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Après la première vague, la colère des soignants est toujours vive: "On doit faire plus d'actes pour avoir l'argent, donc on diminue la qualité"

La crise sanitaire a mis en lumière les conditions de travail parfois très dures du personnel médical. Ils organisent demain une grande manifestation à Bruxelles pour réclamer des avancées sociales dans ce secteur. Après la première vague de l'épidémie, dans quel état d'esprit sont les soignants aujourd'hui ? 

Au mois de mai dernier, les professionnels de la santé formaient une haie de déshonneur pour accueillir la première Ministre Sophie Wilmès. Une façon de dénoncer l'indifférence du gouvernement face à leurs conditions de travail. Aujourd'hui, ces mêmes soignants exigent plus de considération. Portant un masque siglé "l'austérité tue", Stephen O'Brien, médecin généraliste dénonce un manque de moyens : On n'investit pas massivement dans la première ligne. Si on prévient, ça va diminuer le nombre de maladies, diminuer le nombre d'hospitalisations. Pourtant, ce n'est vraiment pas le choix du gouvernement. Et ce n'est pas pour rien si Maggie De Block a fait un moratoire sur les maisons médicales il y a plus ou moins deux ans. Ce n'est pas un concept qu'elle considère important".

Plus d'actes, moins de qualité

Parmi les nombreux griefs : un sous-financement du secteur et une marchandisation des soins qui ne met pas l'accent sur l'humain comme dans le secteur de l'obstétrique par exemple. "Pour être financé, on doit faire des actes qui rapportent de l'argent à l'hôpital. Donc par exemple, ça pousse à augmenter des consultations prénatales, le nombre de consultations en raccourcissant la durée. Donc on diminue la qualité pour avoir plus de patientes qui viennent dans notre hôpital et donc avoir plus d' accouchements à la fin et pour enfin recevoir les sous qui vont correspondre à ses accouchements", expose Adèle Fège, sage-femme au CHU Saint-Pierre à Bruxelles.

Le gouvernement fédéral a annoncé, il y a quelques semaines, un budget de 600 millions d'euros pour le secteur. Ils ont pour objectifs une revalorisation salariale et une amélioration des conditions de travail. Ces mesures sont nécessaires mais pas suffisantes pour les professionnels de la santé : "Pour nous, c'est encore une promesse. Il faut qu'elle soit tenue et pour ça on doit maintenir la pression, faire cette manifestation pour que la promesse soit actée par le gouvernement qui sera mis en place. Et puis il y a beaucoup d'autres revendications qu'on porte : une autre façon de penser le système des soins de santé dans sa globalité".

La manifestation est organisée par le collectif "La santé en lutte". Elle débutera demain à 13 heures au Mont des arts dans le centre de Bruxelles.

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