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Bompard prend les rênes de LFI sous les critiques de figures insoumises

Le manque de démocratie interne menace une fois de plus de plonger La France insoumise dans la crise alors que Manuel Bompard, proche de Jean-Luc Mélenchon, s'apprête à prendre sous les protestations la tête du mouvement, dévoilée samedi sans inclure plusieurs de ses figures.

"On est dans un processus évolutif. Je comprends que ça puisse interroger et déranger les habitudes", a déclaré Manuel Bompard lors d'une conférence de presse organisée à Paris à l'issue de "l'Assemblée représentative" de 160 cadres et membres.

Celui qui ne sera nommé officiellement à la tête de la nouvelle "coordination" que dans les prochains jours, de concert avec d'autres membres de cette direction nommée pour un an, a tenté d'éteindre la colère de figures insoumises qui n'en font pas partie. Elles n'avaient pas été invitées à l'événement: les députés Alexis Corbière, Clémentine Autain, François Ruffin ou encore Eric Coquerel.

"Nous tenons au renouvellement", a déclaré le député Gabriel Amard, soulignant que "plus de 50%" des 21 membres de la direction étaient nouveaux. Une porte est ouverte aux mécontents: "le travail se poursuit, d'ici à la prochaine Assemblée représentative de juin; le groupe parlementaire devra travailler aux modalités de sa représentation" dans la direction.

A l'heure où les autres partis de l'alliance de gauche Nupes sont en congrès et votent, Manuel Bompard dit continuer de préférer le "consensus" plutôt que les élections pour éviter "l'affrontement entre une majorité et des minorités".

"Alors que le moment appelle pour LFI à la cohésion et l'ouverture, la direction choisit la fermeture et le verrouillage", avait auparavant cinglé samedi auprès de l'AFP Clémentine Autain. "Fer de lance de la Nupes, notre mouvement a une responsabilité historique notamment dans la course contre l'extrême droite, mais le message envoyé est de nature à fragiliser le rassemblement".

Si la désignation de Manuel Bompard à la tête du mouvement est "naturelle car il sait très bien organiser", Eric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, affirmait aussi vendredi la "découvrir".

D'une manière générale, "il serait souhaitable que soit représentée dans la direction toute la nuance du mouvement", a plaidé l'élu de Seine-Saint-Denis.

"Je n'ai été au courant de rien, aucune info, aucun coup de fil", peste en privé un autre pilier du groupe. "J'ai candidaté (pour l'un des pôles) et fait des propositions... sans réponse".

- "Machin" -

A côté de cette direction opérationnelle restreinte, va être créé un "conseil politique", lieu de débat sur la stratégie, composé d'élus, personnalités et cadres insoumis. Cette instance sans dirigeant et à la fonction consultative n'était pas prévue jusqu'à très récemment, témoignent plusieurs députés qui ont appris son existence cette semaine.

Qu'ils acceptent d'y siéger n'est pas acquis, prévient un poids lourd du groupe LFI. "Ils ont décidé de nous mettre dehors, du coup ils créent un machin pour faire diversion. Il se réunira tous les mois, c'est une blague..."

Et le même de critiquer un Manuel Bompard qui "s'est auto-désigné, a fait une direction à sa main - une purge - tout en détenant l'argent" de LFI.

Ces remous éclipsent les réformes qui doivent "changer la nature du mouvement", dixit le prochain dirigeant: création de boucles départementales pour que les groupes d'action locaux, jusque-là autarciques, communiquent entre eux; "contributions volontaires" que les militants pourront affecter eux-mêmes aux postes de dépenses locaux ou nationaux, achat de locaux dans les zones rurales et péri-urbaines pour tenter d'y rivaliser avec le Rassemblement national, création d'une école des cadres...

"Tout cela va dans le bon sens" pour ancrer et diversifier le mouvement, estime Eric Coquerel, même s'il ne se dit pas contre de futures élections internes parce que "les gens ont envie de donner leur avis".

"LFI a été créée (en 2016) pour des campagnes électorales, maintenant que nous avons 75 députés et sommes la première force de gauche, nous devons lui donner un cadre pérenne", résume l'ancien chef du Parti de gauche.

Jean-Luc Mélenchon, lui, a pris la parole dans la matinée devant l'Assemblée représentative pour confirmer qu'il allait co-diriger avec la députée Clémence Guetté l'Institut La Boétie, think tank insoumis. Et l'ancien candidat à la présidentielle intègre la "coordination" du mouvement.

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