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Au Nicaragua, le combat des mères pour libérer les "prisonniers politiques"

Lylliam Ruiz était une mère au foyer tranquille jusqu'à ce que son fils soit emprisonné pour avoir participé à des manifestations contre le pouvoir du président nicaraguayen Daniel Ortega. Aujourd'hui, avec d'autres femmes, elle lutte pour la libération des "prisonniers politiques".

"C'est un combat difficile, je pleure quand je vois la photo de mon fils, mais nous devons être fortes pour que nos demandes soient entendues et qu'on nous rende nos enfants", raconte à l'AFP cette mère de quatre enfants, âgée de 57 ans, dans sa modeste maison d'un quartier pauvre de Managua.

Son fils, Hanssel Vázquez, un journaliste de 26 ans, avait quitté son travail dans une chaîne publique pour devenir un des leaders du Mouvement du 19 avril en pointe dans les manifestations contre le gouvernement.

Il a été arrêté en juillet, battu et incarcéré. Trois mois après, il était condamné à 17 ans de prison pour "terrorisme". Lylliam se souvient de son procès où il est apparu entouré de centaines de policiers "comme s'il était un narcotrafiquant".

"La seule chose qu'a fait mon fils c'est de s'élever contre la dictature", dit-elle, les yeux remplis de larmes.

Selon des organisations de défense des droits humains, plus de 700 opposants ont été emprisonnés depuis avril pour avoir participé à des manifestations contre le pouvoir de Daniel Ortega, 73 ans, accusé par ses opposants de vouloir instaurer une dictature sur fond de corruption.

La répression a fait également 325 mort et 50.000 Nicaraguayens ont pris le chemin de l'exil.

Lylliam Ruiz est devenue une des dirigeantes du Comité pour la libération des prisonniers politiques, une organisation qui, dit-elle, s'est constituée "spontanément" en pleine vague de répression des manifestations, et où des femmes luttent pour faire libérer leur fils, frère ou mari.

- "Des combattantes" -

"Nous, les femmes nicaraguayennes, nous sommes des combattantes", confie cette ancienne membre du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) du président Ortega, au pouvoir depuis 2007.

Après des mois de suspension, le gouvernement et l'opposition ont repris le 27 février leur pourparlers pour tenter de trouver une issue à la crise politique et économique qui secoue le pays, un des plus pauvres d'Amérique latine.

"Le gouvernement doit reconnaître que le pays aspire à un changement", dit-elle, disant espérer que la "petite porte" qui s'est entrouverte avec la relance des négociations aide à résoudre la crise.

Quelques heures avant la reprise des discussions, cent opposants -- mais aucun leader -- ont été libérés, et sont désormais assignés à résidence. Parmi ceux-là, Ana Nicaragua, une étudiante en comptabilité de 25 ans, arrêtée chez elle en septembre par des policiers et paramilitaires.

Sa mère, Juana Lopez, 62 ans, raconte comment l'arrestation extrêmement violente de sa fille lui a "arraché le coeur". "Ils l'ont emmenée presque nue, l'ont menottée dans une voiture" de police, se souvient-elle.

Ana a été condamnée à quatre ans de prison pour détention d'armes et obstruction sur la voie publique par des barricades pendant la vague de manifestations, des accusations qu'elle rejette.

Désormais en résidence surveillée chez elle, elle tente de soigner les crises d'angoisse et les problèmes gastriques hérités de ses cinq mois en prison.

Elle raconte à l'AFP s'être jointe aux manifestations car elle n'était pas d'accord avec la réforme de la sécurité sociale du gouvernement qui réduisait de 100 dollars la retraite de son père malade, âgé de 92 ans.

"J'aspire à un Nicaragua meilleur", dit la jeune femme. "Nous continuons à résister parce que tout cela va bientôt finir et le Nicaragua sera un pays libre".

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