Accueil Sport

JO-2018: Hanyu écrit l'histoire du patinage artistique

Il n'a pas pu retenir ses larmes. La star japonaise du patinage artistique Yuzuru Hanyu a conservé la couronne olympique samedi aux Jeux de Pyeongchang, un exploit inédit depuis 66 ans et d'autant plus retentissant que le patineur revient juste de blessure.

Le Japon s'offre même un doublé puisque, derrière le roi Hanyu (317,85 points), Shoma Uno a obtenu la médaille d'argent (306,90). L'Espagnol Javier Fernandez complète le podium (305,24): une médaille de bronze historique pour le patinage artistique ibérique, jusque-là jamais récompensé aux JO.

Une nouvelle fois, la performance de Hanyu a été précédée d'un déploiement massif de dizaines de drapeaux japonais dans la patinoire de Gangneung, la ville côtière qui accueille les épreuves olympiques de glace. Une nouvelle fois, une ovation a suivi chacun de ses sauts réussis. Entre eux, un silence fébrile. Puis la délivrance une fois les dernières notes jouées, et l'habituelle pluie de Winnie l'ourson - la peluche fétiche de "Yuzu" - venue des tribunes.

Son programme libre, riche de quatre quadruples sauts, n'a pas été aussi irréprochable que son programme court la veille (un retournement sur un "quad"), mais il a suffi à l'élève de Brian Orser pour s'imposer et accomplir une performance historique : devenir, à 23 ans, le premier patineur à conserver l'or olympique depuis l'Américain Dick Button, sacré en 1948 et en 1952.

- 'Je remercie ma cheville !' -

C'était loin d'être gagné quand, il y a trois mois, Hanyu a chuté à l'entraînement sur un quadruple saut et s'est sérieusement abîmé les ligaments de la cheville droite. Avant le rendez-vous olympique, il n'était plus apparu en compétition depuis fin octobre. Sa reprise de l'entraînement ne datait que d'un mois. Et ses premiers "quads" ne remontaient qu'à une quinzaine de jours.

"Je voudrais remercier ma cheville, elle a fait du bon boulot !", a lancé le double champion du monde (2014 et 2017) en zone mixte.

"Ma blessure à la cheville n'est pas complètement guérie, je lui ai beaucoup demandé lors de cette compétition. Il y avait des sauts et des éléments que je n'aurais pas dû faire mais que je me suis forcé à faire", a développé le Japonais en conférence de presse.

Le suspense pour l'or a pris fin quand Uno, le dernier en mesure de détrôner son compatriote, a chuté d'entrée sur son premier "quad".

Juste avant lui, Fernandez avait attendu sa note les yeux fermés, aux côtés d'Orser, qu'il partage avec Hanyu, les mains jointes. Mais deux "quads" ne pouvaient pas suffire.

Méconnaissable lors du programme court qu'il n'avait terminé que dix-septième, le jeune Américain Nathan Chen (18 ans), qu'on présentait comme un des principaux prétendants à l'or olympique avant la compétition, a lui relevé la tête avec panache.

- Chen, la rédemption -

"Même si j'ai essayé de le nier, j'ai ressenti énormément de pression (vendredi), a reconnu Chen. Ça m'a crispé sur la glace et ce n'est pas la bonne façon de patiner."

"Avoir patiné un programme court aussi désastreux et m'être retrouvé tellement, tellement bas au classement m'a libéré de la pression. Je ne sentais plus que je luttais pour la première place. Ça m'a permis de ne plus penser du tout au résultat et d'en profiter pleinement. Être débarrassé des attentes m'a beaucoup aidé", a-t-il expliqué.

"J'étais déjà tombé tellement de fois (cette semaine) que je me suis dit : +autant y aller et tout jeter dans la bataille, et advienne que pourra+. J'étais tellement loin que je n'avais plus rien à perdre", a-t-il ajouté.

Tout jeter dans la bataille, dans le langage Chen, ça veut dire tenter six "quads". Ce n'est pas une première, l'Américain l'avait déjà fait il y a un an aux Mondiaux-2017 mais il était tombé deux fois et avait échoué au pied du podium. Cette fois, il en a réussi cinq et a posé les deux mains sur la glace sur le sixième.

Une performance majuscule qui lui vaut de se consoler avec la victoire dans le programme libre, avec 215,08 points, nouveau record personnel (contre 204,34), et d'effectuer une belle remontée au classement. Mais la nouvelle pépite du patinage américain partait de trop loin et termine cinquième (297,35 points) à trois fois rien du Chinois Boyang Jin (297,77).

À lire aussi

Sélectionné pour vous