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Victime des inondations mais sans assurance, Irfan n'a pas droit à toutes les aides... car il a un job: "Il vaut sans doute mieux ne pas travailler"

Pour les sinistrés des inondations du 14 juillet 2021, la reconstruction est toujours compliquée. C'est d'autant plus le cas si leur habitation n'était pas assurée. Pour recevoir de l'aide, le parcours est long et parfois très frustrant. Et comme le pointe notre témoin, ceux qui travaillent ont moins d'aides financières que les autres.

Irfan Kurtulus a été sinistré le 14 juillet dernier lors des terribles inondations qui ont touché la région de Verviers où il habite. Il nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous pour nous raconter ses difficultés. "Dans mon habitation, il n'y a plus que des murs de briques en fait", explique-t-il. "Tout a été saccagé."

Même s'il n'y a jamais de bonnes périodes pour subir de tels dégâts, le timing était encore pire pour le père célibataire. Il n'était en effet plus assuré. Travaillant dans le secteur de l'horeca, il a longtemps été mis au chômage durant les deux dernières années, à cause du covid et des différentes périodes de fermetures. "J'avais déjà des complications avant mais ça a été décisif", soupire-t-il. "Avec 1100 euros maximum par mois, je ne savais plus payer l'assurance."

"Il vaut mieux ne pas travailler pour être aidé"

Pour pouvoir réparer les dégâts qu'il estime à près de 100.000 euros, Irfan multiplie les demandes auprès du CPAS pour obtenir une aide financière. Sans succès car, selon lui, elles sont réservées aux plus démunis, qui ne travaillent pas. "Personnellement, je ne vois pas de différence entre les sinistrés", dit-il. "Les gens qui ont fait des dons, ils les ont faits pour tous les sinistrés et pas pour une partie d'entre eux. Il vaut sans doute mieux ne pas travailler pour être aidé."

Gaëlle Denys, présidente du CPAS de Verviers, confirme mais nuance. "Les personnes qui ont un revenu n'auront pas droit à l'aide de la Croix-Rouge", dit-elle. "Par contre, tout le monde peut venir faire une demande au CPAS en ce qui concerne le fond inondation qui vient du Fédéral."

Ce fond permet d'acheter du matériel de première nécessité ou de répondre à des besoins urgents. Mais il n'aidera pas Irfan à entreprendre d'importants travaux dans son habitation.

Une seule solution: le fond des calamités

N'étant pas assuré, l'homme de 42 ans n'a donc plus qu'une seule solution: se tourner vers le fond des calamités. "Cela fait 6 mois que j'ai rentré un dossier et je viens seulement d'avoir une réponse", souffle-t-il. "Et c'était pour me dire que ça prendrait encore des mois et des mois."

Actuellement, la Région Wallonne a reçu 5505 dossiers mais personne n'a encore été indemnisé. Seuls 3% des dossiers sont pratiquement bouclés et plus de 2300 ont été renvoyés incomplets.

Avec un dossier complet et recevable, les non-assurés comme Irfan peuvent espérer recevoir 80.000 euros d'indemnités. Elio Di Rupo, Ministre-président Wallon, espère pouvoir payer dans des délais courts. "Dans les deux prochaines semaines pour tous les dossiers qui sont en ordre", précise-t-il.

Pour les sinistrés qui auraient besoin d'aide pour compléter leur dossier, un numéro d'appel a été mis en place: le 1718.

Hébergé dans la famille

Pour Irfan, le chemin s'annonce donc encore long. Le père célibataire est actuellement accueilli dans sa famille avec son fils. "Ca devient vraiment pénible de ne pas avoir de chez-soi depuis 6 mois", conclut-il.

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