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"Omar m'a tuer": les grandes dates de l'affaire Raddad

Du meurtre de la riche veuve Ghislaine Marchal en 1991, pour lequel le jardinier marocain Omar Raddad a été condamné puis gracié partiellement, au rejet par la justice de sa deuxième requête en révision, les grandes dates d'une affaire judiciaire à rebondissements.

- Meurtre d'une riche veuve -

Le 23 juin 1991, la veuve d'un industriel en équipements pour l'automobile, Ghislaine Marchal, 65 ans, est tuée à coups de chevron de bois et de couteau.

Son corps est découvert le lendemain dans une pièce en sous-sol de sa villa de Mougins (Alpes-Maritimes) dont la porte a été barricadée et où l'on trouve deux inscriptions en lettres de sang: "Omar m'a tuer" et "Omar m'a T.".

- Omar Raddad inculpé -

Omar Raddad, jeune jardinier marocain employé depuis 1987 par Mme Marchal, est inculpé d'homicide volontaire le 27 juin et écroué à Grasse. Il conteste les faits qui lui sont reprochés.

Le 23 août 1991, les résultats d'une première expertise graphologique sur les deux inscriptions tendent à prouver que Mme Marchal aurait pu les avoir écrites elle-même.

- 18 ans de réclusion -

Le 2 février 1994, la cour d'assises des Alpes-Maritimes déclare Omar Raddad, 31 ans, coupable du meurtre. Le jardinier défendu par Me Jacques Vergès continue de clamer son innocence. Il est condamné à 18 ans de réclusion criminelle.

En mars 1995, son pourvoi en cassation est rejeté.

Le 23 mai 1996, le président Jacques Chirac signe un décret pour accorder une grâce partielle à Omar Raddad: sa peine est réduite de quatre ans et huit mois.

- Liberté conditionnelle

Omar Raddad est libéré le 4 septembre 1998 de la centrale de Muret (Haute-Garonne) après avoir purgé plus de sept ans de prison.

Moins de 5 mois plus tard, son avocat dépose une requête en révision portant notamment sur les expertises graphologiques, jugées contradictoires et sur l'absence de recherches d'empreintes sur l'arme du crime.

- Nouvelles expertises -

Le 31 octobre 2000, deux graphologues désignés par la commission de révision jugent qu'"il n'est pas sûr que ce soit Mme Marchal qui ait écrit +Omar m'a tuer+".

Une autre expertise met en évidence que la trace de main ensanglantée accompagnant l'inscription est faite du sang de Mme Marchal, mêlé à un sang masculin. Début 2001, il est établi que cet ADN masculin n'est pas celui de M. Raddad.

- Refus de rejuger

Le 20 novembre 2002, la Cour de révision rejette la demande d'un nouveau procès, estimant que les traces d'ADN constituaient un élément nouveau, mais pas de nature à faire naître de doute sur la culpabilité de M. Raddad, puisqu'il était "impossible de déterminer à quel moment, antérieur, concomitant ou postérieur au meurtre ces traces ont été laissées".

- Nouvelles traces d'ADN -

S'appuyant sur une loi du 20 juin 2014 visant à assouplir les critères pour obtenir la révision d'un procès, la nouvelle avocate d'Omar Raddad, Me Sylvie Noachovitch, obtient que soient ordonnés de nouveaux prélèvements sur deux portes et le chevron qui se trouvaient sur la scène de crime.

En novembre 2015, le parquet de Nice annonce y avoir découvert de nouvelles traces d'ADN, deux empreintes parfaitement exploitables, deux autres partiellement. Un peu moins d'un an après, les analyses concluent que l'ADN des scellés n’est pas celui du jardinier.

En 2019, un rapport commandé par l'avocate relève une trentaine de traces d'un ADN complet masculin - n'appartenant pas au jardinier - dans l'inscription "Omar m'a t". L'expert conclut en faveur de l'hypothèse d'un dépôt de ces empreintes au moment des faits, et non d'une pollution ultérieure.

- Nouvelle demande de revision

Le 24 juin 2021, trente ans jour pour jour après la découverte du corps de Ghislaine Marchal, Me Noachovitch dépose une nouvelle requête en révision. Six mois plus tard, la justice ordonne de nouvelles investigations.

Le 13 octobre 2022, la justice rejette la deuxième requête en révision de l'ex-jardinier.

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