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Juppé fait un pas de plus vers 2012, au cas où Sarkozy n'irait pas

Critiques du style et de la politique de Nicolas Sarkozy, présentation d'une "offre" alternative: dans une interview au Monde Alain Juppé fait un pas de plus vers la présidentielle de 2012 au cas où l'actuel chef de l'Etat ne se représenterait pas.

Trois semaines après la sévère défaite de la droite aux régionales et alors que M. Sarkozy dégingrole dans les sondages, l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac (1995-1997), qui revendique l'étiquette de "gaullo-chiraquien", a confié au Monde daté de dimanche l'ébauche d'une "offre" électorale pour un éventuel après-Sarkozy.

L'interview s'accompagne d'une photo sur fond noir où le maire de Bordeaux a voulu apparaître à la fois classique (costume sombre, cravate bleue) et décontracté (mains dans les poches), en accord avec l'entretien d'un possible présidentiable qui ne peut pas encore se définir comme tel.

"Mon gaullisme, c'est une pensée politique qui allie patriotisme et humanisme. Chirac a ajouté un certain pragmatisme, une connaissance de la France profonde, du terroir, de la ruralité (...) Il y a des tendances profondes qu'il faut sentir", explique-t-il, faisant comprendre en creux ce qui le différencie du locataire actuel de l'Elysée.

Celui qui fut numéro deux dans le premier gouvernement Fillon, avec rang de ministre d'Etat (à l'Ecologie), prend des gants: il ne visera l'Elysée en 2012, via les primaires, que si l'actuel président décidait de ne pas se représenter. "Le candidat naturel de la droite en 2012, c'est Nicolas Sarkozy", insiste-t-il.

Il revendique son "amitié" pour le chef de l'Etat en déclarant tout net "je ne suis pas anti-sarkozyste" et lui accorde quelques satisfecits, notamment d'avoir "bien géré la crise".

Ceci posé, M. Juppé déroule ce qui apparaît comme un début de programme électoral, critiquant au passage ce qui a fait la "marque" Sarkozy et a permis à ce dernier d'accéder à la magistrature suprême: son style, sa volonté de lancer toutes les réformes en même temps, de se placer en "rupture" avec Jacques Chirac.

"Je ne crois pas à la rupture, je n'y ai jamais cru", assène M. Juppé. Ce qui ne l'empêche pas de proposer à son tour sa propre rupture avec la politique actuelle, décochant de nombreuses flèches contre M. Sarkozy.

"Une partie du désamour" des Français envers le président est "incontestablement lié au style", affirme-t-il, tout en temporisant: "après la sarkofolie, la sarkophobie! Il faut relativiser les mouvements d'opinions".

Critique également sur le rythme des réformes, M. Juppé estime "qu'on ne peut pas faire tout en même temps". Lui qui avait payé par un semblable désamour des Français, en 1997, quand il avait voulu gérer à la fois les retraites et la dette de la Sécu, estime aujourd'hui qu'on ne peut pas bousculer "trop d'habitude à la fois, en coalisant trop de mécontents".

Autre flèche: la taxe carbone. Pour M. Juppé, aujourd'hui écologiste convaincu, "on ne peut pas se contenter de dire qu'on va attendre que les Européens se mettent d'accord sur une taxe carbone aux frontières", comme le propose aujourd'hui M. Sarkozy.

M. Juppé réaffirme également ses critiques envers le bouclier fiscal qu'il faut "adapter" pour un système fiscal "plus juste", son opposition à une loi sur le voile intégral, en raison des "risques de stigmatisation de l'islam", ou au débat sur l'identité nationale.

Pour l'aider à réfléchir à son programme, M. Juppé a d'ores et déjà annoncé la création d'un "think tank" transcendant si possible "les étiquettes politiques". "Il faut rechercher le consensus, j'en parle en connaissance de cause", dit-il.

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