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Après le grand débat, les grandes décisions ? A peine terminés son tour de France et sa centaine d'heures de discussions, Emmanuel Macron doit maintenant, et rapidement, trouver des solutions fortes pour répondre aux attentes multiples des Français.
"Chaque débat lui a donné des idées nouvelles. Mais il n'a rien tranché encore. Il va encore consulter. Mais à la fin, il décidera seul, et ce peut-être au dernier moment", résume un proche de l'exécutif.
L’Élysée a confirmé que le chef de l’État annoncerait des premières mesures à la mi-avril, probablement avant les fêtes de Pâques. Puis, selon son entourage, il pourrait égrener des décisions jusqu'à l'été, enjambant les élections européennes du 26 mai. L'exécutif veut éviter à tout prix que ce scrutin ne se transforme en référendum sur ses décisions.
Mais Emmanuel Macron n'a plus qu'une dizaine de jours pour les premiers arbitrages. Et il lui faut au moins une mesure "puissante", comme l'a promis Edouard Philippe mardi. Cette mesure, il ne l'a pas arrêtée, selon ses proches.
Pour l'instant, au fil de ses dizaines d'heures au micro, il n'a rien laissé filtré de ses grands choix, hormis sur des dossiers techniques.
Ni de solution miracle face à des Français qui réclament à la fois plus de services publics et moins d'impôts, en estimant avoir subi ces dernières années un matraquage fiscal, parallèlement à la disparition des services de l'Etat dans les territoires.
Emmanuel Macron s'est surtout attaché à défendre ses premières réformes et celles à venir, refusant par avance de se "renier" en y renonçant. Et ce, même devant les critiques réitérées des maires, par exemple contre la suppression des emplois aidés, même s'il a reconnu parfois des décisions trop rapides ou trop brutales.
- Tabous -
Il a également tracé des tabous, avec en tête de la liste le rétablissement de l'ISF. Jeudi en Corse, il a aussi écarté à nouveau toute hausse des droits de succession, "car notre pays de paysans et de commerçants est très attaché à la transmission du patrimoine".
Il s'est aussi bien gardé de se prononcer sur les suggestions lancées ces dernières semaines par plusieurs ministres, visiblement autorisés à exprimer publiquement leurs idées - à condition de ne pas dépasser certaines limites.
Ainsi n'a-t-il rien dit sur une réforme de l'impôt sur le revenu, avec peut-être la création de nouvelles tranches. Ni sur un allongement de la durée du travail pour un retraite à taux plein - ce qui de facto reculerait l'âge de départ - même s'il a donné un indice cette semaine en Bretagne en soulignant que les Français partaient en moyenne à peu près au même âge qu'en 1980.
Sur la réformes des aides sociales, qui pourraient être soumises à des contreparties en heures de travail, tout juste a-t-il relevé l'idée lancée par un maire du Nord.
En revanche, il a évoqué plusieurs pistes potentiellement majeures, mais moins concrètes. Comme une nouvelle étape de la décentralisation, avec davantage de compétences pour les collectivités "mais avec aussi davantage de responsabilités".
En parallèle, il souhaite une plus grande déconcentration de l’État central. Hormis la justice et l'armée, a-t-il dit, tous les services publics étatiques pourraient être regroupés sous une autorité unique locale. Autrement dit, davantage de pouvoir pour les préfets.
Il propose aussi, plus globalement, un "agenda rural" à décliner localement -- probablement un anglicisme pour une feuille de route. Donc, un plan pour la ruralité.
Jeudi soir, dans la dernière heure de son dernier grand débat, à Cozzano, fatigué mais heureux de boucler cet exploit physique de 16 débats en 80 jours, il n'a pu s'empêcher d'avoir un fou rire à la suggestion d'un maire de supprimer l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui a remplacé l'ISF.
"Je ne le sens pas! Certains y verraient un provocation", s'est-il esclaffé. Une boutade qui illustre combien tout reposera sur ses choix personnels.
Ce que l'opposition condamne d'avance, car les décisions vont être prises in fine par un président "seul et isolé à son bureau", selon le député LR Fabrice Brun.
D'ici là, la restitution de la synthèse des débats, lundi, et les discours d’Édouard Philippe devant le Parlement, mardi et mercredi, risquent de faire croître le sentiment d'impatience.