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"Je pense être capable de battre le record du monde du 400 m", a lancé jeudi à l'AFP l'Américaine Sydney McLaughlin-Levrone (23 ans), championne olympique du 400 m haies, à l'aube d'un nouveau défi.
Après avoir ébloui la planète athlétisme en 2022 avec un record du monde impensable sur 400 m haies (50.68), la championne du monde aux apparitions rares débute sa saison vendredi soir avec le meeting de Ligue de diamant de Paris sur une nouvelle discipline.
QUESTION: Vous sentez-vous capable de battre le vieux record du monde du 400 m (47.60 par l'Allemande Marita Koch en 1985)?
REPONSE: "Je pense être capable de battre le record du monde du 400 m, mais c'est impossible de savoir si ça arrivera réellement, et quand ça pourrait arriver. Seul l'avenir nous le dira. Le but pour nous (avec son réputé entraîneur Bob Kersee) c'est simplement de travailler chaque jour pour devenir meilleure, peu importe la discipline que l'on choisit. Je ne me suis pas encore décidée pour mon programme cette année (aux Championnats du monde de Budapest, du 19 au 27 août)."
Q: Votre record avec les haies n'est que trois secondes plus "lent" que le record du 400 m...
R: Pour convertir un chrono de 400 m haies en chrono sur 400 m, normalement on enlève environ trois secondes. Donc d'après les mathématiques ça devrait être possible. Mais enlever dix haies ne rend pas les choses automatiques. 47 secondes c'est extrêmement rapide, il faut être très forte pour tenir ce rythme. A l'entraînement, j'ai commencé à comprendre les différences avec le 400 m haies, qui demande par exemple d'autres filières énergétiques."
Q: Votre performance en 2022 (50.68 en finale des Mondiaux à Eugene, aux Etats-Unis) était exceptionnelle. Comment avez-vous atteint ce degré de perfection?
R: "Pour réussir ce qui n'a jamais été réalisé avant, il faut pousser son corps à la limite, c'est ce que j'ai fait tous les jours à l'entraînement, physiquement et mentalement. Pour battre un tel record, il faut assembler toutes les pièces du puzzle au même moment. Je suis heureuse d'en avoir eu l'opportunité. J'ai souffert, ça a été difficile, mais la récompense était belle. Ca n'arrive pas tous les jours."
Q: Comment faites-vous pour aller si loin dans l'effort?
R: "Je crois que j'aime m'améliorer, progresser, trouver mes limites, comprendre ce dont je suis capable. Chaque haie, chaque obstacle sur mon chemin, je le prends comme un défi personnel. C'est extra de me battre contre moi-même chaque année d'essayer de trouver ce que je peux améliorer. J'aime devenir à chaque fois une meilleure version de Sydney. Évidemment, j'affronte mes adversaires, mais ce qui me fait avancer c'est ce combat intérieur. J'aime approfondir la maîtrise de mon sport."
Q: Vous vous fixez des objectifs élevés, rappelés régulièrement par les médias et votre entourage. Est-ce trop de pression?
R: "C'est beaucoup de pression, oui. Les médias me parlent beaucoup des records et des médailles, mais bon je ne peux pas m'enfermer et me couper du monde. Je ne me définis pas par rapport aux attentes, je préfère rester moi-même. Les médias peuvent me parler d'exploits, mais en fin de compte c'est moi et moi seule qui me prépare pour tout donner. Je ne peux pas tout gagner, améliorer tous les records, il faut en être conscient. Mais si je peux continuer à m'améliorer et à repousser mes limites, alors ça me va."
Q: Après un exploit olympique (elle avait remporté les titres du 400 m haies et du relais 4x400 m en 2021 à Tokyo), les sportifs ont souvent besoin de couper, parfois une année entière pour se ressourcer. Vous, vous avez enchaîné...
R: "Je suis très sélective dans mes choix de courses, ça m'aide à gérer cet aspect. Je sais que les gens aimeraient me voir courir plus souvent, mais je pense qu'il est sage de limiter le nombre de courses, nous gérons ça très bien (avec son coach). C'est ce qui va me permettre d'avoir une longue carrière en me protégeant mentalement et physiquement."
Q: Pourquoi avoir choisi Paris cette année, alors que vous disputez très peu de meetings habituellement?
R: "On voulait venir ici, être à Paris un an avant les Jeux olympiques. Ca permet de sentir un peu l'atmosphère de la ville, de prendre mes marques. Ils vont faire un super boulot l'an prochain, je m'attends à une ambiance électrique."
Propos recueillis par Robin GREMMEL