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Pour le mouvement anti-avortement américain, la bataille est désormais locale

En savourant leur victoire vendredi après la décision de la Cour suprême, les opposants à l'avortement ont promis de tout faire pour que chaque Etat américain interdise la pratique.

Qualifiant la décision "de victoire historique pour les droits humains", les tenants du mouvement ont annoncé leur entrée dans une nouvelle phase, centrée sur le niveau local.

La Cour suprême ayant dynamité le droit constitutionnel à l'avortement, chaque Etat est désormais libre de faire son choix.

Mais pour d'autres militants, le but ultime est de revenir devant la haute juridiction afin de faire garantir aux foetus les mêmes droits qu'une personne, ce qui reviendrait à faire de l'avortement un meurtre.

C'est un "tout nouveau mouvement pro-vie (nom que se donnent les militants anti-avortement, ndlr)" qui commence, a jugé Marjorie Dannenfelser, présidente du groupe Susan B. Anthony List.

"Nous sommes prêts à passer à l'offensive pour défendre la vie dans chaque organe législatif, dans chaque législature d'Etat et à la Maison Blanche", a-t-elle dit.

Même écho du côté du groupe March for Life, qui a rappelé dans un communiqué que "bien qu'il s'agisse d'un grand pas dans la bonne direction, renverser Roe (v. Wade, arrêt qui garantissait ce droit, ndlr) ne met pas fin à l'avortement".

- Elections -

Une partie de ce travail a déjà été fait. Près de la moitié des Etats devraient interdire ou limiter de façon drastique l'accès à cette procédure - certaines lois sont mêmes entrées en vigueur presque immédiatement après la décision de la Cour.

Mais d'autres Etats, comme la Californie, prennent le chemin inverse, en promettant de protéger ce droit.

Pour les militants favorables à l'accès à l'avortement comme pour leurs adversaires, la bataille change désormais d'échelle, pour se jouer dans les tribunaux ou lors des élections locales.

Le groupe March for Life a ainsi immédiatement envoyé un e-mail de levée de fonds pour stimuler les efforts locaux.

"Dire que nous sommes ravis serait un euphémisme, mais notre travail ne s'arrête pas là", ont commenté ces militants.

Ils ont souligné les efforts déployés par l'autre bord pour tenter d'obtenir une législation fédérale et des décrets de la Maison Blanche pour protéger l'accès à l'avortement.

Marjorie Dannenfelser a expliqué que son groupe se concentrait sur les élections de mi-mandat en novembre, lors desquelles les républicains espèrent reprendre le contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat.

"La décision d'aujourd'hui augmente l'enjeu" de ces scrutins, a-t-elle estimé.

- Interdiction totale -

Mais le mouvement voit bien plus loin, et voudrait obtenir du Congrès ou de la Cour suprême une interdiction totale de l'avortement, au motif qu'un foetus a les mêmes droits qu'une personne.

"A travers l'histoire, tant de groupes ont été injustement privés de leur statut de +personne+ par la société comme par la loi", a déclaré March for Life. "L'avortement n'est pas différent."

"Nous voulons l'abolition de l'avortement", a déclaré Americans United for Life. "La question de l'avortement ne sera jamais réglée tant que la Cour suprême n'abolira pas ce fléau moral."

Autre champ de bataille: les pilules abortives, qui représentent aujourd'hui la moitié des IVG aux Etats-Unis.

Faciles à acheter sur internet, elles réduisent la portée des interdictions - ce dont les Etats sont bien conscients.

Le Kentucky et le Dakota du Sud ont ainsi interdit récemment l'envoi de ces pilules par courrier.

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