Accueil Actu

Patrick le motard, fauché par une voiture, est ÉNERVÉ: "On nous colle constamment au derrière"

Victime d'un accident à moto, Patrick dénonce certains comportements dangereux de la part des usagers de la route. Plus précisément, il déplore le non-respect des distances de sécurité. Un domaine dans lequel les Belges ne sont pas de très bons élèves...

"J'étais en balade à moto à Aubel et je me suis arrêté à un panneau 'Cédez le passage', le triangle sur pointe. La personne qui était derrière était tellement proche de moi qu'elle m'est rentrée dedans avec sa voiture. J'ai été poussé sur la bande de circulation de la voie transversale. Cela aurait pu très mal finir. Je n'ose pas imaginer ce qu'il se serait passé si ma fille avait été avec moi", a raconté Patrick via notre bouton orange Alertez-nous.

Ce père de famille habitant Dalhem, dans le pays de Herve en province de Liège, pratique la moto en loisir depuis 15 ans. Mais lors de cette balade qu'il effectuait à proximité d'Aubel, il a été victime de son premier accident, et a bien cru qu'il n'en sortirait pas indemne. "Avec ma moto, j'ai glissé sur plusieurs mètres. J'ai mis un peu de temps à me relever car il fallait que je me dégage de dessous de la machine", a-t-il indiqué.


"C'était prévisible"

Une fois debout, Patrick réalise directement que c'est la voiture qui le suivait qui n'a pas pu s'arrêter à temps. Plus tôt, il l'avait déjà remarquée dans ses rétroviseurs. Proche, très proche de lui. "J'étais énervé parce que c'était prévisible tant il était trop près. Mais tout de suite, j'ai vu qu'il y avait un bébé sur le siège passager de la voiture qui m'a fauchée. J'ai donc eu le réflexe de demander si le bébé n'avait rien et cela a calmé les choses", a ajouté le motard.

"On a alors pu discuter un peu plus calmement et j'ai insisté auprès de la personne sur la notion de respect des distances de sécurité. J'ai bien dit que je ne lui en voulais pas. Un accident, ça pend au nez de tout le monde. Mais raison de plus pour minimiser les risques en respectant ces distances. Vous savez, un une seconde vous pouvez tuer quelqu'un, et une fois que c'est fait, c'est trop tard", prévient-il.

Secoué, Patrick a été transporté à l'hôpital où de multiples hématomes ont été constatés, mais rien de plus. Quelques jours après l'accident, par contre, il a été victime d'un choc post-traumatique. "C'est à peine si je pouvais parler. J'ai vu un psychologue, puis un psychiatre, et après quelques jours de traitement c'est passé", précise-t-il encore, estimant une fois de plus s'en être sorti avec beaucoup de chance.


Quelle distance respecter ?

Il n’y a pas de règle quantitative claire concernant la distance de sécurité dans le code de la route. Selon l’article 10, l’automobiliste doit "compte tenu de sa vitesse, maintenir entre son véhicule et celui qui le précède une distance de sécurité suffisante". Il doit également "en toute circonstance pouvoir s'arrêter devant un obstacle prévisible". La seule mesure chiffrée concerne les camions qui ne peuvent se suivre à moins de 50 mètres sur autoroute.

Mais s'il n'y a pas de règle claire, il existe néanmoins des recommandations, et on conseille généralement de laisser un délai de deux secondes avec le véhicule qui précède. La distance évolue donc logiquement en fonction de la vitesse. Sur base de ces recommandations, il est donc opportun de laisser un écart de 27 mètres avec le véhicule qui précède à 50 km/h, 38 mètres à 70 km/h, et 66 mètres à 120 km/h. Sur route glissante ou si votre véhicule est fort chargé, il est opportun d'allonger ces distances.


"Le non-respect est plus important sur autoroutes"

Ces chiffres vous paraissent plus que probablement exagérés. Logique: on observe rarement de telles distances de sécurité entre les véhicules sur nos routes. Et pourtant, nul n'est au-dessus des lois... physiques et ne sera capable de réduire drastiquement son temps de réaction et la distance qu'il faudra à son véhicule pour s'arrêter. "Il y a peut-être chez certains automobilistes une sous-estimation de la distance de freinage dont ils auraient besoin quand ils circulent vite", s'interroge Benoît Godart, porte-parole de l'Institut Belge pour la Sécurité Routière (IBSR).

Et ce dernier ajoute que plus la vitesse est élevée, moins les distances sont respectées. "Le taux de non-respect de la distance de sécurité est encore plus important sur les autoroutes: 40,9%. C'est sans doute lié au fait que la distance de sécurité est plus longue à haute vitesse et donc sans doute plus difficile à évaluer", conclut-il.

Pour Patrick, par chance, son accident s'est produit sur une route limitée à 50 km/h. Mais ce dessinateur industriel de 51 ans souhaite lancer un appel à la vigilance à tous les usagers du réseau routier. "C'est constamment que nous, les motards, on nous colle au derrière. Cela n'arrête jamais, que ce soit sur les autoroutes ou sur les nationales. Et je vise tout le monde ici: camionneurs, automobilistes, mais aussi d'autres motards. Or, respecter ces distances, ce n'est pas compliqué, et cela permet d'éviter des drames. Donc je crois sérieusement que cela en vaut la peine".

À la une

Sélectionné pour vous