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Jusque-là, Marketa Vondrousova ne passait pas inaperçue en raison des multiples tatouages qui parent ses bras. Désormais, la Tchèque sera reconnue comme une championne de Wimbledon.
Il y a un an, plâtrée au poignet gauche en raison d'une deuxième opération en trois ans, c'est en "civile" qu'elle était à Londres.
Venue avec sa soeur soutenir Miriam Kolodziejova, sa partenaire en double et meilleure amie qui jouait les qualifications, elles étaient "restées une semaine pour voir Londres", raconte Vondrousova.
"On est montées sur le London Eye (la grande roue panoramique à proximité de Big Ben, NDLR). On a fait du shopping, on s'est fait quelques bons restos aussi", ajoute-t-elle.
Avec seulement un deuxième tour à son actif à Wimbledon en quatre participations préalables, elle affichait des ambitions mesurées cette année, au point d'avoir laissé à la maison son mari pour garder le chat. Il a eu le droit de recourir au cat-sitter au tout dernier moment, pour venir assister à la finale.
Car cette année, la médaillée d'argent des Jeux de Tokyo en 2021 n'avait rien d'une touriste. Elle a enchaîné les victoires convaincantes face à Veronika Kudermetova (12e), puis Donna Vekic (21e), Jessica Pegula (4e) et enfin, en demies, Elina Svitolina, qui avait déjà atteint le dernier carré à Wimbledon en 2019.
- Wilander loue son "QI tennis" -
En finale, sa deuxième en Grand Chelem après sa défaite à Roland-Garros en 2019, elle est venue à bout 6-4, 6-4 de la Tunisienne Ons Jabeur, dont c'est déjà le troisième échec à ce stade après ceux, l'an dernier, contre Elena Rybakina à Wimbledon et Iga Swiatek à l'US Open.
"Ce n'est pas une surprise pour moi qu'elle ait un nouveau beau parcours dans un Majeur, parce que c'est une super joueuse", affirme l'ancien numéro un mondial suédois Mats Wilander au micro d'Eurosport.
"Elle n'a pas la puissance de certaines des meilleures joueuses mondiales, loin de là, mais en termes de finesse, de QI tennis et d'anticipation, elle est absolument brillante", insiste-t-il.
Derrière Petra Kvitova (9e) ou Barbora Krejcikova (11e), cheffes de file d'un tennis féminin tchèque qui compte 9 joueuses dans les 53 premières mondiales, Vondrousova s'est refait un nom.
Née le 28 juin 1999 à Sokolov, près de la frontière allemande, cette gauchère au gabarit modeste (1,73m) par rapport aux standards actuels avait culminé à la 14e place mondiale en 2019, l'année de son beau parcours à Roland-Garros, stoppé par l'Australienne Ashleigh Barty.
Mais des pépins physiques récurrents l'ont fait retomber au-delà de la 100e place en fin de saison dernière.
Lâchée par son équipementier Nike en janvier - comme d'autres joueuses -, elle n'avait toujours pas retrouvé de sponsor en arrivant à Londres.
- Pari gagné avec son coach -
Or Vondrousova, c'est aussi un "look". Dans ce temple de l'épure qu'est Wimbledon, ses multiples tatouages sur les bras détonnent.
Une fée clochette assise, une tulipe, les anneaux olympiques, des maximes comme "No rain, no flowers" (Pas de pluie, pas de fleurs), des porte-bonheurs comme le chiffre 13 ou "777" (combinaison gagnante des machines à sou), elle avoue avoir perdu le compte de cet inventaire à la Prévert commencé le jour de ses 16 ans.
"Pour moi, c'est aussi une forme d'art et j'aime les gens qui me les font", explique-t-elle.
Elle avait d'ailleurs fait un pari avec son coach, Jan Mertl: à présent qu'elle a remporté un tournoi du Grand Chelem, il va devoir, à son tour, passer sous l'aiguille du tatoueur.
Première finaliste non tête de série depuis Billie Jean King en 1968, Vondrousova, 42e WTA au début du tournoi, devient aussi la lauréate la moins bien classée de l'histoire devant Venus Williams, 31e quand elle avait battu Marion Bartoli en 2007.
Lundi, à la publication du nouveau classement WTA, elle sera 10e mondiale. Après le plus beau titre de sa carrière, son plus beau classement.