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Mondial de rugby: Kamaishi, au nom des victimes du tsunami de 2011

L'émotion sera forte mercredi lors du match Fidji-Uruguay à Kamaishi, une modeste ville japonaise qui a perdu plus d'un millier des siens lors du tsunami géant de mars 2011.

Cette agglomération de 34.000 habitants située sur la côte maritime du nord-est du pays a dû être quasi intégralement reconstruite. Des ruines a aussi émergé un stade flambant neuf, dont la capacité a été portée à 16.000 places pour la Coupe du monde.

Faire de ce chantier sportif une priorité n'a pas été au goût de tout le monde, certains habitants vivant toujours dans des logements provisoires, huit ans après la catastrophe. Mais beaucoup y voient un puissant symbole de renouveau et d'espoir.

"C'est très important pour nous d'écrire une nouvelle page d'histoire (de la ville, NDLR), un héritage que nous chérirons", déclare à l'AFP le maire de Kamaishi, Takenori Noda.

Ancien bastion sidérurgique, Kamaishi a aussi un glorieux passé rubgystique: au début des années 1980, le club local Nippon Steel Kamaishi RFC avait remporté sept championnats nationaux d'affilée, gagnant le surnom "d'hommes de fer du Nord". Les "Kamaishi Seawaves" ont par la suite pris le relais, et la ville s'est unie autour de son équipe après le traumatisme du 11 mars 2011.

Le maire veut raviver cette fierté: "Les jeunes enfants de Kamaishi ne savent plus pourquoi la ville était célèbre pour le rugby", explique-t-il. "Accueillir la Coupe du monde ici à Kamaishi sera une grande opportunité et une grande expérience pour eux".

Takuma Kawasaki, un garçon de Kamaishi de 12 ans qui joue au ballon ovale, a hâte que le match arrive: "On a eu beaucoup de difficultés (ces dernières années, NDLR) mais maintenant je suis tellement heureux que l'on puisse accueillir la Coupe du monde de rugby", dit-il à l'AFP.

- "Courez, courez" -

A Kamaishi, les souvenirs de la catastrophe sont omniprésents. Des panneaux de signalisation viennent partout rappeler le niveau atteint par la vague, et un poignant mémorial appelle à ne pas oublier: "Courez, courez vers les hauteurs... et dites aux futures générations qu'un tsunami est monté jusqu'ici".

Le nouveau stade lui-même s'appelle le "Kamaishi Unosumai Memorial Stadium". Il a été bâti sur les décombres de deux écoles emportées par le raz-de-marée, mais dont les plus de 400 élèves ont miraculeusement survécu en courant sur deux kilomètres pour se réfugier dans les collines voisines.

Du stade partent deux chemins d'évacuation qui serpentent dans les hauteurs, et à quelques centaines de mètres des poteaux, des digues de protection ont été reconstruites face à l'océan.

Le choix de Kamaishi pour accueillir deux matches de la Coupe du monde (Fidji-Uruguay mercredi et Canada-Namibie le 13 octobre) fait partie d'une stratégie plus large du gouvernement nippon de revitaliser le tourisme dans le nord-est du pays: la ville de Fukushima accueillera notamment des épreuves de baseball pendant les Jeux olympiques de Tokyo l'été prochain.

"Au moment du désastre, nous avons reçu un tel soutien d'autres régions du Japon et de l'étranger, donc nous avons vraiment envie de montrer à tout le monde que nous allons bien et que nous avons su nous relever", expliquait l'an dernier Takeshi Nagata, ancien demi de mêlée des Kamaishi Seawaves.

Les supporters étrangers qui feront le voyage jusqu'à Kamaishi, situé à 04H30 de Tokyo en train seront bien accueillis. "Nous avons de l'excellent alcool ici", garantit Takeshi Nagata.

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