Partager:
Air France-KLM a annoncé mercredi vouloir réduire de 40% son offre sur les vols nationaux français d'ici à 2021, avec la fermeture de plusieurs destinations, suscitant l'inquiétude des syndicats.
"Le réseau domestique également va connaître une transformation accélérée", a déclaré le directeur général du groupe franco-néerlandais Benjamin Smith lors de l'assemblée générale.
Cette décision répond à une demande de l'Etat qui, après avoir accordé à Air France un soutien financier de 7 milliards d'euros, dont 4 milliards de prêts bancaires garantis à 90% par l'Etat et 3 milliards de prêt direct, lui avait demandé d'améliorer sa rentabilité et son impact environnemental, et d'entamer une réflexion sur son réseau en France.
"La capacité va être réduite de 40% sur la période d'ici à 2021, avec la fermeture de destinations, lorsqu'il y a une alternative ferroviaire à moins de 2H30 et lorsque ce service n'alimente pas le hub de Roissy-Charles-De-Gaulle", a expliqué Benjamin Smith.
Le transporteur, dont l'activité a été quasiment mise à l'arrêt par la crise du coronavirus, accuse une perte nette de 1,8 milliard d'euros au premier trimestre et affiche des perspectives très sombres jusqu'au troisième trimestre.
"Air France doit pouvoir tenir ses engagements tout en respectant le contrat social", a réagi Farid Slimani de l'Unsa aérien d'Air France, interrogé par l'AFP.
Vincent Salles, de la CGT Air France, juge "scandaleux que l'argent du contribuable serve à faire grossir les chiffres du chômage", exigeant un "conditionnement social" au soutien financier de l'Etat.
"On devine les suppressions d'emplois qui vont en découler", a déploré Joël Rondel, secrétaire du CSE (comité social et économique) de la compagnie régionale Hop!.
L'intersyndicale de cette filiale d'Air France a accusé récemment sa maison-mère d'avoir décidé de "sacrifier" des lignes interrégionales, "sous prétexte de non rentabilité" et en raison des "consignes gouvernementales" en faveur des alternatives ferroviaires sur les trajets courts.
L'adaptation du réseau d'Air France fait partie des leviers de la compagnie pour atteindre l'objectif de réduire ses émissions de CO2 de 50% sur ses vols domestiques au départ d'Orly et de région à région à horizon 2024 par rapport à 2019, dans le cadre des engagements pris auprès du gouvernement.
Ben Smith doit présenter à l'été une feuille de route pour son réseau intérieur alors qu'Air France a perdu 200 millions d'euros en 2019 sur ces liaisons, fortement affectées par la concurrence des lignes de train à grande vitesse.
Les lignes qui relient Orly à Bordeaux, Nantes et Lyon pourraient ainsi être concernées tout comme d'autres routes qui ne sont pas rentables, dont quelques liaisons transversales, selon une source proche du dossier qui précise que la réduction du réseau devrait être mise en oeuvre "d'ici fin 2021".
Transavia, la compagnie à bas coût d'Air France, "doit devenir la nouvelle compagnie du court-courrier d'Air France" et reprendre les vols de Hop! au départ d'Orly, affirme M. Rondel.
Mais Transavia "ne va pas reprendre toutes les lignes de Hop!, donc il y aura un abandon de certaines lignes", redoute-t-il. Il s'attend à une réduction de 40% des emplois chez Hop!, soit "environ 1.200 suppressions de postes" sur les 2.700 actuels, et à la possible fermeture de plusieurs sites, dont celui de Morlaix, chargé de la maintenance de la flotte Bombardier.
- "Crise massive" -
Pour Jean-Baptiste Djebbari, "quand on a une offre ferroviaire solide, les vols seront amenés à être supprimés et ne seront pas remplacés par des low cost".
"On a une crise qui est complètement massive et il y aura des conséquences, y compris sur l'emploi", a prévenu sur RTL le secrétaire d'Etat aux Transports, qui prédit cependant que les baisses d'effectifs se feront en priorité par des "départs anticipés" et des "non-remplacements de départs à la retraite".
La direction d'Air France va entamer jeudi des discussions avec les syndicats de pilotes d'Air France concernant le réseau court-courrier. Ils sont appelés à valider le transfert d'"environ 300 pilotes" vers Transavia, a indiqué à l'AFP Guillaume Schmid, du SNPL Air France.
Grégoire Aplincourt, du Spaf, dénonce une vision "à court terme" susceptible de "déstabiliser les clients", habitués à voler avec Air France.
Selon Vincent Salles, de la CGT, Air France pourrait annoncer en juin la suppression de "6.000 à 10.000 postes" au seinn de la compagnie, et les départs volontaires pourraient ne pas suffire.
sw-esp-mig-jmi/bfa/eb