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Victimes de pédocriminalité: les évêques reportent l'annonce du montant du forfait financier

Les évêques ont reporté l'annonce du montant du forfait financier proposé aux victimes d'agressions sexuelles commises par des prêtres, qui devait être proposé lors de la rencontre des évêques fin mars à Lourdes, a-t-on appris mercredi auprès de l'épiscopat.

Le 9 novembre, les quelque 120 évêques réunis à Lourdes pour leur session automnale avaient voté pour un dispositif destiné à la "reconnaissance de la souffrance" subie par les personnes agressées, qui passait par "une somme d'argent unique et forfaitaire".

Son montant devait être proposé aux évêques lors de la prochaine session de printemps (du 31 mars au 3 avril), tout comme le fonds de dotation spécifique, qui doit permettre de verser ce forfait, avait alors indiqué la Conférence des évêques de France (CEF).

Or ce ne sera pas le cas. "Rien n'est abandonné. Mais nous avons besoin d'un temps d'appropriation", a déclaré mercredi devant la presse Thierry Magnin, secrétaire général de la CEF.

"Il n'y a pas de fléchissement dans la détermination" à mettre en place cette mesure, a-t-il assuré, sans se prononcer sur un nouveau calendrier.

En novembre le président de la CEF Eric de Moulins-Beaufort avait précisé que le fonds de dotation serait alimenté par les "évêques", les "prêtres coupables quand ils sont vivants", et des fidèles "qui voudront bien venir nous aider", cette dernière mesure ayant eu un écho mitigé parmi les intéressés.

Certaines victimes elles-même ont aussi critiqué la mesure, n'approuvant pas ses modalités, ou la jugeant insuffisante et prématurée, car arrivant avant les conclusions et préconisations prévues début 2021, de la Ciase, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise, qui enquête sur la pédocriminalité commise par le clergé depuis les années 1950.

L'idée est donc de "faire infuser", "de se laisser du temps", pour que cette décision soit partagée par le plus grande nombre, indique-t-on à la CEF.

"Pour nous c'est une victoire", a réagi auprès de l'AFP Olivier Savignac, une ancienne victime, membre du groupe de travail sur le sujet avec la CEF. "Ca signifie qu'ils nous ont entendus, lorsque nous disions qu'il fallait attendre les préconisations de la Ciase".

"C'est bien qu'on ne se précipite pas", a renchéri Véronique Garnier, également membre de ce groupe. "On est en plein travail. Il vaut mieux prendre le temps de bien organiser les choses", a-t-elle souligné.

Outre la question financière, les évêques et les victimes travaillent sur trois autres thématiques liées à la pédocriminalité: la question d'un "travail de mémoire", passant éventuellement par l'instauration d'un "Mémorial" pour les personnes victimes, la prévention et ou encore l'accompagnement des prêtres coupables. "Tous ces groupes n'avancent pas au même rythme", selon Mme Garnier, "donc c'est bien de prendre du temps".

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