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"Pourquoi ne pas éteindre tout l'éclairage nocturne ?" se demande Nicole: où en est-on ? Combien cela rapporterait-il?

Bruxelles va-t-elle continuer de briller la nuit ? Au vu de la flambée des prix de l'énergie, des citoyens proposent d'éteindre l'éclairage public afin de faire des économies. Via le bouton orange Alertez-nous, certains s'expriment. "Je suis convaincue qu'il faut aller plus loin pour faire des économieà l'échelle du pays en supprimant tout l'éclairage public. Nous sommes un des pays les plus éclairés au monde. Pourquoi ne pas éteindre tout l'éclairage nocturne ?", se demande Nicole.


Pour réduire nos factures énergétiques, faut-il plonger les communes dans l'obscurité ? Cet éclairage retient toute l’attention de Philippe Close, bourgmestre de Bruxelles. "Tout est en réflexion aujourd'hui. Ce que l'on doit trouver, c'est la balance entre la sécurité de nos habitants et de nos quartiers", explique-t-il.

84.000 points lumineux à Bruxelles

Aujourd'hui, 84.000 points lumineux éclairent la capitale. Une façon de rassurer les citoyens lorsque la nuit tombe et que la visibilité faiblit. Le bourgmestre est tout à fait conscient de leur impact sur le budget. Mais selon lui, il est indispensable pour la sécurité des citoyens.

"Si tout devait être dans le noir, c'est non seulement l'insécurité mais aussi l'ambiance qu'on donne, ce côté très anxiogène. Quand l'électricité d'une rue tombe en panne, ce sont des dizaines de mails qui arrivent chez moi, des coups de fil. Couper tout l'éclairage d'une ville se ferait aux dépens de l'ambiance de cette ville et ce n'est pas une bonne idée", argumente le bourgmestre. 

Les 84.000 points lumineux représentent 1% de la consommation énergétique de la Région bruxelloise. "77% de cet éclairage est à basse consommation d'énergie et près de la moitié peut être diminué. On va diminuer la facture en diminuant ce parc mais on va assurer la sécurité en le maintenant quand même", indique Philippe Close. Avant de conclure : "Supprimer complètement l'éclairage public n'est cependant pas réaliste et ça n'est pas non plus sain pour les habitants". 

L'éclairage, principale dépense des communes

L’éclairage public est le principal poste de consommation d’électricité pour les communes. "La modernisation par des Led est en cours. Les économies qui devaient être engendrées par la diminution de consommation des led est complètement mangée par l'augmentation du prix de l'électricité", éclaire Marianne Duquesne, conseillère experte à l'Union des villes et communes de Wallonie. 

En Wallonie, au prix actuel, le budget est estimé à 85 millions d’euros. Un montant que plusieurs entités veulent réduire. Mais il est important de prendre en compte plusieurs aspects techniques.

"L'éclairage public est piloté par des cabines qui desservent plusieurs rues ou un quartier. On peut commander l'exticntion de l'éclairage public pour une cabine mais on ne va pouvoir choisir de maintenir l'éclairage du passage piéton dans une rue et de couper le reste de la rue", rappelle Marianne Duquesne.

Même si on récupère seulement 20%, ça fait 17 millions d'euros

Des communes wallonnes réfléchissent ainsi à la coupure de l'éclairage public à un certain moment de la nuit "dans les quartiers où il n'y a pas une vie nocturne importante". "Lorsque l'on parle de 85 millions d'euros pour l'ensemble des communes, même si on récupère seulement 20%, ça fait 17 millions d'euros", souligne la conseillère. 

Une consultation populaire à Viroinval

À Viroinval (en province de Namur), la préoccupation est telle qu'une consultation populaire a été lancée. Il y a 5 ans, la commune installait des lumières Led. Sa facture d'énergie a ainsi été diminuée de moitié et 86 tonnes de CO2 ont ainsi été économisées. Au vu de ces premiers résultats positifs, le bourgmestre de Viroinval veut aller plus loin.

Via un sondage, les habitants ont ainsi été questionnés sur leur volonté de conserver ou de supprimer l'éclairage des rues. "On doit trouver le juste équilibre entre l'attente des personnes qui veulent aller revoir le ciel nocturne. Et celles qui ont la crainte de devoir se lever durant la nuit et de ne pas voir d'éclairage", nous explique le bourgmestre Baudouin Schellen.

83% des répondants favorables à une extinction

200 réponses ont ainsi été récoltées par cette commune de 5.700 habitants. 83% des répondants se disent favorables à une extinction de l’éclairage entre 23h et 5h. Le point doit désormais passer au conseil communal. Si la mesure est adoptée, cela permettrait de réduire encore de moitié la factureénergétique de la commune. 

Selon le bourgmestre Baudouin Schellen, il semble cependant difficilement envisageable de supprimer complètement l'éclairage. "Je pense qu'il faudra toujours garder des points de lumière. En France, plusieurs milliers de villages le font déjà mais je pense que les esprits ne sont pas encore prêts pour cela. Dans une zone rurale comme la nôtre, on peut tout de même faire un pas en ce sens si un collège communal le décide et si les citoyens sont d'accord", estime le bourgmestre. Aucune disposition légale n'oblige une commune à maintenir l'éclairage public sur ses voiries.
 
 
 
À noter que, de son côté, la Wallonie a opté pour l'extinction de ses autoroutes dès le 19 septembre. Concrètement, l'extinction des éclairages, entre 22h00 et 05h00, concerne la berme centrale des autoroutes, soit 20.000 points lumineux déjà modernisés. L'éclairage des échangeurs n'est pour sa part pas modifié. Le potentiel d'économie généré par cette décision s'élève à quelque 400.000 euros aux prix de l'énergie en 2022 et pourrait être bien plus important encore en 2023 selon le ministre wallon de l'Énergie et des infrastructures Philippe Henry. "Les citoyens attendent des pouvoirs publics qu'ils fassent eux aussi des efforts pour réduire leur consommation énergétique. Il s'agit ici de la concrétisation d'une mesure d'urgence prise par la Wallonie", souligne-t-il. 

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