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"C’est un martyr du Liban, voilà ce qu’il est." Inconsolable et profondément choquée, Najoua accompagne un proche vers sa dernière demeure. "Maman, je t’envie, dit-elle. Tu es morte, tu ne dois pas assister à ça."
Dans un cercueil blanc, la dépouille du frère de Najoua, George. Ce caporal de l’armée libanaise donnait son sang à Beyrouth au moment de l’explosion. Cet homme, comme plus de 150 autres victimes, a péri dans la catastrophe.
Entre recherche et désolation
Pour l’instant, ce bilan n’est que provisoire. A Beyrouth, sur le site de l’explosion, les recherches se poursuivent dans les décombres d’une ville sinistrée, sous un soleil intense et par 30 degrés. Trois jours après l’explosion, les chances de retrouver des victimes vivantes sont très maigres: "Si elles ne sont pas sous terre, elles n’ont aucune chance, se désole Bashar, volontaire à la défense civile libanaise. En plus de l’explosion, il y a aussi eu trop de fumée, des produits chimiques. Si elles avaient survécu, elles auraient suffoqué."
A l’hôpital, les rescapés ne manquent pas. Ayla, lourdement blessé, raconte son calvaire: "Je suis extrêmement chanceux d’être en vie. Je ne peux pas oublier l’explosion, le bruit, les images devant mes yeux. J’ai littéralement vu des morceaux de corps éparpillés sur la voie publique. Des gens criaient, des enfants aussi. Des morceaux de corps, une main, deux jambes."
Dehors aussi, l’heure est au bilan. Les Libanais, amères, se mobilisent pour nettoyer les dégâts. Ils pourront compter sur une aide européenne d’urgence d’un budget de 33 millions d’euros.