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Un revers foudroyant pour le plus jeune, des nerfs d'acier pour le plus âgé: les frères Alexis et Félix Lebrun, espoirs du tennis de table français, ont continué à impressionner la planète ping aux Jeux européens en Pologne, grâce à une entraide permanente et une envie de gagner partagée.
A 11 heures 30 lundi, dans l'enceinte du stade Hutnik à Cracovie, lorsqu'Alexis (19 ans) a entamé son quart de finale face au 9e meilleur joueur du monde, Félix (16 ans) l'a applaudi avec ferveur depuis la tribune de presse, l'air concentré.
L'Allemand Dang Qiu, champion d'Europe en titre, était le favori du tournoi et menait trois matches à un face à l'aîné de la fratrie, dont le jeu résolument offensif a surpris en avril jusqu'au vice-champion olympique Fan Zhendong (battu 3 sets à 2 à Macao).
Bousculé dès le premier set, Alexis Lebrun n'a pas perdu ses moyens pour autant: il avait un plan. Son jeune frère Félix, avec qui il s'entraîne depuis l'enfance, a joué contre Qiu récemment, et les deux espoirs partagent un document où se trouvent des notes sur leurs adversaires.
- "Voir jouer Félix" -
"On les met en commun, on y écrit nos sensations pendant les affrontements", a expliqué à l'AFP Alexis Lebrun après son match, remporté finalement quatre manches à une. Lors des fins de set, systématiquement serrées, l'actuel 18e du classement mondial a tenu bon, malgré l'expérience de son adversaire de 26 ans.
"J'ai essayé de tenir, de lui mener la vie dure et de prendre des risques. Il reste encore un match pour la médaille donc rien n'est fait... et maintenant je vais aller voir jouer Félix", a-t-il souri avec simplicité, avant d'aller se chercher à manger.
Dans l'après-midi, c'est Félix qui s'est élancé face à Andrei Eduard Inoescu, avec le statut de favori cette fois. Le défenseur roumain, 31e joueur mondial, a fini par craquer face aux revers foudroyants du Montpelliérain, qui a gagné 4 manches à 2.
"Je suis super heureux d'être en demies. Il était très fort en remise et j'ai voulu raccourcir les échanges au maximum avec mon revers", a commenté le plus jeune des Lebrun après sa rencontre, l'un des rarissimes Européens ayant adopté la prise porte-plume.
Lui aussi estime que les discussions nourries avec son frère ont alimenté leur succès respectifs depuis un an. "On s'entraine beaucoup ensemble, on essaye de se donner des conseils pour progresser. Cela serait énorme de s'affronter en finale", a-t-il estimé.
- Très différents -
En cas de victoire dans leur deux demi-finales, les bookmakers parieraient probablement sur le grand-frère, qui n'a jamais perdu face à Félix en tournoi officiel. Mais cela serait dans tous les cas "une grande satisfaction" pour la fédération.
"On est toujours surpris de tournoi en tournoi de la gestion de leur compétition au regard de leur jeune âge", s'est enthousiasmé Emmanuel Rachez, manager général de la Cellule 2024 du tennis de table français, auprès de l'AFP.
"Il y a vraiment une émulation entre les deux. Ils jouent de façon un peu opposé et au niveau caractère, ils sont très différents, mais ils n'arrêtent pas d'échanger et sont de très gros compétiteurs", a-t-il détaillé.
Alexis Lebrun (18e joueur mondial) affrontera mardi le Portugais Marcos Sousa (12h40 françaises), tandis que Félix sera opposé (13h30) au vainqueur du duel entre le Croate Andrej Gacina et l'Autrichien Daniel Habesohn.
Si cette compétition ne rêvet pas l'importance sportive d'un Championnat d'Europe ou de Mondiaux, quasiment tous les meilleurs joueurs du Vieux Continent étaient dans l'arbre du tournoi.
Un titre en Pologne pour l'un des deux frères confirmerait un peu plus leur ascension fulgurante vers les sommets du tennis de table mondial. "Il y a un an, ils étaient quasiment inconnus et il nous reste encore un an de travail avant les Jeux", relève Emmanuel Rachez. A ce rythme-là, les titres ne vont sans doute pas tarder à arriver.