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Les interrogations autour du mur frontalier réclamé par Trump

Sésame pour endiguer les flux d'immigration illégale ou promesse électorale infondée ? Le mur que le président Donald Trump veut ériger à la frontière sud des Etats-Unis est au coeur de la paralysie partielle des administrations fédérales depuis deux semaines et demi.

Quel est exactement le fond du débat ?

- Y a-t-il une crise migratoire ? -

Le président Trump évoque une "crise de sécurité nationale" à la frontière avec le Mexique pour justifier son projet de mur.

Après un déclin en 2017, les arrestations de migrants à la frontière sont effectivement reparties à la hausse à la fin de l'an dernier avec 2.000 personnes en situation irrégulière arrêtées chaque jour en moyenne en octobre et novembre, des niveaux comparables au pic de 2014.

Les arrivées en provenance des pays pauvres d'Amérique centrale -- Honduras, Salvador et Guatemala principalement -- nourrissent cette augmentation, alors que les flux originaires du Mexique sont eux à la baisse.

La plupart de ces migrants invoquent l'instabilité et les violences dans leur pays pour demander le statut de réfugiés. Le système d'asile américain n'est pas dimensionné pour faire face à ces requêtes et un grand nombre de migrants sont laissés libres une fois leur dossier enregistré. Selon l'administration Trump, ils disparaissent alors dans la nature.

Autre nouveauté: depuis quelques mois, il y a davantage d'enfants et de familles parmi les migrants. Environ 15.000 mineurs non accompagnés sont actuellement hébergés dans des structures surpeuplées.

- Y a-t-il une menace sécuritaire ? -

Le président ne cesse de marteler que des trafiquants de drogues, des membres de gangs criminels et même des terroristes se glissent parmi les migrants et que seul son mur pourra les stopper.

Les garde-frontières ont interpellé, en 2018, 3.000 "migrants suspects" à la frontière avec le Mexique, a assuré la ministre à la Sécurité intérieure Kirstjen M. Nielsen. "La menace est réelle", a-t-elle tweeté lundi soir, en assurant que le nombre de personnes liées au terrorisme interpellées à la frontière sud avait doublé au coeur des deux dernières années.

Mais les experts des questions de sécurité relèvent que la plupart des arrestations de criminels - que ce soit pour trafic de drogues ou pour terrorisme - ont lieu à des points d'entrée officiels et qu'un mur ne changera rien.

- Comment la frontière est-elle sécurisée ? -

Lors de la campagne électorale de 2016, Donald Trump avait promis de construire un mur le long des 3.200 kilomètres de la frontière avec le Mexique.

Un tiers de la frontière a déjà un mur ou une barrière et, depuis l'élection du magnat de l'immobilier, des centaines de millions de dollars ont été dépensés pour renforcer ces structures dans les zones les plus fréquentées, notamment tout à l'ouest entre Tijuana et San Diego.

Les patrouilles, la surveillance par caméra ou drone, ont également été renforcées. Des militaires ont aussi été déployés.

Donald Trump réclame 5,7 milliards de dollars au Congrès pour ériger 377 kilomètres de mur (ou de barreaux en métal) en plus. La Maison Blanche veut aussi des fonds supplémentaire pour recruter des juges de l'immigration, des garde-frontières, des douaniers...

- Pourquoi essuie-t-il un refus ? -

Les démocrates, mais aussi de nombreux républicains, ont dénoncé le projet de mur, jugé excessif, inutile et inefficace pour régler le problème.

L'opposition, qui a dénoncé une solution "médiévale" à "des problèmes du 21e siècle", ne veut pas "gaspiller" l'argent du contribuable pour que M. Trump satisfasse une promesse de campagne.

Elle exige de mettre un terme au "shutdown" qui gèle un quart des administrations fédérales depuis le 22 décembre, avant de discuter des moyens de résoudre la crise migratoire.

Les démocrates aimeraient un accord global qui inclue une solution pour les plus de 10 millions de sans-papiers qui vivent aux Etats-Unis, et au moins pour ceux arrivés enfants, les "dreamers".

M. Trump refuse et menace de décréter une "urgence" nationale pour contourner le Congrès. Mardi soir, il s'adressera à ses concitoyens pour tenter de les convaincre du bien-fondé de sa demande.

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