Accueil Sport Football Football Etranger

Édito: Kevin De Bruyne décide de tout, même de mon titre

5 mois d'absence. 5 mois d'attente, d'impatience. Et tout de suite, des merveilles à la pelle, des actions parfaites. Comme si l'opération n'avait jamais eu lieu, comme si, pendant cinq mois, tu avais passé ton temps sur un transat au soleil, histoire de reprendre ton souffle. Comme si tu n'avais jamais souffert. Mais qui es-tu donc, Kevin De Bruyne ? 

Voir jouer Kevin De Bruyne, c'est comme observer un grand musicien lors d'un concert. C'est contempler, chercher à comprendre, imaginer les heures de travail nécessaires pour arriver à ce niveau. C'est s'imaginer à sa place et finalement, c'est se rendre compte qu'il y a quelque chose d'insaisissable, en fait. Tout cela dépasse totalement le registre de la logique humaine. Kevin De Bruyne, c'est le Picasso du football. C'est le meilleur serveur, dans le meilleur restaurant, celui qui transforme un hôtel cinq étoiles en établissement six étoiles. Il est inarrêtable. C'est le milieu de terrain préféré de ton joueur préféré. 

Mais c'est surtout ne rien comprendre. C'est regarder la télé, mettre sur pause pour analyser où il a vu un espace, puis remettre play et voir qu'en fait, il a choisi le plan B, qu'on n'avait même pas vu avec l'arrêt sur image. C'est tenter de prédire une action, pour qu'il en fasse une autre, beaucoup plus dangereuse, sinon ce n'est pas drôle. C'est soupirer de bonheur, c'est le fameux "olala" qu'on lance devant l'écran. C'est le plaisir, le champagne, c'est le football qu'on aime. Un jour, j'ai dit qu'Eden Hazard était un joueur PlayStation. Et bien De Bruyne, c'est la console. Tu peux faire ce que tu veux, à la fin, c'est lui qui décide. Et souvent, il prend la bonne décision. 

Déjà, quand on annonçait son retour de blessure, j'étais heureux. Et je ne l'avais pas encore revu toucher un ballon ! Là, on découvre sa nouvelle coiffure. Un peu comme le dégradé d'Eden Hazard à l'époque, il se dégage une vibe étrange. Comme s'il avait besoin de se métamorphoser, encore une fois, pour devenir la meilleure version de lui-même. Puis il y a les entraînements, Manchester City fait logiquement monter la sauce. Personnellement, j'avais hâte, mais avec prudence. Le dernier génie belge que j'espèrais revoir au haut niveau après une grosse blessure n'est aujourd'hui plus qu'un golfeur à la retraite (je t'aime Eden). Alors déjà, deux bonnes passes, cela me suffisait. Quelle naïveté.

J'avais oublié quelque chose. Kevin De Bruyne ne fait pas les choses comme les autres. La facilité, ça ne l'intéresse pas. Le temps non plus. Le temps, c'est lui qui le définit. C'est la réponse aux énigmes du trou noir dans l'univers. Entrée au jeu, boum, passe décisive. Pauves joueurs d'Huddersfield. Le soulagement est visible sur le visage de toute l'équipe de Manchester City. Oui, ça y est, après 5 mois d'attente, c'est papa qui revient. Il est là, il est à 10%, mais il est déjà là. Et il n'est pas là pour rigoler ou pour jouer avec ses potes. Lui, il est là pour prouver une chose: on ne se rend compte de la réelle valeur d'un joueur que quand on le récupère après une longue absence. 

Une semaine de plus à espérer qu'il enchaîne. 21 minutes de jeu. Un but d'abord, un assist ensuite. Newcastle s'écroule, le match bascule. Kevin De Bruyne est de retour. Qui est ce mec ? Comment la nature peut-elle expliquer un phénomène pareil ? Sa cicatrice est à peine refermée, comment on peut expliquer une chose pareille ? C'est l'art des immenses joueurs, réussir l'inexplicable, surprendre encore quand on pense avoir tout vu. L'orfèvre Kevin De Bruyne a enchaîné et ne s'est plus arrêté depuis. Il n'a même pas eu le temps de voir ses joues rougir, il a trouvé la recette parfaite. 

De Bruyne, c'est l'ophtalmologue dont tout le monde rêve. C'est celui qui voit dans le futur, celui qui trouve des espaces inexistants. C'est l'inspiration, le modèle, l'exemple parfait. Quel joueur extraordinaire. 7 apparitions, 2 buts, 7 passes décisives. Manchester City n'avait pas fondamentalement besoin de lui pour gagner, mais le football tout entier a besoin d'un joueur comme ça pour rêver. Xavi, Iniesta, Zidane, Beckham, Gerrard, toutes ces légendes voient en lui le reflet de leur propre histoire. 

32 ans, 5 mois d'absence et c'est comme s'il avait de nouveau 20 ans. Immense, Kevin De Bruyne. Profitons seulement de ce qu'il donne, avant qu'il ne soit trop tard. Imaginez l'Euro 2024 avec un joueur dans une telle forme. C'est fou. Alors prenez votre verre, avant même de saisir la bouteille, il aura déjà servi le vin.

Que c'est bon de te revoir, Kevin. 

À lire aussi

Sélectionné pour vous