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"C’est la 6e fois depuis la rentrée scolaire que le train de mon fils est supprimé": Jean-Marc, un habitant de Quévy, fulmine contre la SNCB

Le fils de Jean-Marc, un habitant de Quévy, prend le train le matin pour se rendre à l'école à Mons. Mais, depuis la rentrée scolaire, son train habituel a été annulé à plusieurs reprises. Quand c'est possible, son père le conduit en voiture. Ce qui représente un budget carburant non négligeable. Quelles sont les causes de ces suppressions ? Et Jean-Marc peut-il demander une compensation à la SNCB ?

"La SNCB commence vraiment à exagérer. C’est la sixième fois depuis la rentrée scolaire que le train des enfants est supprimé", s’énerve Jean-Marc fin septembre via le bouton orange Alertez-nous. Cet habitant de Quévy, dans le Hainaut, dénonce la situation vécue par son fils et plusieurs autres navetteurs de leur village. Tous les matins, ils prennent le train de la ligne Quévy-Mons-Bruxelles.

"Il y a pas mal de gens qui bossent sur Bruxelles ou d’étudiants qui doivent se rendre sur Mons. Et là, depuis la rentrée scolaire, le train de 7h12 que mon fils Niko prend et beaucoup d’autres jeunes du village pour aller à l’école a été supprimé six fois", souffle le père de famille. "Du coup, on essaie de s’arranger entre parents pour les conduire, mais on ne sait pas tous les prendre. A chaque fois, il y a un groupe de jeunes qui doit attendre à la gare et prendre le train suivant. Le souci, c’est qu’ils arrivent alors 30 minutes en retard à l’école", regrette Jean-Marc.

Quand c’est possible pour lui, il conduit lui-même son fils à l’école. Mais au-delà de la perte de temps, cela représente un coût non négligeable. "Au prix du carburant, c’est cher. On a payé les abonnements scolaires, soit un peu plus de 140 euros pour l’année, et on est obligés de se taper la route en voiture. Cela commence à bien faire", déplore le papa.

C’est embêtant et angoissant pour lui quand il n’a pas de train

D’après lui, il est loin d’être le seul à se plaindre de ces suppressions. "Il y a beaucoup de familles dans le village qui sont mécontentes. Et cela touche d’autres villages de la région, comme Frameries parce que la ligne passe par là aussi", assure-t-il.

Et Jean-Marc déplore le fait que ces suppressions sont souvent annoncées tardivement. "J’ai l’application SNCB et je vérifie tous les jours pour essayer d’anticiper. Mais ils ne préviennent même pas tout de suite. Quand je regarde à 7h du matin, il n’est rien indiqué et ce n’est qu’une fois sur place à la gare que l’annonce est faite sur le quai, à l’heure où le train est censé partir", déplore le papa.

Et, selon lui, dans la majorité des cas, aucune alternative n’est proposée aux voyageurs. "Parfois, un bus navette les prend en charge mais la plupart du temps, il n’y a rien".

Cette situation est particulièrement stressante pour lui et son fils âgé de 17 ans. "Niko est en dernière année, en rhétorique à Mons. C’est embêtant et angoissant pour lui quand il n’a pas de train. Un jour, par exemple, il avait un examen à la première heure et, s’il était en retard, il le ratait. Mais ça, ils s’en foutent".

"Nous avons principalement des soucis avec le matériel roulant" 

La porte-parole de la SNCB confirme des problèmes sur la ligne Mons-Quévy. "Nous avons en effet connu plusieurs suppressions ou compositions déforcées sur cette ligne durant cette période, principalement en raison de soucis avec le matériel roulant mais aussi car notre matériel a souffert des chaleurs extrêmes de l’été. Nos techniciens ont identifié les dysfonctionnements les plus récurrents et travaillent aujourd’hui à leur résolution", explique Marianne Hiernaux. D’après elle, la SNCB met en œuvre un plan de fiabilisation des trains afin de garantir une "meilleure disponibilité du matériel roulant" et "améliorer la maintenance".

Par ailleurs, la porte-parole affirme que la société est en train de remplacer les anciens trains par les nouveaux trains M7, comme Infrabel travaille à la modernisation du réseau dans la région. "La SNCB est consciente de l'impact pour ses voyageurs et met tout en œuvre pour le diminuer autant que possible", assure Marianne Hiernaux.

Un manque de personnel est la cause de 15% des trains annulés !

La porte-parole n’évoque pas un autre problème qui explique la multiplication des trains annulés : le manque structurel de personnel. La compagnie ferroviaire est confrontée à un taux d'absentéisme élevé et peine à trouver des remplaçants pour les travailleurs qui s'absentent inopinément.

Selon la société de transport, l'absence du personnel est responsable de 14,7% du nombre de trains (partiellement) annulés au cours des six premiers mois de l’année. Des absences liées au Covid et aux quarantaines éventuelles mais aussi à des cas d'agression des travailleurs. Lors de la manifestation il y a une dizaine de jours, les syndicats ont d’ailleurs dénoncé cette situation. "Aujourd'hui, on doit faire face à une diminution importante du personnel. Les cheminots sont épuisés à cause d'un manque d'effectifs", a déploré Anthony Signorino, secrétaire régional CGSP. "Il faut plus de personnel. Il manque 3.000 à 4.000 cheminots", a estimé Marc Eyen, détaché permanent CSC Transcom.

Le nombre de suppressions a en tout cas atteint un sommet au premier semestre de cette année. Près de 22.000 trains ont été supprimés, selon les données publiées par Infrabel, le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire. Sur l'ensemble de la période, plus de 8.200 trains ont été totalement annulés tandis que la suppression n'a concerné qu'une partie du trajet pour les quelque 13.000 autres.

Je doute que la SNCB nous indemnise le carburant

D’après Jean-Marc, la situation tend à s’empirer. "Cela fait six ans que mon fils prend le train. Avant, on n’avait pas autant de soucis pour le conduire à l’école. Il y a eu le covid. Et ça, on peut le comprendre. Mais là, c’est fini", souligne-t-il. "Et je doute que la SNCB nous indemnise le carburant".

Pourtant, d’après la porte-parole, si un train est annulé ou annoncé avec un retard de plus de 60 min, sans alternative pour minimiser le retard, une compensation est prévue. "Le voyageur peut obtenir un remboursement pour le trajet annulé. S’il était en cours de trajet, il peut aussi demander un remboursement pour retourner à sa gare de départ et pour le trajet déjà effectué", assure Marianne Hiernaux.

Le navetteur peut également échanger son ticket pour voyager à un autre moment, le jour même ou à une date ultérieure. "Les formulaires et les conditions se trouvent sur le site web de la SNCB", précise la porte-parole.

Une tâche administrative que Jean-Marc trouve contraignante. "La procédure pour porter plainte est assez lourde. C’est décourageant. On n’a pas envie de le faire", souffle-t-il. Mais le père d’un autre jeune du village s’apprête à entreprendre les démarches, en espérant que la situation s’améliore.

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