution, mais aussi la présidence d'un "Observatoire régional de la commande publique", le "Monsieur retraites" du gouvernement Jean-Paul Delevoye a reçu samedi le soutien du Premier ministre.

Sa "bonne foi est totale", a estimé dans une interview au Parisien Edouard Philipe, mettant ainsi fin à l'incertitude qui planait sur une possible démission, évoquée par l'intéressé lui-même pour "préserver" cette réforme très décriée.

Au dixième jour de la mobilisation, la situation était toujours critique samedi pour les usagers des transports - un TGV sur quatre et trois TER sur dix en moyenne - et cela ne devait guère s'améliorer dimanche, selon la SNCF.

Pour les Franciliens, le trafic RATP restera "très réduit" dimanche avec seules les lignes 1, 14 et Orlyval en fonctionnement, 60% des bus en circulation, aucun RER A et un RER B sur trois en moyenne, selon la RATP.

Si la grève se poursuivait dans les prochains jours, elle pourrait compromettre les départs en vacances car il faut plusieurs jours après la fin d'un mouvement pour revenir à un service normal.

Vendredi, dans une réunion organisée en urgence à Matignon, Édouard Philippe a demandé au patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou de préparer un "plan de transport" précisant quels trains seraient maintenus.

Ce dernier avait appelé un peu plus tôt les cheminots, en grève illimitée depuis le 5 décembre, à "faire une pause" pendant les fêtes. Mais il s'était aussitôt attiré les foudres des responsables syndicaux.

"Si le gouvernement veut que le conflit cesse avant les fêtes, il a toute la semaine prochaine pour prendre la décision de bon sens qui s'impose : le retrait de la réforme par points", a réagi auprès de l'AFP Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF.

- La porte "est ouverte" -

"La situation peut s'arranger très rapidement. Mais pour que les trains roulent, il faut un message positif du gouvernement", a estimé de son côté sur franceinfo Roger Dillenseger (Unsa ferroviaire), critiquant au passage un exécutif qui "joue sur la corde sensible".

Côté manifestations, plus de 250 personnes ont défilé à Lyon, 200 à Montceau-les-Mines, quelques 250 à Strasbourg, 500 à Nantes, une centaine à Orléans et 200 "gilets jaunes" à Toulouse.

"Il y a plein de gens qui vont perdre beaucoup d'argent avec cette réforme", a déclaré dans le cortège de Rennes, où 300 personnes étaient mobilisées, Sylvain, un agent de sécurité de 32 ans, estimant que les citoyens sont "dans l'incertitude la plus totale".

Les opposants à la réforme réservent leurs forces pour la nouvelle journée de mobilisation mardi à l'appel de l'intersyndicale CGT/FO/Solidaires/FSU et quatre organisations de jeunesse, revendiquant un retrait pur et simple.

Furieux que le gouvernement ait ajouté à la création d'un système de retraite universelle par points un "âge d'équilibre" à 64 ans en dessous duquel on ne touchera pas sa retraite pleine, le premier syndicat français, la CFDT, mais aussi la CFTC et l'Unsa, ont également appelé à manifester, ce qui devrait faire grossir les rangs.

Cheminots, étudiants, employés de la fonction publique, professions de santé, avocats, magistrats, enseignants ont appelé à descendre dans la rue.

Très mobilisés depuis le début du conflit, ces derniers ont obtenu vendredi du gouvernement la garantie de revalorisation des salaires, pour environ 10 milliards d'euros.

Les syndicats policiers ont suspendu leur mouvement après avoir obtenu le maintien de leur régime dérogatoire.

Le Premier ministre a convié les syndicats les plus réformistes à des discussions à Matignon "le plus tôt possible la semaine prochaine".

Jusqu'à présent, rien n'a filtré de la réponse de cessyndicats ni de la date où sera organisée cette concertation.

L'âge pivot à 64 ans pour la retraite est "négociable", "notre porte est ouverte", a affirmé samedi la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie, Agnès Pannier-Runacher.

Vendredi, Édouard Philippe a assuré qu'il n'avait "absolument pas peur" de mener cette réforme.

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