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"Maman dessine": du marketing aux chambres de bébés, le coup de crayon de Mathilde a changé sa vie

Après une carrière dans le secteur bancaire et la communication, c'est dans les chambres d'enfants et les faire-part de bébé que Mathilde a orienté sa carrière professionnelle. Ses dessins font briller les yeux des plus petits comme de leurs parents.

Cette maman bruxelloise de 34 ans a un parcours plutôt étonnant: après avoir bossé plusieurs années dans la communication, le marketing et le secteur bancaire, elle a littéralement changé de vie professionnelle en lançant sa petite entreprise. Son talent et sa passion d'enfance pour le dessin ont resurgi du passé et l'ont guidée vers une nouvelle voie, assez éloignée de ses premiers jobs: la décoration de chambres de petits.

"J'ai eu des jobs de communication manager et je m'embêtais un peu", se souvient Mathilde qui ne s'ennuie plus du tout dans sa nouvelle vie.

C'est à la naissance de sa deuxième fille que cette maman a eu envie de changer d'orientation. "Je décorais sa chambre et je ne trouvais pas spécialement ce que j'aimais dans le commerce", déclare-t-elle. Alors, elle s'est replongée dans les crayons: "J'ai toujours bien aimé dessiner donc j'ai essayé". "J'ai commencé par les faire-part et j'ai eu envie d'assortir la déco de sa chambre", explique-t-elle. Elle a donc conçu et réalisé elle-même le faire-part, mais aussi la housse de couette et les stickers assortis (de grands autocollants qu'on applique sur les murs pour les égayer).


"Une exigence: une qualité irréprochable"

Mathilde a poursuivi ses expériences dans l'impression sur textile. "J'ai imprimé plusieurs choses, en faisant attention à l'aspect esthétique et pratique. Je voulais uniquement du coton, pour que ça soit doux au contact de la peau de mon bébé, mais aussi facilement lavable", explique Mathilde.

Devant les retours positifs de ses proches, elle a compris qu'il y avait quelque chose à faire. "Pourquoi pas me lancer là-dedans? Ça m'amusait et j'ai eu envie de changer", raconte l'entrepreneuse qui a décidé de changer de voie professionnelle sans période de transition: "Je ne voulais pas y aller à moitié donc j'ai été directement à full time sur mon idée. J'avais une exigence: une qualité irréprochable, mes filles étant ma référence".

La machine était lancée les clients se sont rapidement manifestés pour les dessins poétiques de Mathilde. La Bruxelloise se rappelle très bien des premiers, il y a deux ans: "Des amis d'amis, que je ne connaissais pas. C'était une aventure très chouette puisqu'ils me demandaient de créer un petit monde pour leur bébé: faire-part et déco de la chambre", se rappelle-t-elle.

L'apprentie décoratrice a alors dû faire face aux premières difficultés : elle n'avait pas encore établi de "méthodologie": "J'ai appris sur le terrain. Maintenant, j'ai un questionnaire qui me permet de bien cerner leurs attentes. Je sais comment je dois aborder les choses et poser mes questions".

Chez elle aussi, l'entrepreneuse a dû s'organiser: se créer un bureau-atelier dans sa maison bruxelloise, mais aussi sonner aux bonnes portes pour obtenir un petit coup de pouce pour se lancer. "Je suis passée par une structure de la Ville de Bruxelles pour bénéficier d'une aide au lancement et d'un coaching, explique-t-elle. Il s'agit de Job Yourself, un système de couveuse d'entreprises qui m'a permis de tester mon activité". Cela lui a également permis d'obtenir pas mal de réponses aux questions que se pose tout entrepreneur au moment où il se lance.


"Mes clients ont entre 0 et 10 ans"

Et puis, lancer sa petite entreprise lorsqu'on est mère de famille, cela demande un sacrée organisation. "Je fais des grosses journées. Je travaille dès que les enfants sont à l'école puis je retravaille le soir quand  ils sont couchés. Quand on est motivée, on ne compte pas ses heures", déclare Mathilde. Soutenue par son compagnon, elle s'est également fixé une petite règle pour faire la part des choses: "Je m'octroie des moments à moi. C'est la difficulté quand on se lance, c'est de limiter le temps de travail, mais c'est nécessaire", estime-t-elle.

"Maman dessine" compte actuellement une vingtaine de décorations de chambres à son actif, et c'est sans compter les faire-part proposés également séparément. Mathilde travaille seule mais évidemment, elle consulte les parents, futurs parents et enfants (s'ils sont en âge de parler) pour imaginer l'univers personnalisé  qu'elle va créer.

"Mes clients ont principalement entre 0 et 10 ans", plaisante la dessinatrice qui se régale à créer des stickers, papier-peints, abat-jours, housses de couettes, gigoteuses et autres peluches aux couleurs et motifs "100% originaux".

Mathilde a commencé en dessinant tout elle-même, guidée par les volontés de l'enfant ou des parents. "On me dit ce dont on a envie, quelles couleurs et je pars sur une ébauche, un croquis que je vais ensuite retravailler pour y ajouter de la couleur. Je rectifie le dessin en fonction du feed-back et je réalise une simulation pour que les clients visualisent leur sticker ou papier-peint".

Désormais, elle travaille également avec des illustrateurs. Elle reste la responsable de chaque projet et conserve le contact avec les clients mais formule d'autres propositions grâce à ses collaborateurs: "comme chaque illustrateur a un coup de crayon bien à lui/elle, ça me permet de ne pas rester enfermée dans mon style et de proposer des designs plus variés", ajoute-t-elle.

Bien sûr, cela prend du temps: il faut compter à peu près 3 mois pour la décoration d'une chambre avec un sticker et un abat-jour par exemple. Mais au final, la créatrice a le plaisir de voir pétiller les yeux des enfants, tout comme des parents.


Faire-part Maman dessine

"Une fierté d'avoir cerné leur demande"

Mathilde se souvient particulièrement de Romane, une petite fille de 4 ans pour laquelle elle a créé tout un univers imaginé par l'enfant. Elle voulait un lapin, une princesse qui parle aux écureuils, un cerf-volant... "Elle était toute fière" se souvient-elle aujourd'hui. Pour la dessinatrice aussi la satisfaction est énorme lorsqu'un chantier s'achève. "C'est pas mal de boulot donc oui, c'est  une fierté et beaucoup de satisfaction d'avoir bien cerné leur demande et les avoir fait rêver", explique-t-elle. Elle n'est pas là pour voir le visage de l'enfant qui découvre sa chambre mais elle reçoit souvent une photo ou un petit mot des parents.


Photo: Maman dessine

Et puis, derrière les dessins de Mathilde, il y a parfois de belles histoires. Comme ce faire-part de naissance pour lequel une future maman cherchait un joli hibou, différent de ce qu'on pouvait voir sur le marché. "On a donc dessiné le hibou de son style et dans les tonalités mixtes qu'elle souhaitait,se souvient la dessinatrice. On a dessiné sa nouvelle maison en fond, et le hibou avait le stéthoscope du papa, médecin. Chaque image a une histoire, et cela comporte des éléments de la vie des parents".


"Un petit monde qui leur ressemble et qu'ils personnalisent"

La démarche des parents qui s'adressent à Maman dessine peut être personnelle ou non: certains "veulent mettre leur vie à deux sur papier et créent un petit monde qui leur ressemble et qu'ils personnalisent comme ils ont envie", explique Mathilde. Au contraire, d'autres se montrent plus secrets: "ils sont dans l'imaginaire et n'ouvrent pas la porte de leur vie privée".

Généralement, les parents qui font appel à elle veulent quelque chose d'unique, qu'on ne trouve pas ailleurs dans le commerce. Alors, Mathilde se met à leur écoute et crée des univers avec des petits animaux et autres héros. Certains reviennent plus régulièrement comme leur animal domestique. Et la dessinatrice avoue sa préférence pour les "univers un peu féériques et pas spécialement réalistes".

Forcément, la maman bruxelloise apprécie le contact avec les clients, spécialement les futurs parents: "C'est une aventure, d'autant plus quand c'est lié à une grossesse. Cela leur permet de s'impliquer, ils ont l'impression de créer quelque chose. Les futurs papas sont très enthousiastes", note-t-elle d'ailleurs.


Photo: Maman dessine

"Je n'ai pas envie d'envisager autre chose"

L'entrepreneuse est également en contact avec les fournisseurs avec lesquels elle collabore: "la plupart des produits sont fabriqués en Belgique, ou tout au moins en Europe", précise-t-elle.

Épanouie, Mathilde fait le travail qu'elle aime et voit l'avenir sereinement: "Mon objectif c'est un bon équilibre entre un travail que j'adore et ma famille. Il y a pas mal de boulot mais je n'ai pas envie d'envisager autre chose", précise-t-elle. Soutenue par son mari, elle se nourrit de ses rencontres et de la satisfaction que lui procurent ses dessins sur les murs et les faire-part des petits.

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