Accueil Actu

Mondiaux d'athlétisme: journée noire pour les Bleus

Renaud Lavillenie (perche), Jimmy Vicaut (100 m) et Rénelle Lamote (800 m) incapables de se qualifier pour la finale, abandon de Yohann Diniz (50 km marche) et Alexandra Tavernier seulement sixième au marteau: la 2e journée des Mondiaux de Doha a été catastrophique pour les Français, samedi.

Les Bleus avaient certes débarqué sans certitudes au Qatar après une saison sans relief pour la plupart de leurs leaders mais il était difficile d'imaginer un tel fiasco après seulement 48 heures de compétition. A ce rythme, le bilan risque d'être famélique, deux ans après les 5 médailles récoltées à Londres.

La principale sensation de cette soirée cauchemardesque est venue de la perche, avec la sortie prématurée de Renaud Lavillenie. Le recordman du monde (6,16 m) n'a jamais réussi cette année à retrouver son meilleur niveau, loin des trois hommes à plus de 6 m, le Suédois Armand Duplantis, le Polonais Piotr Lisek et l'Américain Sam Kendricks. Mais une telle contre-performance est rarissime de la part de celui qui a collectionné les médailles en plus de dix ans de carrière.

C'est bien simple: jamais le Clermontois n'avait échoué aux portes de la finale dans un grand championnat en plein air. Dans la moiteur de Doha, il a pourtant été incapable d'effacer une barre à 5,70 m, très loin de ses standards habituels.

- Le début de la fin ? -

Alors qu'une nouvelle génération pointe le bout de son nez, il faut se rendre à l'évidence: à 33 ans, Lavillenie commence à voir sa courbe de résultats décliner doucement mais sûrement, même si le champion olympique (2012) a balayé cette thèse d'un revers de main, donnant déjà rendez-vous en 2020.

"Je vais bien rigoler en lisant la presse demain, a-t-il lâché. Mais personne n'a le droit de dire ce que je dois faire et que c'est déjà fini. Cela fait 10 ans que je fais 18 médailles et je rate une compétition et on dit que c'est fini, il ne faut pas se foutre de la gueule des gens. J'ai toujours réussi à rebondir et à me prendre en main."

Il y aura tout de même un Lavillenie en finale de la perche mardi avec Valentin (28 ans). Mais malgré sa joie personnelle, le cadet n'a pas pu cacher son émotion, lui qui rêvait tant de se retrouver mardi parmi les heureux élus avec son grand frère.

"Mon cœur balance, a-t-il déclaré en larmes. Je reviens de tellement loin (une grave blessure à la cheville, ndlr) et je lui dois beaucoup. Les chirurgiens disaient que jamais je ne pourrai ressauter et recourir. Etre là, c'est un délire. Passer en finale c'est ouf. Mais un seul être vous manque et tout est dépeuplé."

- 'Grosse erreur' -

L'arrêt au bout d'une quinzaine de km de Yohann Diniz a été l'autre grande déception côté tricolore. Le champion du monde en titre du 50 km marche avait eu des mots très durs jeudi contre la tenue des Mondiaux au Qatar avec ses températures caniculaires. Il a préféré rapidement abréger ses souffrances plutôt que de poursuivre une course où il ne s'est jamais senti à son aise.

"Je crois que j'ai fait une grosse erreur, j'aurais dû rester sur quelque chose de positif au lieu de m'entêter à venir ici, a-t-il affirmé, totalement exténué. Je suis venu ici, je ne sais pas trop pourquoi. La tête n’y était pas, je m'asphyxiais vite."

Dans des conditions beaucoup plus supportables sur la piste du Khalifa stadium climatisé, Alexandra Tavernier n'a pas non plus brillé. La vice-championne d'Europe du marteau (2018) constituait une sérieuse chance de médaille mais elle est passée à côté de son concours.

Quatre ans après le bronze décroché aux Mondiaux de Pékin, il y avait pourtant un très beau coup à jouer en l'absence de la double championne olympique et quadruple médaillée d'or mondiale Anita Wlodarczyk, opérée du genou gauche.

Mais la détentrice du record de France (74,84 m) est restée bloquée à 73,33 m, l'or revenant à l'Américaine DeAnna Price (77,54 m).

Jimmy Vicaut, éjecté dès les demi-finales du 100 m (10 sec 16), n'a pas été plus heureux. C'est la première fois depuis 10 ans qu'il n'y a pas eu de Français en finale mondiale sur la ligne droite, remportée par l'Américain Christian Coleman (9 sec 76). Mais l'issue était prévisible pour le recordman d'Europe (9 sec 86) qui n'est pas allé plus vite cette saison que 10 sec 02.

Ce sombre tableau a été complété par Rénelle Lamote (800 m) et Ludvy Vaillant (400 m haies), incapables de se hisser en finale. Une soirée vraiment à oublier pour les Bleus.

À lire aussi

Sélectionné pour vous