Partager:
Un outil "pour faire voir" les Mondiaux, puis dans un an les JO. A Paris, des bénévoles formés à l'audiodescription commentent tous les jours les épreuves de para athlétisme, une première grande étape avant le rendez-vous olympique de 2024.
"Raoua Tlili va aller se placer dans l'aire de lancer avec ses chaussures roses pétantes, elle a un débardeur rouge et porte le disque dans sa main droite. Elle est face à la tribune qui est à votre droite".
Il suffit d'écouter Mailys David les yeux fermés pour imaginer la scène. Assise au coeur de la tribune presse du Stage Charléty, la jeune femme de 21 ans commente la performance de la championne du monde tunisienne en catégorie petite taille au lancer du disque.
Sur ses oreilles, un casque et un micro reliés à une petite valise, dotée d'une platine. Cette dernière permet de retranscrire en instantané, pour les personnes aveugles ou malvoyantes, le concours qui se joue sur le terrain. Ses commentaires sont diffusés sur un site internet.
Le projet a été "commandé par le comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris", explique Renaud Vadant, superviseur du système d'audiodescription pour les Mondiaux, au sein de la Fédération française handisport.
"Ils avaient besoin d'une expérimentation grandeur nature du recrutement, de la formation et de mise en place", à un an des Jeux olympiques et paralympiques, poursuit-il.
- Sens du détail -
A Paris, 14 étudiants en journalisme font partie des bénévoles offrant ce "commentaire sportif amélioré".
"On rajoute des détails, des positionnements dans l'espace", détaille Mailys, qui a commencé l'audiodescription il y a un an.
"On ne doit pas être trop plongés dans les stats. Ça n'intéresse personne de savoir qu'untel a fait 8e il y a quatre ans. On veut savoir quelle est sa couleur de maillot, comment était son saut", énumère t-elle.
Les audiodescripteurs, dont certains font notamment partie d'ASA France - All Services Access - association qui encourage la mise en place d'audiodescription sur des événements, se perfectionnent au fil de la compétition.
"Le premier jour on nous a dit: +vous vous positionnez par rapport à vous dans la tribune presse, mais nous on arrive par l'entrée des spectateurs+, maintenant on le fait" explique Mailys.
Bénéficiaire du dispositif, Viknesh Ambarasan, journaliste, leur a conseillé "de toujours bien rappeler la position des athlètes avant chaque saut car sinon on peut s'y perdre", face au flux d'informations données en peu de temps.
- "Ça nous fait voir" -
Le service peut-être utilisé par des spectateurs, à l'aide d'un QR code qui redirige vers le site et ses canaux de diffusion, ou encore par des athlètes, comme Axel Zorzi, cinquième du 100 m T13:
"C'est quand même beaucoup plus autonomisant, quand on demande aux gens à côté de nous décrire la scène, ils font +ouh là!+"
"Ils paniquent", poursuit Delya Boulaghlem, spécialiste du sprint et du saut en longueur.
Les deux Français ont besoin "d'un flot constant d'informations" et de ne pas être confronté au "blanc".
"Sinon on se dit¨+mais qu'est ce qu'il se passe+", ajoute Delya Boulaghlem qui garde la page internet du service ouverte sur son téléphone pour se connecter régulièrement, un "complément" quand elle est en tribunes.
"Ça nous fait voir, on se voit même être à côté des athlètes", assure Zorzi.
Dans le cadre des seuls Jeux paralympiques (28 août-8 septembre 2024), 150 personnes seront recrutées afin d'assurer l'audiodescription de 37 disciplines.
Et "il y a du travail" pour s'adapter à l'événement, qui se déroulera notamment sur plusieurs sites, admet Renaud Vadant, "il y aura des superviseurs pour gérer le groupe et on aura certainement besoin de cadres intermédiaires".
Renaud Vadant aimerait également laisser place à des commentateurs non valides, ce qui nécessite "l'accessibilité des installations".
Plusieurs autres événements de handisport prévus dans l'année en France devraient enfin permettre de former de nouveaux profils.