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L’accident mortel à Saint-Georges-sur-Meuse aurait pu être évité: un équipement capital n’était pas présent à cet endroit

Le système de signalisation sur le lieu de l'accident ferroviaire survenu dimanche soir à Saint-Georges-sur-Meuse n'était pas équipé du système de sécurité TBL1+. Si cela avait été le cas, l'accident aurait pu être évité, rapportent les journaux de Mediahuis mercredi.

Après l'accident ferroviaire de Buizingen en 2010, l'ensemble du réseau des chemins de fer a été équipé du système de sécurité TBL1+, qui enclenche un freinage automatique si le conducteur d'un train ignore un feu rouge. Mais le système de signalisation sur le lieu de l'accident ferroviaire survenu dimanche soir à Saint-Georges-sur-Meuse n'en était pas équipé. L'enquête sur place a pu le démonter. Les conséquences sont lourdes. "C'est très clair. Si la signalisation avait été équipée de ce système de sécurité, l'accident ne se serait pas produit", a affirmé une source proche du dossier.

Le train de passagers a percuté un train de marchandises 800 mètres après le feu de signalisation. Selon plusieurs spécialistes des chemins de fer, cette distance aurait été suffisante pour arrêter le convoi.

L'ensemble des lignes ferroviaires belges sont bien équipées du système de freinage d'urgence TBL1+ mais seuls deux tiers des feux de signalisation en sont équipés, précise Infrabel, gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire. Ceci signifie que le risque est couvert à 99,99%. Le porte-parole Frédéric Sacré précise qu'il n'a jamais été dit que 99,99% des feux de signalisation sont équipés de ce système de sécurité.

Selon les chiffres d'Agoria.be publiés en mars 2015, 7.500 signaux sur 10.700 ont été agrémentés du système TBL1+, système qui vise à empêcher un train de franchir un feu rouge. Toutes les lignes en sont équipées mais un choix a dû être fait sur la signalisation. "Nous partions de rien", souligne Frédéric Sacré. Le TBL1+ a ainsi été installé sur les signaux qui se trouvaient dans les zones à risque et les lieux sensibles, tels que les aiguillages ou les passages à niveau ce qui permet à Infrabel d'assurer une couverture du risque de 99,99%.

Fréderic Sacré rappelle le caractère transitoire du TBL1+, mis en place à la suite de l'accident de Buizingen de 2010. "Son installation accélérée sur le réseau belge ne peut constituer qu'une solution transitoire et s'articuler avec une installation telle que prévue par les deux entreprises (SNCB et Infrabel) du système ETCS."

Ce dernier est une standardisation européenne qui permet notamment de contrôler en permanence la vitesse des trains. Le projet est d'équiper le réseau belge d'ici 2022. Selon les journaux du groupe Mediahuis, le feu de signalisation de la ligne 125 à l'endroit de la collision entre deux trains dimanche soir n'était pas équipé du TBL1+. Infrabel insiste sur le fait que la société collabore de manière étroite avec la Justice et qu'il respecte le secret lié à l'enquête. Le gestionnaire déplore les conclusions hâtives publiées dans la presse.


Les données du drame de Saint-Georges analysées à Malines

Le parquet de Huy confirme l'analyse en cours de la boîte noire contenant les données du drame ferroviaire de Saint-Georges. Une cellule d'experts a été mise en place, mais les investigations vont durer plusieurs mois.

Le procureur du roi Brigitte Leroy explique qu'en ce qui concerne la récolte des différents procès-verbaux, le dossier avancera assez vite. "Mais je suis en incapacité de révéler un agenda lié au dépôt du rapport d'expertise". Les données récoltées doivent reprendre de nombreux facteurs, tels que la vitesse, les mesures de sécurité, les conditions météorologiques. Le procureur ajoute que le dossier prendra son temps mais sera traité avec rigueur. Les analyses de la boîte noire et les constations sur place devront ensuite être compilées par une cellule d'experts. Ces premiers éléments constitueront le rapport qui sera remis au parquet. "Je suis consciente du délai d'attente pour les victimes. Néanmoins, nous prenons toutes les dispositions pour que la procédure judiciaire soit la plus cohérente et juste", conclut Brigitte Leroy.


Un député N-VA lance de graves accusations

Le député de la N-VA Wouter Raskin a indiqué mercredi en commission de l'Infrastructure de la Chambre que le système de freinage automatique TBL1+ aurait dû être installé sur le poste de signalement de Hermalle-sur-Huy, sur la ligne 125 où a eu lieu dimanche soir un accident mortel de trains à Saint-Georges-sur-Meuse. Une entreprise de Flandre orientale, qui obtient de Tuc Rail (filiale d'Infrabel) tous les marchés en région liégeoise même si elle n'est pas toujours la moins chère, l'avait emporté en 2014, a-t-il précisé. "Ce dossier pue", a commenté Wouter Raskin, au grand étonnement de ses collègues et du ministre de la Mobilité François Bellot. "C'est une question dont je n'ai jamais entendu parler. Est-ce que cela a pu influer sur la bonne exécution? Le questionnement est là", a indiqué le ministre.


Une des deux voies de circulation remise en service

L'une des deux voies de circulation concernées par l'accident ferroviaire dans la commune de Saint-Georges-Sur-Meuse a été remise en service mercredi à 16h58 ce mercredi, a annoncé le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire Infrabel. Le premier train - qui reliera Liège à Huy - est prévu à 18h06, a quant à elle indiqué la SNCB.

A l'origine, la remise en service était prévue pour la mi-journée mercredi mais les travaux ont duré plus longtemps que prévu. "Il a fallu repositionner le ballast, c'est-à-dire les cailloux sur lesquels la voie repose et qui en assurent la stabilité. Il fallait être sûr que l'assise de la voie était bien stable", a précisé Frédéric Sacré d'Infrabel. La seconde voie, plus endommagée, devrait être remise en état avant minuit, d'après les dernières estimations d'Infrabel. Un retour à la normale de la circulation peut être espéré pour demain/jeudi matin. "Pour l'heure, le plan de transport reste adapté à cette zone-là mais dès que l'infrastructure sera entièrement en état, la circulation normale des trains reprendra", a souligné Thierry Ney, le porte-parole de la SNCB. Infrabel avait reçu le feu vert de l'expert judiciaire mardi en fin soirée pour la remise en service d'une des deux voies concernées par la collision entre un train de voyageurs et un train de marchandises dimanche soir.

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