Accueil Actu

1800 mineurs par an impliqués dans un viol ou un attentat à la pudeur: "Tout a dérapé" témoigne David

Chaque année, plus de 1800 jeunes de moins de 18 ans sont cités comme auteur de viol ou attentats à la pudeur. La plupart du temps, il s'agit de jeunes garçons bien sous tous rapports, plutôt égocentriques et qui n'ont pas conscience des limites. C'est le cas de David, qui témoigne ce matin dans la matinale de Bel RTL.

David a grandi dans une famille plutôt ordinaire. Un après-midi, il rentre chez lui avec un ami et une jeune fille. "On avait été au magasin, on l'avait rejointe dans le bus et elle était revenue avec nous jusque chez moi", raconte le jeune homme à Antoine Schuurwegen.

Ils commencent à boire "des shots de vodka" et la jeune femme s'endort, sous l'effet de l'alcool. C'est à ce moment que les deux amis abusent d'elle.

"Il m'a demandé d'aller, moi j'osais pas, je me disais : 'Non, c'est pas possible, elle est endormie'. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête, je me suis mis sur elle et de là, tout a dérapé", explique David, qui a, depuis, passé plus d'un an et demi en IPPJ, avant d'être jugé comme un adulte.


Plusieurs points communs entre ces auteurs

Pour Serge Garcet, expert judiciaire et professeur en criminologie à l'Université de Liège, on retrouve plusieurs points communs chez ces jeunes : "Un faible niveau d'empathie, un égocentrisme, une affirmation de soi… Bref, une série d'éléments qui vont permettre à ce jeune de se dire: 'J'ai le droit d'imposer mon expérience au jeune qui va devenir ma victime'", explique le spécialiste.

Selon les statistiques des parquets de la jeunesse, en moyenne, chaque année en Belgique, près de 1.800 mineurs sont impliqués en tant qu'auteur dans une affaire de viol ou d'attentat à la pudeur. À celui-ci s'ajoute un important chiffre noir. Selon les experts rencontrés, c'est loin d'être un phénomène anecdotique, même si c'est un sujet qui est souvent passé sous silence voire tabou. On apprend encore que 20% des viols sur enfants et 50% des agressions sexuelles sur enfants sont commis par des adolescents. Dans 30% des cas, l'agression sexuelle a été effectuée en groupe et 50% des agresseurs adultes ont commis leur première agression alors qu'ils étaient adolescents.


Le contexte a son importance

Le contexte joue un rôle important puisque les violences sexuelles commises par des adolescents sont souvent des viols d'opportunisme, c'est-à-dire qu'ils abusent de la disponibilité de la victime. On remarque que ces violences ont lieu fréquemment dans le contexte intrafamilial ou dans le cadre de soirées de "binge drinking" (biture express), de bizutage, etc.


Pas de sens des limites

Si, jusque 14-15 ans, ces agressions et viols s'inscrivent dans un contexte de découverte de la sexualité, vers 16-17 ans, les auteurs sont souvent envahis d'impunité. Ils n'ont généralement pas conscience des limites, ce qui traduit "un faible niveau d'empathie, un égocentrisme et une affirmation de soi", comme le souligne le spécialiste.


Les points communs entre les auteurs de viols

S'il n'y a pas de profil type, on note que les auteurs sont majoritairement des garçons considérés comme "normaux" avec une vie sociale bien développée. Ce sont généralement eux les auteurs des agressions les plus violentes.

Internet et les images pornographiques qu'ils peuvent y voir jouent un rôle, en entretenant les rapports de forces entre les hommes et les femmes. S'ils en regardent beaucoup, les jeunes auront tendance à trouver cela "normal". La plupart disent faire la part des choses, mais cette accoutumance se fait de manière inconsciente. Au lieu de construire leur sexualité, ils risquent d'avoir tendance à reproduire ce qu'ils voient, sans esprit critique.

À lire aussi

Sélectionné pour vous