Accueil Actu

Indonésie: des héros anonymes au secours des victimes de la bousculade dans un stade

"C'était traumatisant": quand l'un des pires drames de l'histoire du football s'est déroulé sous ses yeux dans un stade indonésien, le photographe Adi Bowo Sucipto a lâché son appareil pour porter secours aux victimes de la bousculade meurtrière, dont l'une a succombé.

Le mouvement de foule, qui s'est produit samedi dans le stade Kanjuruhan à Malang (Est de l'île de Java), a fait 131 morts.

De nombreux spectateurs ont trouvé refuge dans le centre de presse du stade, après avoir réussi à fuir les tribunes bondées vers lesquelles la police a tiré des gaz lacrymogènes.

Sucipto y a emmené un homme pris de convulsions et qui manquait d'air. Mais, comme beaucoup de supporteurs qui ont été écrasés ou asphyxiés samedi lors de la cohue, il est finalement décédé.

"J'étais choqué. C'était traumatisant et j'ai fini par m'éloigner", raconte cet Indonésien âgé de 43 ans, photographe depuis plus de dix ans.

Après avoir été témoin des terribles événements du stade Kanjuruhan, Sucipto culpabilise de ne pas s'être précipité, cette nuit-là, pour aider d'autres victimes.

"Pourquoi n'ai-je pas plus aidé?" se reproche le quadragénaire.

Autour du stade, beaucoup ont été témoins de cette tragédie et à aider les victimes de la bousculade.

Le petit stand d'Edy Tanto, situé à l'extérieur du stade, était plein de fans qui, faute de tickets, regardaient le derby entre l'équipe de football de Malang, l'Arema FC, et Persebaya Surabaya.

Dès le coup de sifflet final, des fans de l'Arema FC ont pénétré sur le terrain après la défaite de leur équipe contre celle de la ville voisine. C'est à ce moment là que tout a basculé.

Certains supporteurs se sont précipités hors du stade. Edy Tanto a aussitôt offert de l'eau aux victimes dont les yeux brûlaient à cause des gaz lacrymogènes.

- "Pas les idées claires" -

"Je n'avais pas les idées claires", se souvient Tanto, assis les jambes croisées sur le sol de son commerce.

"J'ai juste pensé à les aider".

Certains ont pris des bouteilles d'eau dans ses frigos, cherchant désespérément quelque chose pour soulager leurs yeux.

"Je n'ai pas pensé à l'argent. On a eu pitié d'eux quand ils sont entrés dans (le magasin) en titubant et le souffle court", explique Tanto à l'AFP.

De l'autre côté du stade, les mêmes scènes se produisaient.

La propriétaire d'un stand de nourriture décrit comment elle s'est précipitée pour aider les supporteurs victimes des gaz lacrymogènes se réfugiant dans son magasin, alors que les policiers ne faisaient rien.

Une femme est décédée dans sa petite boutique, raconte-t-elle, et des policiers ont commencé à éventer son corps sans vie à l'aide d'un carton.

"J'étais émue et je les ai sermonnés - je me moque de leurs grades", affirme la commerçante qui a requis l'anonymat par crainte de représailles de la part des autorités.

Elle dit leur avoir lancé: "vous saviez qu'elle était morte, pourquoi avoir continué à l'éventer?"

Après ce moment surréaliste, la gérante dit avoir massé une femme pour tenter de l'apaiser.

Ces témoignages ne représentent qu'une partie des multiples actes exemplaires de ceux qui étaient présents samedi soir sur les lieux de la tragédie.

Des hommes ont porté des victimes inconscientes jusqu'aux ambulances et des supporteurs ont tiré leurs amis de la cohue en refusant de les lâcher, leur sauvant ainsi la vie.

Comme Sucipto, d'autres journalistes, photographes et vidéastes, présents ce soir-là ont arrêté de faire des images pour aider les supporteurs qui se sont retrouvés dans la bousculade en tentant de sortir du stade.

"Il était urgent d'aider car il y a avait de nombreuses victimes", souligne Sucipto.

À la une

Sélectionné pour vous